Courriers de la guerre d’Indépendance américaine
Lundi 01 juin 2020
La lettre annonçant la victoire de Saratoga et des missives de corsaires
LA LETTRE DE LA BATAILLE DE SARATOGA, 1777
Rarissime lettre autographe signée de Richard BACHE (1737-1811), Second Postmaster General des États-Unis d’Amérique et gendre de Benjamin Franklin :« Quarters at Mr B. Fullers, near the 26 mile Stone on the North Wales road, and about ¾ mile from head quarters, Wednesday morning 15th october 1777
My dear girl Here we have been since monday noon ; how much longer we shall continue here, depends upon Mr Mease, who talk of going this afternoon. The army certainly more downwards this day, how far, I know not ; thirteen cannon are going to be fired, on account of the good news from the Northward, afterwhich I am informed, the army will immediately march ; Burgoyne is put to flight and we are pursuing of him ; after a service engagement on the 7th of this month, when we drove him from his lines, took upwards of 200 prisoners, besides 300 and add sick in the hospitals, 330 tents, and as many camp ketles boiling corn, a large quantity of baggage, nine pieces of brass cannon from six to twelve pounders, and found within the lines a greater number slain than were taking. General Gates dispatched two parties in the flanks of the enemy and two brigades in the near, which we hope will finish the great general Burgoyne army, and put an put an end to the campaign in that quarter. Our army here is in the highest spirits, and wish for another engagement, they will be gratified in a few days, and I hope their ardour will carry them into to Philadelphia. Nothing less is expected here (…) The generals Arnold and Lincoln were both wounded in the leg. Mr John Mease is perfectly well, it was not till yesterday that we had any certain account of him… »
Richard Bache, le « maître des postes » de l’armée continentale des Etats-Unis
Né en 1737 dans le Yorkshire en Angleterre, Richard Bache rejoint son frère aîné Théophylact à New York en 1760 en tant qu’associé dans une entreprise qui vend des marchandises non périssables et des assurances maritimes, principalement à destination des habitants de Terre-Neuve et des Antilles. En 1762, Richard s’installe à Philadalphie et travaille à la Mount Regale Fishing Company jusqu'à ce qu'il ouvre son propre magasin en 1766. L’année suivante, il connaît des problèmes financiers en raison de dettes qu’il a contractées et qui sont répudiées par son associé londonien, Edward Green. La même année, il demande en mariage Sarah Franklin (1743-1808), dite Sally, la fille unique de Benjamin Franklin. Ce dernier s’oppose dans un premier temps à cette alliance, étant donné les finances précaires de son futur gendre et les rumeurs selon lesquelles Bache serait considéré comme un chasseur de fortune. Le mariage est finalement célébré le 3 octobre 1767 et le couple aura huit enfants.
Membre du Comité sur les accords de non-importation en 1769, Bache ouvre en 1773 sa propre épicerie. En 1775, il intègre le Comité de correspondances de Philadelphie et surtout, grâce à son beau-père devenu le haut responsable des Postes des treize colonies révoltées (The first Postmaster General), devient son bras droit en tant que secrétaire et contrôleur (The Second Postmaster general).
Portrait de Richard Blache, huile sur toile, par John Hoppner (1758-1810),
(Christie’s, New-York, 8 juin 2011).
(Christie’s, New-York, 8 juin 2011).
Le 7 novembre 1776, Richard Bache remplace au poste de The First postmaster Benjamin Franklin envoyé en France en tant qu’ambassadeur auprès des cours royales européennes. Il occupe cette fonction jusqu’en janvier 1782. Il est également membre du Conseil de guerre de Pennsylvanie et président de la Société républicaine. Richard Bache devient ensuite directeur de la Robert Morris' Bank of North America, s’implique dans la Society for Political Inquiries de Benjamin Franklin et s’occupe de nombreuses affaires de la famille Franklin après la mort de son beau-père en 1790. Il meurt dans le comté de Berks, en Pennsylvanie, le 29 juillet 1811, à l'âge de 74 ans.
La campagne de Philadelphie (1777-1778)
Le 4 juillet 1776, le Second Continental Congress approuve la déclaration d’indépendance des treize colonies américaines vis-à-vis du roi Georges III de Grande-Bretagne. C’est la naissance des Etats-Unis d’Amérique. Toutefois, la guerre a démarré un an auparavant dans le Massachussets le 19 avril 1775 à Lexington. Elle se terminera le 3 septembre 1783 par le traité de Paris.
La campagne militaire de Philadelphie débute à la fin du mois d’août 1777, lorsque le général anglais Howe débarque quinze mille hommes à l'extrémité nord de la baie de Chesapeake, à environ quatre-vingt-dix kilomètres au sud-ouest de Philadelphie, le siège du Second Continental Congress. Le général Washington positionne onze mille hommes entre Howe et Philadelphie mais son armée est très vite débordée et repoussée lors de la bataille de Brandywine le 11 septembre 1777. Philadelphie étant menacée d’être capturée par les Anglais, le Second Continental Congress abandonne la ville, se déplaçant d'abord à Lancaster, puis à York en Pennsylvanie. Le 26 septembre, le général Howe contourne Washington et entre dans Philadelphie sans opposition. La capture de la capitale rebelle ne met pas fin à la rébellion comme le pensaient les Britanniques. Dans la guerre du 18ème siècle, il était normal que le camp qui avait capturé la capitale de la force adverse gagne la guerre. Mais cette guerre devait se poursuivre pendant six années supplémentaires (jusqu'en 1783), en raison des tactiques de guerre non conventionnelles des insurgés.
Après avoir pris la ville, les Britanniques installent une garnison d'environ neuf mille hommes à Germantown, à huit kilomètres au nord de Philadelphie. Washington attaque sans succès Germantown le 4 octobre, puis se retire pour surveiller et attendre que les Britanniques contre-attaquent. Débute alors une campagne militaire ponctuées d’escarmouches et de guerre de positionnement.
La campagne de Philadelphie marque un tournant dans la guerre d‘Indépendance malgré les revers des insurgés américains. Cette campagne clé mais négligée, se déroulant au cœur de la guerre et des colonies, éclipse toutes les autres en nombre de combattants impliqués, de batailles livrées et de pertes subies. Pour la première fois, les armées britanniques et américaines s’engagent au grand jour dans des conditions relativement égales. Bien que les Britanniques aient remporté toutes les grandes batailles, ils ne réussissent pas à écraser la rébellion. Washington s'impose comme le commandant des forces coloniales et se montre un stratège militaire astucieux. Continuant à se battre bien que subissant de lourdes pertes, les Américains font payer un lourd tribut à l’armée britannique, contribuant ainsi à convaincre la France d'entrer en guerre et de mettre les « tuniques rouges » sur la défensive.
Le quartier général de l’armée continentale installé à Towamencin (Pennsylvanie), du 8 au 16 octobre 1777
Quatre jours après la défaite de Germantown, George Washington ordonne d’installer son quartier général à Towamencin, à quelques kilomètres de Philadelphie, afin de soigner les blessés et prendre un peu de repos.
Richard Bache participe à cette campagne militaire, occupant la charge de Second Postmaster General au sein de l’armée continentale, conduite par le général George Washington. En l’absence de Benjamin Franklin envoyé en mission en Europe, Bache a notamment la charge de la communication des dépêches entre les différents corps d’armées des insurgés américains.
Ce mercredi matin 15 octobre 1777, Bache écrit sa lettre, installé dans la ferme de Benjamin Fuller, située à Towamencin, le long de la North Wales road, à trois-quart de mile du quartier général de George Washington basé dans la ferme de Frederick Wampole. Au repos dans cette ferme depuis trois jours, Bache est en attente des ordres du général John Mease (1746-1826), intendant de l’armée continentale, pour reprendre la route.
Une dépêche militaire arrivée ce matin-là apporte une nouvelle majeure, qui annonce un tournant décisif dans la campagne militaire.
La victoire de Saratoga (19 sept.-17 oct. 1777)
Reddition du général Burgoyne, le 17 octobre 1777, par John Trumbull (1756-1843),
huile sur toile disposée dans la rotonde du Capitole des Etats-Unis à Washington
huile sur toile disposée dans la rotonde du Capitole des Etats-Unis à Washington
Au cours de la guerre d'Indépendance des États-Unis, deux batailles étroitement liées eurent lieu à Saratoga les 19 septembre et 7 octobre 1777, qui sont souvent considérées comme le tournant de la guerre en faveur des Américains.
