FR
EN

Que sont devenus les cadeaux de l’impératrice ?

Mercredi 08 avril 2020

extrait de "Adjugé  ! La Saga des Rouillac"
par Aymeric Rouillac,


"(...) Mais l’impératrice Joséphine ne donne pas d’héritier à la couronne, anéantissant les rêves dynastiques. Le mariage est donc annulé, et l’empereur choisit dans le « cheptel » des Habsbourg, comme Louis XVI avant lui, une princesse autri- chienne pour porter les espoirs de son sang. Marie-Louise devient impératrice en épousant Napoléon en avril 1810. Trois journées de réception se succèdent, au cours desquelles des cadeaux sont offerts au nouveau couple. La ville de Paris commande à l’orfèvre Odiot et au bronzier Thomire un spectaculaire mobilier de toilette en vermeil, nacre et lapis-lazuli. Le décor du miroir, ou psyché, mélange les allégories de l’Égypte antique et de la ville de Paris, avec de délicats ornements féminins. De part et d’autre des aigles impériales française et autrichienne, Napoléon est représenté en Mars aux côtés de Marie-Louise en Vénus. La réussite est totale. Fondu en 1832 sur ordre de Marie-Louise, il ne reste de ce mobilier qu’un spectaculaire dessin vendu à Cheverny en 2008, qui a depuis rejoint la collection du comte Charles- André Colonna Walewski, descendant naturel direct de l’empereur (cat. 114).

Lorsque moins d’un an plus tard le canon retentit devant le palais des Tuileries, les Parisiens comptent attentivement le nombre de coups: vingt-et-un pour une fille, cent un pour un garçon. Joie à travers la France : c’est un garçon qui est titré roi de Rome et dont le baptême réunit sept mille deux cents invités. Pour remercier sa fidèle lingère Madame Minette, qui avait fourni le trousseau de son fils, l’impératrice lui offre une délicate montre de col en or, émail, perles et diamant, qui restera dans sa descendance sur les bords de la Loire (cat. 115). Réalisée par l’horloger Nitot, dont le fonds devient celui de Chaumet, cette montre est monogrammée du chiffre « ML » sous la tiare impériale et orné d’une abeille. L’abeille est en effet devenue le symbole du nouveau régime, inspirée des bijoux mérovingiens retrouvés dans la tombe de Childéric, assurant ainsi une filiation de quatorze siècles entre le père de Clovis et Napoléon !

Las, les campagnes militaires se succèdent au rythme effréné des revirements diplomatiques : les alliés du jour deviennent les ennemis du lendemain. La grande armée parcourt d’un bout à l’autre le Vieux Continent, dans une marche forcée saignant cruellement la nation. Les défaites militaires contraignent l’aigle à se retirer sur l’île d’Elbe, dont il revient pour régner cent jours, jusqu’au désastre de Waterloo en juin 1815 puis l’exil et la mort à Sainte-Hélène. Exfiltré au pays maternel avec sa mère, évitant qu’une princesse autrichienne ne soit une fois de plus livrée en vic- time expiatoire au sentiment national français, le roi de Rome finit tristement sa vie d’archiduc autrichien à l’âge de 21 ans, alors que son père rêvait pour son aiglon de régner sur l’Europe."

"Adjugé ! La saga des Rouillac"
240 pages, 450 photos, 39 € aux éditions Monelle Hayot

Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :