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Portrait-souvenir par Alexandre Iacovleff

Vendredi 08 juin 2007

La Gazette Drouot, Caroline Legrand

Alexandre Iacovleff (1887-1938), Sorcière Tho de Cao Bang, haut Tonkin, huile sur toile, datée 1932, 89 x 146 cm. Mise à prix : 10 000 €.
Alexandre Iacovleff (1887-1938), Sorcière Tho de Cao Bang, haut Tonkin, huile sur toile, datée 1932, 89 x 146 cm. Mise à prix : 10 000 €.

Le peintre russe Alexandre Iacovleff jouera les invités d’honneurs lors de la prochaine vaca- tion à Cheverny. À cette occasion sera présenté un rare ensemble d’une cinquantaine d’œuvres, provenant de la collection particulière de Victor Tanguy. Ce pilote de chasse de l’armée de l’air, décédé en 1997, participé au débarquement de 1944 et fut promu général en 1965. Il se prend de passion pour la peinture après sa rencontre avec Magritte à l’École de guerre. Une autre rencontre, avec la veuve du peintre Pierre Grimm, le conduit à s’intéresser plus particulièrement à la peinture russe. Après Boris Pastoukhoff, Iacovleff retient toute l’attention de Tanguy. Il s’adresse directe- ment à la sœur de l’artiste, Alexandra, son exécu- trice testamentaire, pour acquérir plusieurs de ses œuvres. Sortis de l’atelier du peintre, ces dessins à la sanguine, ces aquarelles, ces temperas sur carton et ces huiles sont présentés tels quels, souvent sans cadre, comme exposés pour la première fois aux yeux du monde. On comprend aisément l’attrait de Victor Tanguy pour le peintre : leur goût commun pour l’aventure et le voyage. Iacovleff, fils d’un offi- cier de marine, né à Saint-Pétersbourg, acquit très vite cette passion. Sa formation débute aux Beaux- Arts en 1905. Il fréquente l’atelier de Dimitri Kardovski puis celui de Kiplik, qui lui enseignent l’art de la tempera et du dessin, mais aussi celui du décor de théâtre. Grâce à une bourse obtenue en 1913, le jeune peintre effectue un voyage en Italie et en Espagne, où il découvre des artistes comme Piero della Francesca et le Greco – dont le dessin précis et sinueux l’influencera. Quatre ans plus tard, une nouvelle bourse est accordée à Iacovleff par l’académie. Destination la Chine, la Mongolie et le Japon. Un changement s’opère alors : l’artiste choisit de partager la vie de ses modèles et fait de sa peinture un témoignage ethnographique. Il commence à utiliser un cachet-signature : « Ya Kou Lo Fou », la transcription de son nom en chinois, qui signifie également « le Maître des images ». Iacovleff ne rentrera pas en Russie. Au début de 1920, il arrive à Paris et expose à la galerie Barbazanges ses œuvres de voyages. Les critiques lui apportent de nouveaux clients ; il réalise ainsi des portraits de personnalités célèbres, comme Henri de Rothschild. Son travail attire aussi l’at- tention de Georges Haardt et d’André Citroën. Ce dernier lui propose, lors d’un dîner chez Maxim’s en 1923, de se joindre à la croisière noire. Cette mission promotionnelle et philanthropique traverse, de 1924 à 1925, l’Afrique du nord au sud. Avant de s’engager pour la croisière jaune, en 1931-1932, sur la route de la Soie du Liban à Pékin, le peintre séjourne à Capri, qu’il apprécie pour ses groupes de pêcheurs. Les œuvres présentées à la vente sont pour l’essentiel des souvenirs de l’île et de la croi- sière jaune. Notre toile décrit de façon vivante et colorée les pratiques religieuses de Cao Bang, où Iacovleff fit une halte sur le chemin de retour de la croisière jaune. La singularité du travail du peintre tient à son attachement à ses modèles, quel que soit leur rang social – il inscrira le plus souvent leur nom sous les peintures. S’identifiant aux peuples et aux individus, l’artiste s’est évertué à étudier leurs particularités afin de mieux détecter leur caractère universel.

Cheverny, lundi 11 juin.
Ventes aux enchères Vendôme Cheverny Paris SVV.
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