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À la mode du temps qui pase

Samedi 16 février 2013

Aujourd’hui, Bernard de Mont-près-Chambord, soumet la photo d’une sculpture de bronze. Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, nous révèle les secrets de sa conception.

Aujourd’hui, Bernard de Mont-près-Chambord, soumet la photo d’une sculpture de bronze. Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, nous révèle les secrets de sa conception.

L’aviez-vous remarqué ? L’objet que nous envoie notre lecteur est une pendule. De prime abord, c’est cette élégante chapeautée à l’allure altière qui capte notre attention. L’objet fonctionnel se fait discret, secondaire, au profit de l’œuvre décorative. Le terme « objet d’art » prend ici toute sa dimension. En considérant les dimensions, la structure et les modèles similaires de notre pendule, nous pouvons penser qu’elle n’a pas été conçue seule mais accostée d’autres éléments comme des candélabres ou des vases pour former une garniture de cheminée. Du milieu du XIXème aux années 1920, elle est l'élément de décoration le plus répandu dans les intérieurs cossus. Les formes et les proportions s’adaptent à celle des cheminées.

Le sujet représenté est une jeune femme debout occupée à sa lecture. Elle porte un vêtement qui n’a rien du classique drapé des statues anciennes. Sa robe de brocart a des manches dites « à crevées », pièces de tissu ajourées laissant entrevoir la doublure de l’habit, le col est agrémenté d’une fraise et son chapeau est également « à crevées ». Il s’agit d’une tenue typique de la seconde Renaissance, dans la seconde moitié du XVIème siècle. La reprise des poncifs de la Renaissance dans la seconde moitié du XIXème siècle s’inscrit dans une tendance nommée « éclectisme ». Ce style lancé sous Napoléon III mélange les genres et les époques avec un goût prononcé pour le luxe et le foisonnement ornemental. Notre pendule est un produit du style « Troubadour » affectionnant les thèmes du Moyen-âge et de la Renaissance. Parallèlement se développe un mobilier bien connu dans nos familles dit de style Henri II. Le matériau choisi pour la statue soulève une épineuse question. Tout porte à croire qu’il s’agit de bronze mais il nous faut rester prudent. À l’époque, de très nombreuses œuvres sont reproduites, afin de contenter de plus modestes clients, dans un alliage imitant ce luxueux matériau : le régule. Une appréciation physique est de rigueur pour pouvoir écarter cette hypothèse. Le riche socle, reposant sur quatre pieds en sabot, est en marbre rouge « griotte ».

L’œuvre porte une signature sur sa terrasse. Il s’agit de celle de Jean-Louis GRÉGOIRE (1840-1890), un sculpteur parisien dont on connait d’autres sujets historiques tel qu’une statue de « Jeanne d’Arc » et une « Famille du temps de Louis XIII ». La statue qui orne la pendule de Bernard est connue sous le nom de « La Liseuse ». En ventes aux enchères, comptez 1 000 euros si l’objet est en bronze…trois fois moins pour du régule. Réunie aux autres éléments formant la garniture, sa valeur devra être reconsidérée.
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