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Une chapelle du XIXe siècle à vendre et «à emporter»

Vendredi 19 janvier 2018

Le Figaro, Julie Ruiz

Le petit édifice n'est ni classé, ni inscrit à l'inventaire des monuments historiques . Rouillac

ENCHÈRES - Les ruines de l'édifice construit en 1890 dans le Loir-et-Cher sont proposées aux enchères lundi. Mise à prix : 5000 euros. Mais le potentiel acheteur devra déplacer son futur bien et le restaurer ailleurs.

Une chapelle néo-gothique du XIXe siècle en ruines sera vendue aux enchères le 22 janvier en France, avec une condition insolite : l'acheteur devra "emporter" la chapelle.

Une chapelle construite en 1890 près de Vendôme, dans le Loir-et-Cher, va être vendue aux enchères lundi. Mais l'acheteur aura l'obligation de venir récupérer son lot et de l'installer ailleurs. La mise à prix pour la chapelle et ses éléments décoratifs s'élève à 5000 euros. C'est «une première en France», assure Philippe Rouillac, commissaire-priseur chargé du marché.

Cette vente un peu insolite vise en fait à sauver le bâtiment. En effet, pour le propriétaire du domaine de Moncé, le sexologue Jacques Waynberg, la restauration de cette chapelle serait «bien trop onéreuse». D'autant que l'édifice pose des problèmes de sécurité pour les stagiaires qu'il reçoit dans son institut. Pour le propriétaire toutefois, impossible de se résoudre à une démolition. C'est pourquoi il a confié la vente à la maison Rouillac pour opérer un transfert, puis une restauration. «La vente se fera “en un seul coup de marteau”, il est hors de question de dépecer l'édifice. C'est un “don d'organe”, il faut sauver cette chapelle», explique le commissaire-priseur.

Très Viollet-le-Duc

L'édifice a été bâti par Guy de Lavau qui a restauré le château de Moncé et a fait construire cette chapelle dédiée à Saint Michel «dans le plus pur style néogothique». «C'est très Viollet-le-Duc», estime Philippe Rouillac. Depuis longtemps à l'abandon, elle avait souffert de la grande tempête de décembre 1999 qui lui a emporté la majeure partie de sa toiture. Des travaux de restauration maladroits ont fait tomber le clocher.

La restauration de la petite chapelle sera donc une entreprise de taille. Pour le commissaire-priseur entre le transfert et la reconstitution cela coûtera «plusieurs centaines de milliers d'euros» à l'acquéreur . «Des professionnels sont déjà sur place pour mesurer l'ampleur des travaux, explique-t-il, mais cela dépend aussi de l'acheteur et du maître d'œuvre qu'il choisit, nous aurons une estimation pour le jour de la vente.» Pourtant cela ne semble pas entamer l'enthousiasme des passionnés: «nous avons déjà plusieurs personnes qui se sont montrées intéressées», annonce le commissaire-priseur.

Le petit édifice n'est ni classé, ni inscrit à l'inventaire des monuments historiques ce qui rend la vente et le déplacement possible. Au grand dam d'André Fleury, président de Résurgence, l'association locale de sauvegarde de patrimoine. «Nous nous sommes nous-même penchés sur cet édifice, mais une restauration complète était hors de nos moyens, c'est avec émotion que nous la voyons quitter la région, mais nous espérons de tout cœur que la vente se fasse afin que le bâtiment puisse être sauvegardé», assure-t-il.
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