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Miroir mon beau miroir

Vendredi 26 avril 2013

Françoise de Mont-près-Chambord nous envoie la photo d’une coiffeuse dont elle souhaite connaître la valeur ainsi que le bois. Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, nous donne son avis.

Françoise de Mont-près-Chambord nous envoie la photo d’une coiffeuse dont elle souhaite connaître la valeur ainsi que le bois. Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, nous donne son avis.

La coiffeuse est le meuble féminin par excellence. Son ancêtre, la table de toilette, tient son nom de la fine toile qui la recouvre et accueille le miroir. Au Siècle des Lumières, elle devient un meuble à part entière et surtout, un meuble mondain. Après la « première toilette » qui consiste en un bain ou toilette du corps, la coiffeuse reçoit la « seconde toilette ». Les précieuses y reçoivent même leurs prétendants et l’on dit de ces amoureux qu’ils sont des « piliers de toilette » ! À la fin du XVIIIème siècle, la coiffeuse est reléguée dans le cabinet de toilette, espace plus intime. Le plus souvent, le plateau de la coiffeuse s’ouvre pour découvrir un miroir et deux caissons compartimentés. L’élégante peut y ranger flacons, onguents, nécessaire de coiffure, vinaigres et autres poudres. La façade peut présenter des tiroirs ou de petites tirettes augmentant la surface du plateau. Les pieds sont hauts et traduisent le style d’une époque. Meubles raffinés, de nombreuses coiffeuses affichent un placage de bois exotique comme le bois de rose ou de violette. Les essences les plus rares sont associées pour la création des décors. Comble du luxe, la table de toilette livrée en 1822 pour la duchesse du Berry, belle-fille de Charles X. Un modèle unique en cristal taillé sur une monture de bronze doré, conservé au musée du Louvre.


La coiffeuse de notre lectrice est en placage de bois exotique, probablement du palissandre aux vues de ces fortes veines noires. Elle présente la forme et la disposition classique des coiffeuses anciennes avec son miroir escamotable central et ses différents tiroirs et caissons. Elle adopte le style Louis XV avec ses pieds cambrés et sa traverse mouvementée. Mais qui dit style, ne veut pas nécessairement dire époque ! L’ensemble manque de légèreté. La sculpture de la traverse est trop simple et symétrique. La jonction entre les montants et les pieds est maladroit. Les boutons de tirage, réduits à leur plus simple expression, n’apportent ni mouvement ni lumière au meuble.
Cette petite coiffeuse est une création du XXème siècle. Les copies anciennes sont aujourd’hui désuètes et leur cote a baissé. Sous réserve d’un examen physique, sa valeur en vente aux enchères serait d’environ 50 €. La coquetterie des jeunes filles, elle, n’a pourtant pas diminué !
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