Quelque mois plus tôt, pendant l’été 1777, le général anglais John Burgoyne conduit une troupe de huit mille hommes vers le sud dans le but de rejoindre l’armée britannique du général Howe, en provenance des rives du fleuve saint Laurent. Burgoyne traverse l'Hudson et installe son camp près de Saratoga, dans l'État de New York. À six kilomètres de là se trouve le campement de l’armée continentale commandée par le général américain Horatio Gates, comptant douze mille hommes.
Le 19 septembre, Burgoyne fait marche vers le sud et engage un combat qui est connu comme la première bataille de Saratoga. Il ne parvient pas à percer les lignes du général Gates.
Le 7 octobre, il conduit mille cinq cents de ses hommes en reconnaissance, mais doit faire face à une farouche contre-attaque américaine menée par le général Benedict Arnold, affrontement qu'on appelle la seconde bataille de Saratoga. L'armée de Burgoyne se trouve alors réduite à cinq mille hommes et manque de vivres. Le 8 octobre, Burgoyne veut battre en retraite, mais Gates, qui a désormais vingt mille hommes, l'encercle. Le 17 octobre, Burgoyne capitule en acceptant les termes de la convention de Saratoga, qui prévoit que ses hommes repartent en Grande-Bretagne à condition qu'ils ne reviennent jamais servir en Amérique du Nord pendant la guerre.
MARCHANDS ET CORSAIRES « AMERICAINS » DANS LA GUERRE D’INDEPENDANCE, 1775-1784
- Trois lettres autographes manuscrites et signées par Daniel Roberdeau (1727-1795), marchand-corsaire, First brigadier-general dans l’armée continentale et membre du Congrès, copropriétaire du sloop Congress and Chance, premier navire de corsaire loué par le Congrès américain pour lutter contre la flotte britannique.« Amboy August 1st 1776
Gentlemen
Last evening captain Mr Elroy arrived here with the enclosed papers, this morning colonels Bayard and Dean were consulted and the result is that I should forward the papers to you, and desire that you would with hold from captain Adams any part or lot of prize money in any of the prize taken by Privateers Congress and Chance. As soon as government is established in our state, I hope it will be in our power to bring captain Adams to a strict account in the mean time I suppose he must be left to the remorse of a guilty consciance. Captain Mr Elroy had thoughts of proceeding to Philadelphia but we thought it an unnecessary needless expence...”
Au début de la guerre d'Indépendance, les colons n'avaient pas de marine et se tournaient vers les corsaires afin de poursuivre la guerre en mer. Parmi les premiers navires de guerre privés équipés par les colonies, le sloop Congress and Chance capture trois navires britanniques dans le détroit de Floride en mai 1776.
Né sur l’île de Saint Christophe aux Antilles en 1727, Daniel Roberdeau reçoit une éducation en Angleterre avant d’immigrer en Amérique et de s’installer avec une partie de sa famille à Philadelphie où il y termine ses études. Très jeune, il se lance dans le négoce et commerce principalement avec les Antilles en important du rhum, du vin et des produits des îles de la Jamaïque, la Barbade ou de Saint Christophe. Marchand prospère, il gravit peu à peu les échelons au sein de la communauté coloniale : il intègre la loge maçonnique Philadelphia Lodge, où il côtoie Benjamin Franklin, Alexander Hamilton et bien d’autres figures éminentes de la période prérévolutionnaire américaine ; occupe la fonction caritative de directeur de l’hôpital de Pennsylvanie de 1756 à 1758. Il est élu pour la première fois à l’Assemblée d’Etat de Pennsylvanie de 1756 à 1761, puis de 1766 à 1776. En mai 1776, l’État de Pennsylvanie hésite à entrer dans la Révolution américaine et à soutenir une probable déclaration d’indépendance. Roberdeau, orateur brillant et partisan de l’unification des colonies, use de son influence pour faire élire au sein du Congrès continental des délégués partisans de la Révolution.
