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Quand à Blois, l’Italie nous tient… même avec de la céramique

Samedi 12 octobre 2019 à 07h

Cette semaine Isabelle une Blésoise interroge Philippe Rouillac commissaire priseur au sujet de sa jardinière en faïence.



Nous espérons que nos lecteurs auront reconnu la production de la faïencerie de Blois de la jardinière d’Isabelle. Fondée au milieu du XIXe par Ulysse Besnard, ce dernier va beaucoup s’inspirer de la Renaissance Italienne. C’est sous le règne de Charles VIII avec les campagnes d’Italie que d’importants changements culturels artistiques et stylistiques vont s’opérer. Mais c’est surtout durant le règne François Ier que la Renaissance s’installera en val de Loire, notamment avec la construction de l’aile François Ier à Blois dans un goût typiquement Italien, puis Chambord… Le roi mécène fait appel à de nombreux artistes venus d’Italie pour la réalisation de ces édifices. Beaucoup de français vont également partir en Italie étudier leurs techniques. Outre l’architecture, ces bouleversements vont aussi s’apprécier dans la sculpture, mobilier, la peinture, la littérature. À la fin du XV découverte à Rome des ruines de la maison de Néron dont le décor composé d’une multitude de personnages et d’animaux réels et chimérique, guirlandes et rinceaux ; on les désigne sous l’appellation « grotesques ». Ce nouveau répertoire décoratif est diffusé dans toute l’Europe à travers des recueils de gravures que les artistes vont reproduire, sculpter et peindre.

Au départ Ulysse Besnard, va imiter les décors des faïences de Nevers ou de Delft du XVIIe. A partir de 1862, il décide de fabriquer des pièces inspirées de la majolique Italienne qu’il décline sur des objets domestiques comme des cendriers, bonbonnières ou encore des jardinières. Celle d’Isabelle, de forme polylobée et pansue, repose sur quatre pieds, elle est agrémentée de deux anses latérales. Elle reçoit un décor peint polychrome d’une salamandre en hommage à François Ier représentée au centre d’un cartouche à motif dit « cuir découpé ». Ce motif s’inspire de la galerie François Ier au château de Fontainebleau. Sur l’autre face on retrouve parfois le cygne percé d’une flèche ou le pélican emblème de Claude de France, le Porc épic de Louis XII ou encore l’hermine d’Anne de Bretagne. La panse est également décorée de part et d’autre de grotesques en grisaille figurant des animaux marins et rinceaux sur fond bleu soutenu. On retrouve différentes teintes de bleu dans la production de la faïencerie du turquoise au bleu intense. Au revers, la jardinière porte une marque composée d’une coquille Saint Jacques, entouré des numéros « 7 » et « 9 » pour 1879, au-dessous Ulysse à Blois. Il s’agit de la marque utilisée jusqu’en1886 avant qu’Émile Ballon reprenne la manufacture puis Gaston Bruneau jusqu’à sa fermeture en 1953. Chère Isabelle, votre belle jardinière royale pourrait ainsi être estimée autour de 300 € de part ses appréciables dimensions (20 cm de hauteur et 50 cm de longueur) ; sous réserve de l’état. Pour plus de précisions nous vous invitons à consulter l’ouvrage de Martine Tissier de Mallerais La faïence de Blois 1862-1953, paru en 2017 dont vous retrouverez page 93 un modèle de forme similaire.

Pour découvrir les autres merveilles de l’Italie en val de Loire n’hésitez pas à vous rendre aux rendez-vous de l’histoire dont le thème est l’Italie… tout un programme !
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