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Le drôle de " bar à papa " avait appartenu à Mazarin

Mardi 14 mai 2013 à 00h

La Nouvelle République, Jean-Louis Boissoneau

Un meuble d'exception vedette de la prochaine vente de prestige à Cheverny.
Un meuble d'exception vedette de la prochaine vente de prestige à Cheverny.

Ce sera la vedette des enchères à Cheverny : un coffre laqué japonais, considéré comme l’un des plus beaux meubles du monde. Et retrouvé par Rouillac !

Combien pour ce coffre laqué japonais ? Au minimum 200.000 € Ce sera le montant de sa mise à prix. Mais au vu de l'intérêt mondial que suscite le lot vedette de la prochaine vente aux enchères de Cheverny, nul ne se risque à émettre un pronostic sur le chiffre de l'adjudication. « Il n'existe aucun élément de référence pour étayer une expertise » soulignent Aymeric et Philippe Rouillac. « L'objet est unique. Son origine prestigieuse. Sa valeur artistique inestimable ».

Depuis 1970, le meuble servait de bar à un ex-ingénieur pétrolier retiré en Val de Loire, qui l'avait acheté à son propriétaire londonien pour une bouchée de pain. Le « bar à papa » fut un sujet de plaisanterie pour les enfants jusqu'au jour où Philippe Rouillac, de passage dans la maison, y jeta un oeil intéressé. L'enquête quasi policière conduite par son fils Aymeric devait bientôt révéler le pot-aux-roses : le meuble provenait de la collection privée du cardinal de Mazarin (l'homme le plus fortuné de son temps). Il faisait partie d'une commande passée en 1640 aux ateliers impériaux du Japon par la Compagnie hollandaise des Indes et vendue aux enchères à Amsterdam quelques années plus tard. Des quatre coffres achetés par le cardinal, et figurant à sa succession, deux ont été dépecés par la suite pour réutiliser les décors. Un troisième figure dans les collections du Victoria et Albert Muséum à Londres. Quant au quatrième, le plus imposant, il est passé entre les mains de plusieurs propriétaires, héritiers de Mazarin, puis collectionneurs anglais, avant que sa trace ne se perde lors d'une vente aux enchères en 1941, au coeur de la bataille d'Angleterre. Les recherches du commissaire-priseur ont permis d'identifier avec certitude le « bar à papa » comme le coffre disparu à cette époque et de reconstituer son itinéraire.

Chef-d'oeuvre du genre

Au-delà des pérégrinations qui ont marqué son histoire, le coffre japonais, qualifié de « plus grand objet de laque connu aujourd'hui au monde », se présente comme un chef d'oeuvre du genre. Réalisé en bois de cèdre, il comporte sur chaque panneau des décors à la poudre d'or, avec incrustations de nacre et clous d'argent. Les sujets représentés, inspirés du « Dit du Genji », un roman du XIe siècle, racontent la vie de cour d'un prince impérial. L'élégance et la finesse des dessins, qui comportent des détails invisibles à l’œil nu, auront de quoi susciter la convoitise des amateurs. Rendez-vous à Cheverny le dimanche 9 juin. Avec un carnet de chèques à toute épreuve !
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