Le 4 juillet 1776, Daniel Roberdeau est désigné comme général des troupes de Pennsylvanie, the First brigadier-general of Associators of Pennsylvania, précurseur de l’actuelle garde nationale. Avec sa brigade il rejoint le général Mercer à Amboy (New Jersey) pour défendre New York, menacée par les troupes britanniques. Durant cet été 1776, le célèbre journaliste Thomas Paine devient le secrétaire particulier du général Roberdeau. Ayant subi les défaites de Long Island le 27 août et de New York le 15 septembre 1776, Roberdeau est évacué du front au cours de l’automne étant tombé malade. Le 5 février 1777, il est élu membre du Second Congrès continental jusqu’en 1779 et est l’un des cosignataires des articles de la Confédération en 1778. Au lendemain de l’indépendance, il quitte définitivement Philadelphie pour finir sa vie à Winchester en Virginie auprès de sa fille. Il décède le 5 janvier 1795.
- Quinze lettres autographes signées et documents manuscrits de la famille Caldwell, des marchands-corsaires irlandais émigrés ou indépendantistes au service des colonies américaines rebelles.
Au début du XVIIIe siècle, le taux d'émigration des Irlandais vers l’Amérique est élevé, surtout parmi les protestants dissidents de la région : dès 1718, les grands oncles de James Caldwell émigrent de Ballymoney au New Hampshire, à l’instar de William et Andrew Caldwell.
William Caldwell, à la fin des années 1740, est un marchand prospère de la ville de Londonderry, partenaire de la firme Gregg, Vance & Caldwell ; entre 1748 et 1768, il est copropriétaire d'au moins seize navires qui transportent du textile irlandais, des provisions et des émigrants à Philadelphie en échange de graines de lin, de farine et du bois.
Entre 1749 et 1764, Andrew Caldwell (1734-1808) est le capitaine d'au moins trois des navires de William Caldwell. À la fin des années 1750, Andrew est résident permanent à Philadelphie en tant que marchand de navires. En 1767, Andrew Caldwell est suffisamment prospère pour acheter des parts dans les navires de William Caldwell. Jusqu’en 1775, il devient soit copropriétaire, soit, de plus en plus, propriétaire unique d'au moins quatorze navires. Il développe ses activités commerciales de contrebande, la spéculation foncière coloniale, et le commerce des provisions et du vin avec les Antilles et l'Europe du Sud. En 1769, il est clairement l'un des membres les plus prospères de ce groupe croissant de marchands anglicans et presbytériens relativement jeunes qui sont affiliés au parti des Propriétaires et qui, dans les années 1760 et au début des années 1770, contestent avec agressivité les « Friends » britanniques pour obtenir une domination économique et politique. Le réseau social et politique d'Andrew Caldwell est principalement composé de marchands d'origine ou de descendance anglaise, tels que Robert Morris et Thomas Willing.
Cependant, il comprend aussi de nombreux commerçants irlandais tels que Samuel Caldwell et John Mitchell (respectivement cousin et gendre d'Andrew Caldwell), James Mease (partenaire commercial de Samuel Caldwell), et son frère John Mease.
Portrait d’Andrew Caldwell, huile sur toile, par CharlesWillson Peale
(Doyle Auction, New York, 18 novembre 2010)
(Doyle Auction, New York, 18 novembre 2010)
Les Caldwell et leurs alliés, unis par des ressentiments irlandais partagés, jouent tous un rôle important dans les manifestations de Philadelphie contre les politiques coloniales britanniques. Par exemple, en 1765 et en 1769, Andrew et Samuel Caldwell signent les accords de non-importation pour protester contre le Stamp Act et les Townshend Acts.
James Caldwell est né vers 1745, probablement dans la paroisse de Ballymoney en Irlande, fils cadet de Florence Ball (morte en 1768), fille du ministre presbytérien de Ballymoney, et de John Caldwell (mort en 1755), blanchisseur de linge, meunier et locataire principal prospère dans le comté d'Antrim. Il est un neveu d’Andrew Caldwell.
Au lendemain du décès de leur mère en 1769, John (1742-1803), le frère aîné de James Caldwell, hérite du domaine familial, tandis que James émigre à Philadelphie pour y rejoindre des parents qui sont bien établis dans le commerce entre l'Ulster et les États-Unis, depuis près de deux décennies.
