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Naissance de l'art moderne

Jeudi 23 avril 2020

extrait de "Adjugé ! La Saga des Rouillac"
par Aymeric Rouillac


"Ambroise Vollard fut précisément le marchand des plus grands artistes. Nombre de nos plus beaux records, comme les Voiles à Chatou, étaient passés par ses mains. Fidèle en amitié et sûr de son jugement, il encourage peintres et sculpteurs, comme Aristide Maillol dont la Baigneuse au bras levé provenait de son fonds (cat. 184). Éditeur, Vollard finance la réalisation de coûteuses gravures et de livres précieux, comme les Fêtes galantes de Verlaine illustrées par Laprade (cat.190). Autre coup de génie, Vollard organise en 1901 la première exposition d’un Espagnol de 19 ans, tout juste débarqué à Paris pour l’Exposition universelle : Pablo Picasso."

Impressionné par la découverte de l’art roman catalan, Picasso brise les règles de la perspective héritées de la Renaissance. Pour donner à voir trois dimensions sur une toile en deux dimensions, le peintre décide désormais de juxtaposer différentes parties d’un tout que le cerveau réassortit. Vauxcelles, encore lui, se moque d’un paysage de Braque dont les maisons ressemblent à des « petits cubes »... Le cubisme est né ! Picasso et Braque travaillent à quatre mains pendant plusieurs années, explorant avec enthousiasme ce nouveau paradigme à travers la peinture, le dessin et les papiers découpés. Ils en comprennent les limites lorsque leurs œuvres deviennent illisibles : pas question pour eux d’inventer l’abstraction !

Les deux artistes puiseront ensuite séparément tout au long de leur vie dans cette période féconde. Ainsi la suite des Portraits imaginaires de Picasso est un tribut à tout son art (cat. 188). De même le spectaculaire Oiseau et étoile de Braque renoue avec le geste des papiers découpés et des motifs assemblés à un demi-siècle de distance (cat. 191). L’immense André Malraux que mon père servit les dernières années de sa vie parlait ainsi de ce géant : « Dans son atelier qui n’avait connu d’autre passion que la peinture, la gloire était entrée mais s’était assise à l’écart, sans déranger une couleur, une ligne, ni même un meuble. Silencieuse et immobile comme les oiseaux blancs qui depuis sa vieillesse avaient apparu sur ses toiles. Il était devenu l’un des plus grands peintres du siècle. »

extrait de "Adjugé ! La Saga des Rouillac"
240 pages, 450 photos, 39 € aux éditions Monelle Hayot.

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