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Les fauves de René Clément aux enchères

Jeudi 19 mars 2020

Le Figaro, Valérie Sasportas

Par Valérie Sasportas

Le réalisateur de Jeux interdits collectionnait Derain, Van Dongen. Treize toiles vont être mises en vente à Cheverny.

La palette de René Clément ne comptait pas que des films, mais aussi des tableaux. Découvrez la collection du célèbre réalisateur dont treize toiles seront mises en vente à Cheverny.

La palette de René Clément ne comptait pas que des films, mais aussi des tableaux. Le réalisateur de Jeux interdits et de Paris brûle-t-il?, mort en 1996 à l'âge de 83 ans, était collectionneur et même peintre à ses heures. Une passion qui commença au début du Festival de Cannes, à une époque (de 1946 à 1954) où les lauréats ne se voyaient pas décerner de palme mais un diplôme et l'œuvre d'un artiste contemporain. René Clément fut l'un des premiers lauréats du festival. Récompensé par le prix international du jury pour La Bataille du rail en 1946, il choisit, parmi d'autres toiles, d'emporter un tableau d'Albert Marquet, Le Port de Marseille et Notre-Dame-de-la-Garde. Cette œuvre sera le déclic d'une collection de peinture que Clément achètera durant vingt ans, entre les années 1950 et 1970, avec une prédilection pour les fauves. Or, treize de ces tableaux modernes vont être soumis aux enchères dimanche 10 juin, sous le marteau d'Aymeric Rouillac, au château de Cheverny (Loire-et-Cher).

Derain, Vlaminck, Van Dongen, mais aussi Renoir, Dufy, le Douanier Rousseau: ses trésors étaient aux murs de sa maison, à Monaco, où il s'était installé avec sa deuxième épouse, Johanna Clément. Dans le catalogue de vente, il pose sur une photo en noir et blanc, à côté de son prix.

« On ne sait pas ce qui le rendit le plus fier, être récompensé par le jury de Cannes ou recevoir le tableau », s'interroge Aymeric Rouillac. Le Marquet n'est pas à vendre: « Nous l'avons conservé pour la Fondation René-Clément, que j'ai créée en 2007 au Pays basque, où mon mari est enterré », précise sa veuve. Elle aussi est une femme de cinéma. Cette élégante Anglaise aux longs cheveux de jais, scénarisa les deux premiers James Bond et était script sur le tournage de Monsieur Ripois, quand René Clément la rencontra, en 1954, à Londres. Il lui parla peu de ses tableaux acquis avec sa première femme, Bella. « Mon mari était très attiré par la peinture. Dans ses moments perdus, lui aussi peignait, confie Johanna Clément. C'était beaucoup de marines, la mer, le ciel. Il adorait les bateaux. »

« Son amour des femmes »
Au-dessus de leur lit, René Clément avait accroché un pastel de Renoir, mis à l'encan dimanche, Jeune Fille à la charlotte, couchée sur l'arbre, 1892 (estimé de 100.000 à 150.000 €). On n'y distingue pas le visage ni les mains du sujet. «Je ne l'ai jamais questionné. Mais je pense qu'inconsciemment cette petite fille lui rappelait celle qu'incarna Brigitte Fossey, dans le film Jeux interdits, tourné longtemps avant d'acheter cette œuvre», suppute son épouse.

Dans la salle à manger, c'était une huile de Van Dongen, Portrait de Madeleine Grey à la Rose, datée de 1929 (entre 200.000 et 300.000 €). « Clément vendit un Utrillo pour acheter ce tableau, qui témoignait de son amour des femmes, à commencer par sa mère », assure Aymeric Rouillac, soulignant la gracieuse correspondance entre « le carmin des lèvres et le parfum de la rose ».

Cette vente est une façon de découvrir sa collection: « Clément parlait beaucoup de ses tableaux fauves, mais personne ne les a jamais vu s», estime Costa-Gavras, le président de la Cinémathèque française, qui organisera l'an prochain une rétrospective consacrée au réalisateur, qui aurait eu 100 ans en 2013 .

Exposition à l'orangerie du château de Cheverny. Le 8 juin de 14 heures à 20 heures, le 9 juin de 10 heures à 17 heures et le 10 juin de 9 heures à 11 heures. Vente le 10 juin, à 14 h 30. Tél.: 02 54 80 24 24 et www.rouillac.com.

Par Valérie Sasportas

http://www.lefigaro.fr/culture/encheres/2012/06/07/03016-20120607ARTFIG00465-les-fauves-de-rene-clement-aux-encheres.php
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