Arrivé dans la capitale de Pennsylvanie en 1769, sans doute à l'invitation de son oncle Andrew, James Caldwell s’intègre rapidement à ce réseau d'élites irlandais. Il devient le partenaire commercial de son oncle et copropriétaire en 1771-1773 d'au moins deux des navires d'Andrew Caldwell. En 1769-1770, il aide à orchestrer une manifestation brutale par les marins et les dockers, contre les agents des douanes qui ont tenté de restreindre la contrebande de vin des Caldwell Activities. Au début des années 1770, James Caldwell rejoint la Hibernia Fire Company et la Gloucester Fox Hunt, et il devient membre des Friendly Sons of Saint Patrick. Enfin, le 21 septembre 1772, il épouse Sarah (Sally) Mitchell, la sœur de John Mitchell et la belle-fille de son oncle.
Les noms des vaisseaux corsaires d’Andrew reflètent son aspiration politique à l’indépendance : The Liberty, The Independent Whig, The Pennsylvania Farmer. En novembre 1774, Andrew Caldwell organise la première troupe de cavalerie légère de Philadelphie et, en août 1775, il est élu membre du deuxième comité d’observation de Philadelphie, afin de faire respecter l’interdiction du commerce avec le Royaume-Uni.
Le 13 janvier 1776, Andrew Caldwell est nommé commodore de la marine de l’état de Pennsylvanie. Le 6 mai 1776, il s’engage dans la bataille de deux navires de guerre britanniques dans la rivière Delaware. Par la suite, il intègre l’état-major du général George Washington. En décembre 1776 et janvier 1777 lors des campagnes américaines à Trenton et Princeton, James Caldwell sert dans la First City Troop ; le 30 décembre, lui et cinq autres volontaires (dont Samuel Caldwell) ont capturé 12 soldats britanniques.
Cependant, la principale activité des Caldwell demeure la contrebande et le commerce. Grâce à leurs relations étroites avec Robert Morris, l’assistant financier du Congrès, James et Andrew Caldwell construisent des fortunes considérables – tout comme d’autres marchands irlandais – grâce à des corsaires, des spéculations sur les produits de base et les obligations, des achats de propriétés loyalistes confisquées et, surtout, par le biais de contrats de vente des denrées alimentaires, des vêtements et des fournitures militaires, aux gouvernements américain et de Pennsylvanie.
Le 6 septembre 1783, James Caldwell décède, six jours avant la naissance de son quatrième enfant.
Source : Irish Immigrants in the Land of Canaan : Letters and Memoirs from Colonial and Revolutionary America, 1675-1815, édité en 2002.
« Pil 20 august 1775
Dear sir I left London the 13 and I suppose Mr Cay got there the same day, am now waiting a fair wind for Cork, but fear I must leave this tomorrow in quest of a passage someother way, the vessel I entend going by has been detaind these three weeks wind bound and it now looks for standing as much as ever. I must be at Cork the 31 at farthest which makes it rather more uncomfortable to meet this delay. I have desired J: Mitchell to look out for a purchase for the ship, if her value cannot be obtained, and no good employ can be had for her from London. I think of taking in what goods may offer for Derry and proceed from Thence to Dominica where I hope and expect to meet a letter from you giving your sentiments about the propriaty of sending her to the Bay to load Mehoganey and Logwood [logwood and mahogany]. I could let her on charter to load there for London at 55 ? but its a place (the bay) I would not wish to send her to if any other employ can possibly be obtained for her, I think you would do well to write me immediately to Dominica what you would have me to do, in case I shall be oblidged to go there. I have desired Jack Mitchell to enquire of Mr Alexander and Fletcher has accepted your draft on them and if he find they have refused it, to accept it himself payment at Mr Smills and get so much of the ships freight as will discharge it, he will write you himself about it from London. Jack wrote you about the freight offerd forboth ships, to be put immediatey intopay at 10 and month, the voyage is to stade to take in in Hanoverian troops and carrey them to Minorca and Majorca to releive the Garrisons there and bring the English troops to some part of England or Ireland, and the ship to be discharged at Deptford. The