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L'armoire du pays des ducs

Samedi 09 février 2013

Didier de Mer présente aujourd’hui une armoire dont il souhaite connaître la région d’origine. Philippe Rouillac, commissaire-priseur, nous donne son avis.

Didier de Mer présente aujourd’hui une armoire dont il souhaite connaître la région d’origine. Philippe Rouillac, commissaire-priseur, nous donne son avis.

L’armoire de notre lecteur est monumentale ! Par ces dimensions, 3 mètres de hauteur pour 2 mètres de largeur, et par son décor mouluré, réminiscence des entablements de l’architecture classique. Elle a été réalisée en noyer blond, un bois robuste se prêtant particulièrement bien à la sculpture et prenant avec le temps une belle patine de couleur miel. Plus gaie que le chêne utilisé dans le nord et l’ouest, chaleur et la luminosité sont l’apanage de cette essence indigène. Les veines et nœuds du noyer sur les panneaux des vantaux constituent à eux seuls un décor pour notre armoire. L’aspect lisse de ces panneaux contraste avec les moulures saillantes des traverses. On observe un savant équilibre entre les lignes droites des montants et la courbe sinueuse de la corniche. Comme pour mieux nous faire sentir la pesanteur de ce colosse, son créateur l’a doté de pieds en forme de boule aplatie dits « pieds miches ». Une ornementation sobre certes, mais donnant une impression d’opulence. Grandes dimensions, noyer blond, ferrures discrètes, moulures vives et pieds plats…notre armoire est bourguignonne ! Plus précisément, elle nous vient du nord de la région, le sud préférant des modèles plus léger à l’abondant décor sculpté dans le style Louis XV.
Grands vignobles obligent, il est fréquent de retrouver des grappes de raisins sculptées sur ces meubles. La Bourgogne, riche région vinicole demeura duché indépendant de la couronne française jusqu’en 1477. Les ducs de Bourgogne étaient vassaux du Roi de France, leurs territoires s’étendait jusqu’en Espagne et aux Pays-Bas. Grands mécènes, ils favorisent l’épanouissement des arts dans toute l’Europe. Le père du mobilier bourguignon est Hugues Sambin (1520-1601) dont l’exubérant mobilier figure au château de Fontainebleau. On se souvient d’une armoire à deux corps vendue à Cheverny en 2004 pour 53 000 €, maintenant orgueil du musée de Dijon comme de l’armoire d’après Sambin vendue à Vendôme en 2009 pour 31 000 € aujourd’hui magnifiquement présentée au château de Blois.

L’armoire de Didier est un travail plus modeste du XIXème siècle. Son état semble bon, mais il faudrait s’assurer de l’authenticité des pieds, souvent restaurés sur ces meubles. Sous réserve d’un examen physique, sa valeur en vente aux enchères serait d’environ 800 €. Imaginez cependant quel pourrait être le plaisir de déguster quelques verres d’un exquis Chablis dans un décor typiquement bourguignon ! Lundi 11 février une vente aux enchères de grands vins se tiendra à Tours dans les salons de l’Hôtel de l’Univers…le Bourgogne y tiendra, pour sûr, une place de choix.
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