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Pour Noël : un ours savant au comportement galant

Samedi 26 décembre 2009

Jacqueline Hardy nous envoie cette semaine la photo d’un ours en bois, qui appartenait dit-elle « à une grande tante née en 1900 et qui le tenait de sa famille ». Maître Philippe Rouillac n’est pas que commissaire priseur, il joue aujourd’hui pour Noël, le dresseur d’ours

Jacqueline Hardy nous envoie cette semaine la photo d’un ours en bois, qui appartenait dit-elle « à une grande tante née en 1900 et qui le tenait de sa famille ». Maître Philippe Rouillac n’est pas que commissaire priseur, il joue aujourd’hui pour Noël, le dresseur d’ours !

Voilà ce que je vous souhaite de découvrir dans vos souliers-sabots à Noël. Un charmant animal dressé sur ses pattes arrière, portant une besace en bandoulière et tenant entre ses bras un petit vase soliflore. C’est à première vue un ours savant, une de ces bêtes de foire qui faisaient l’admiration des foules au siècle passé. Admirons maintenant la pose du mammifère : ce n’est pas une jonglerie qu’il s’apprête à effectuer, mais une fleur qu’il vous présente entre ses pattes. Il s’agit donc d’un ours galant !

La provenance de ces ours sculptés est généralement située dans la « Forêt noire », une région montagneuse de l’Allemagne occidentale face aux Vosges françaises. La Forêt noire est en effet un des habitats naturels de l’ours. Mais c’est en Suisse que l’histoire de ces mammifères plantigrades débute, dans le courant du XIXe siècle. 1817 est en effet une année de grande famine dans les Alpes. Un habitant astucieux du village de Brienz, en Suisse, a alors l’idée de vendre aux touristes de passage les sculptures qu’il réalisait le soir au coin du feu. Car cet ours est en bois : il est sculpté à la main avec force de détails et de réalisme. Observez son petit museau rouge, ses griffes bien noires, sa besace foncée comme le cuir… Chacun de ses poils est unique, ses petites oreilles rondes sont dressées sur sa tête et ses yeux semblent briller dans la nuit. La base est fendue mais on y reconnaît facilement un rocher et la végétation des Alpes.

La reine d’Angleterre Victoria venue en villégiature dans les Alpes s’est éprise d’un ours semblable. De retour sur son île, elle fit construire un chalet à la mode suisse où son ourson sculpté et autres coucous des montagnes étaient à l’honneur. La mode était lancée, et des ours furent exportés à travers toute l’Europe. On en retrouve dans toutes les tailles, de cinq centimètres à plus de deux mètres, et sous toutes les formes : banc, portemanteau, table, bibelots, boites à musique, table à fumeurs…Malgré l’absence de dimensions communiquées par le lecteur, notre ours semble faire partie de la catégorie des petits objets de curiosité. Les sculpteurs de Brienz sont rapidement passés d’une production amateur à une véritable organisation professionnelle. Certains ateliers comme celui de la famille Binder réunissait une centaine d’artisans. Une école de sculpture s’est même ouverte en 1862, où les élèves apprenaient à dessiner sur le vif les animaux dans la nature, avant de les sculpter dans un bois tendre comme le tilleul.

La période faste des « Ours de la Forêt Noire » s’étend des années 1880 aux années 1910. Il est fort probable que la tante de notre lecteur ait elle-même reçu cet objet en cadeau lorsqu’elle était petite fille. Comptez autour de 100 € pour cet ourson, s’il n’est pas fendu dans le dos. Le vase n’est probablement pas d’origine, mais n’hésitez pas à y disposer l’ornement indispensable de ce savant ours galant : une fleur. Et pas n’importe laquelle : un Edelweiss s’il vous plait ! La fleur de Noël…Joyeuses fêtes à tous et toutes !
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