broker offerd to enter into army engagement not to employ the ships on army american service, birt on thinking ot the matter and consulting some of our friends we thought it not prudent to accept of it, for the we might reconsile it to ourselves as being on no American service direct yet it is certainly an indirect service and might be construd much to our disadvantage on your side the water we therefore hope to meet your approbation in this matter, will knowing your sentiments about the present dispute with great britain. I hope soon to have the pleasure of hearing from you again I shall take every oppertunity of advising you how I go on. I am much surprized to find the ship dont carrey more wheat if you had not been at New York at the time she saild I could not think she was fully loaded, but I suppose you in that matter was in it should be… »
« Bedford 15 november 1777
Dear Sir I wrote you from Hartford on my way here which I hope you received, I got here on thursday morning ansd a msierable place it is after keeping my horse at a fence two thirds of the day and seaching the town allow for a place to put him, was oblidged to send him nine miles out of town with some ohters that was in the same situation. I found captain Parkison in bed not being will for some days past, almost all his hands discharged. I have been ever since endeavouring to get her hawled in to the wharf but as yet without effect, Its will great difficulty a man can be got to do a days work, but am inhopes a few days will make them more plenty as there is severall prize vessells now almost out and I expect to get the hands employed at them. Am greatly at a loss what to do will the brig when discharged. I fear she dont sail fast enough for a privateer and there is no sort of a cargo to be procured here, if it is any way possible to procure sailors I think it would be best to send her tound to Virginia however I dont think I shall determine on any thing for her until I see you of you and Mr Mc Clenachar determine on any thing before. I return write Mr Jervis and give him the orders. from some matters I have heard dont think Parkison will do very will to go in the brig again, however he says his health wont permit his going soon to sea at any tate. I shall return as soon as possible as extravegantly dear that there can be nothing done to advantage that way. Tell sally I shall see her soon as possible and am very well. Suppose you have heard of the Syren frigate getting on shore at Point Judah, all the crew are brought prisoners to Providence the guns and materials will be all saved, there was a transport ship and shomer ran a shore at sametime. I send this to Boston by Mr Moore to be put in the post office… »
La Siren (ou Syren) était une frégate de 28 canons de la classe Enterprise-6e de la Royal Navy. Elle a participé à la bataille des bateaux de riz les 2 et 3 mars 1776 à la frontière entre la province de Géorgie et la province de Caroline du Sud et à la bataille de l'île de Sullivan le 28 juin 1776 à Charleston, en Caroline du Sud. La Siren, qui escortait un convoi par mauvaise visibilité, s'est échouée vers 6 heures du matin le 6 novembre 1777 près de Point Judith, avec deux autres navires. Des efforts sont faits pour la ramener au large, mais les forces américaines à terre font remonter l'artillerie de campagne et empêchent les opérations de sauvetage. La Siren fut abandonnée aux insurgés américains.
« Bedford 17 november 1777
Dear sir this day we made a beginning in the discharge of the brig but it snowes very hard and fear we can get but little done, I will get the goods that is sold, off my hands as specialy as possible and hope soon to tell you they are all delivred. I believe I could get a cargo of flawseed picked up here in some time but at the least it would be two dollars and bushell and I really think the value of such a cargo when arrived in France would be so trifeling it would not be work tesquing such a vessell will it. I think it would therefore be best to run her round to synapuxon or North carolina to procure a cargo of tobacco, and am in some thought of leaving her in the hands of Mr Jarvis to get filled out and sent round there, perhaps I may be able to pick up a man soon, thats fil to go master of her.
