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Anne Marie Leroux par Roslin, 1787

Lundi 01 juin 2020

Le portrait d'une soyeuse conservée dans sa descendance



Alexandre ROSLIN (Malmö, 1718 - Paris, 1793)

Portrait d'Anne Marie Renée Leroux, 1787

Toile signée et datée en bas à gauche : "Le Chev. Roslin, / 1787".
Marque de l'entoileur au dos : A.Berville, rue de La Chaussée d'Antin. Au dos plusieurs étiquettes anciennes identifiant le modèle comme : "Anne Marie Renée Leroux de Broons, épouse de Henry Pierre Gouïn".

Haut. 74, Larg. 60 cm.
(restaurations anciennes).

Provenance : descendance du modèle, collection particulière, Poitiers.

Portrait on canvas of Anne Marie Renée Le Roux by Alexandre Roslin in 1787. Remained in the model's descendants.

Présentation par le cabinet Turquin

Alexandre Roslin est l'un des artistes suédois les plus en vue à Paris au XVIII° siècle. Né à Malmö, il suit sa première formation à Stockholm auprès de Georg Engelhard Schröder, portraitiste et peintre d'histoire ayant travaillé à la cour. L'élève surpasse rapidement le maître et part tenter sa chance à l'étranger. En 1745, nommé peintre de la cour du margrave Frédéric de Brandebourg-Culmbach, il débute un périple de sept ans qui le mènera à Paris.

Après trois années passées en Allemagne, il obtient une bourse et part faire son "Grand tour" en Italie. C'est probablement à Rome qu'il rencontre le marquis de Marigny, et quand Roslin arrive à Paris au printemps 1752, il y est attendu par les filles de Louis XV. La protection de son compatriote et collectionneur le comte Tessin facilite aussi ses débuts et sa réception à l'Académie royale dès 1753 avec les portraits des peintres Colin de Vermont et Jeaurat. Dès lors il exposera régulièrement au Salon, affirmant sa virtuosité à rendre la vérité de modèles qu'il met en scène dans leurs plus beaux atours et avec des objets qui évoquent leurs activités.

Le 8 janvier 1759, son union avec Suzanne Giroust conforte son insertion dans le milieu de la peinture et lui ouvre les portes de la bourgeoisie : pastelliste et portraitiste reçue à l'Académie en 1770, elle est fille d'un marchand mercier et bijoutier fortuné. Le 22 mars 1772, Roslin obtient le privilège de se voir attribuer le logement qu'occupait Louis Tocqué au Louvre. Quelques mois plus tard sa femme meurt et lui qui n'avait plus quitté Paris depuis son mariage prend un congé pour rentrer en Suède. Il n'y restera pas et après un séjour à Saint-Pétersbourg où il ne réalise pas moins de soixante-quinze portraits dont celui de Catherine II (1776), il rentre à Paris en passant par Varsovie et Vienne. Il expose de nouveau à Paris en 1779 où il présente les portraits des deux frères du roi et de sa soeur.

Quand il peint Anne Marie Leroux, Roslin a cessé de parcourir l'Europe. Il ne quitte plus la scène parisienne et la cour de France où il entretient sa réputation. Il affirme son succès en ajoutant à son nom le titre de "Chevalier" et opte pour une palette de couleurs plus restreinte et des fonds monochromes. Préservé de la tourmente révolutionnaire, il meurt dans son logement au Louvre le 5 juillet 1793, un mois avant la fermeture de l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture.

Issue d'une famille de financiers et soyeux tourangeaux, qui donna au XVIIe siècle un trésorier à la France et un maire à Tours, Anne Marie Renée Leroux quitte le château familial de La Plaine à Fondettes pour épouser en mai 1757 le négociant Henri Pierre Goüin (1732-1782), qui est à la tête de la " Maison Gouïn ", la plus ancienne maison de commerce et de banque de la ville de Tours. Sa veuve Anne Marie reprend la direction de la maison de négoce avec ses fils jusqu'en 1786. Elle pose donc pour Alexandre Roslin l'année suivante, avec un accessoire de mode incontournable à l'époque : un éventail dont la monture montre, sans ostentation, sa richesse. Elle décède en 1808, comptant dans sa descendance banquiers, maire de Tours ou collectionneurs et mécènes, dont le fondateur de la Société archéologique de Touraine.
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