Parkison dont seem to think of going again nor do I like him if he even should. We have this day an alarm by express from Boston that the enemy have a design of makeing a stroke at this place from Rhode Island and that some troops ware actually embarked for that purpose, this is really a very defencely place and cannot see any thing to prevent them if they design it but if it should be the care it is impossible to move any thing out of the way or even get the brig of. The colonel Alum Topperass shall be put into store as they come to hand. Tell sally I am well ; my love to her and all the test of the good family. Suppose you have heard of the grand expedition under general Spencer who will upwards of ten thousand men paraded on the shore opposite Rhode Island near three weeks and after haveing every thing ready for going on the Island thad some of the men actually embarked dismissed the whole army without attempting any thing farther… »
« London 5th feb. 1777
they have not as yet been to discover anything conserning his business if its for the interet of the cause he is undoubtedly will received by the nobiless of paris in france and spain they continue their preparations for war and at this time have a very powerfull fleet. Portugal is likewise busty augmenting her army putting he frontier garnisons in a portier of defense as the she feard an attack by land. The press continues here very brick and the ministry seem prepairing for the worster and the people in general here seem much enrayed at the declaration of independency and the loss of so many of the North India fleet the loss of which has effuted several capital west india houses one ... Singord and Jackson has hoped for the moderate seem of 800 000 pounds this has hurt many others among which is Sir G. Colbrook once more and it is said many more must stop in lory. Mr Mease is in france what doing cant say as I have not heard from him why did you not lookout for the R. Penn when going to Halifax he would have been valuable. The Hibernia was disposed of for 1650 pounds and the bill sale given by J. Tidle would do nothing but thro it and nor could I help it as held the necessary papers. He made a 1000 pounds freights of which little will be left after paying J. T. and the insurance some as captain M. C. charges against ship and owners is 550 pounds freights I cant inform you of the particulars as I have seen him for theen two months part the I have sent note after vote for im to come to me. As I could not employ the money as you wished when I am you... »
« Ballymoney 6th march 1783
I embrace this conveyance from Belfast of again addressing you and to repeat again the pleasure I have in the uninterrupted opportunily of doing it. Seeing then that the direful obstructions which prevented for so long a time our espitolary as well as commercial intercourses are now no more ; let us my Dear brother who are the only active living remains of a numerous family, communicate with one another as frequently as we can by letter, since it is our lot to be seperated and at such distance from each other as to prevent our personal exchange of good offices and wholesome advice. The virtuous associations of my bretheren volunteers of Ireland has been productive of the most happy consequences, not only in protecting this kingdom from foreign invasion (which but for that, there was every reason to apprehend) and preserveing internal peace, but it has had the happiest tendency to being about the political salvation of it. To their glorious effort, it is to be chaffy attributed that we have retreived our original right of legislation ; subjected nor to no controul nor arrogance of supremacy of any other legislative body, our king of Ireland with the lords and commons of it, are the only competant body under which our law can derive or exist. Hence it is that we have same freedom of trade to all the world as great britain and of consequence various new manufactures have been set on foot in the cotton and hardware way. Our linens have the same bounties on export as they receive in england, our fishiries if under proper regulation and property attended to are a very great source of wealth ; agriculture is improven, and I hope will still be more encourged by granting longer tenures. In short Ireland will in a little time wear a new face if proper measures are taken to attach her sons to stay at home and exert their industry in their native soil, but with all these inducing prospects, I fear America will in a little tima have too many inducements to attract our people. (the riches of a manufacturing country) ; to remove to it from the desciription I have given of my own situation you will be apt not to say, why dont you remove among the first. In reply I will not say that my inclination is quite so strong for removing thother as some time ago. Why so. Have we not you say obtained by the articles of peace every thing we fought for. I say so too, and more ; witness Canada ? And I rejoice at it... But I think I see Ireland's rising greatness also. I see I cannot get some part of my property disposed of as I could wish, and I cannot with honnour or credit to myself get it effected, and have any thing wherewithat to make any sort of eligeible settlement in a foreign country surrounded by so numerous a family... Beside I think the opening intercourse of trade between america and ireland, will give you an opportunity of puting something my may, and of giving me an opportunity in return of serving you in these parts.
The want of means, and of an established credit in London may obstruct both our operations, but as I said before, time, that worketh wonders, may remove this difficulty, and I shall wait its effects in Ireland unless something unexpectedly favorable comes my way on something as unexpectedly desastrous, induce me to a contrary determination. My son John is the greatest object of my care at present, to get him property fixed ; and I cannot determine what to do with him until I hear from you. He is present in Derry delivering a small cargo of herrings I sold there for exportation. I know not if it might answer any of your vessells that possibly might come this way with flaxseed (if that trade returns on the old channel to your parts) early in the winter, to take in a load of herrings for the west indies and thence load homewards to you. Possibly you might digest some plan of this sort that might be mutualy serviceible. Vessells under one hundred tons burthen are intitled to twenty shillings a ton bounty if they get on the fishing ground provided the vessels be Irish property. And this also may be evaded by another register. All irish vessells no matter how large are intitled to this bounty tho none can draw above one hundred pounds. If you thought the pursueing of the scheme of this sort eligeible and that a vessell could be here early next winter. I could have barrels and every thing ready to give her dispatcher loading… »