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Comment le propriétaire du trésor gaulois découvert à Tavers a été méprisé par l'administration...

Mardi 16 avril 2019

La République du Centre, Florent Buisson

C'est ici, dans ce champ, que le trésor gaulois a été découvert, à Tavers. © gaujard christelle
Un agriculteur de Tavers, chez qui un trésor gaulois du VIe siècle avant Jésus-Christ a été découvert, puis classé "trésor national", a été méprisé par l'administration. Récit.

1. "Vous pourriez aller en prison ! "

Première blessure, pour ce couple de retraités de Tavers, chez qui deux passionnés d'archéologie ont déniché ce qui est aujourd'hui un "trésor national", grâce à un détecteur de métaux, en 2012. "Vous pourriez aller en prison !" leur aurait-on lancé, du côté des services de l'État. Avant qu'ils ne soient convoqués tous les deux, avec le fermier qui exploite le champ, pour une explication franche. C'est là qu'on leur a intimé l'ordre de garder la découverte secrète.

S'il faut bien une autorisation de l'État avant de réaliser ce type de recherches avec un détecteur de métaux, la seule recherche n'est punie que d'une amende, de 3.000 euros maximum. La détérioration ou la dégradation de vestiges archéologiques est punie, elle, de sept ans de prison maximum et de 100.000 euros d'amende.

2. "Voyez ça avec un brocanteur !"

Malgré plusieurs rendez-vous, des passages de service en service, du côté de la Direction régionale des affaires culturelles, le couple a eu beaucoup de mal à avoir une idée de la valeur de son trésor. Il faudra attendre janvier 2018 pour que les deux retraités soient reçus de nouveau, à Orléans. On leur précise alors que les fameux objets n’ont pas été expertisés. Ils insistent. « Voyez ça avec un brocanteur ! » finit-­on par leur répondre. "On n'est pas spécialistes, mais on se doute que ce n'est pas le travail d'un brocanteur que de faire ça", note aujourd'hui l'agricultrice, amère.

Offensé, le couple est reparti avec ses objets, taper aux portes du Conseil régional, de la ville d’Orléans, sans succès...

3. L'intervention du musée de Saint-Germain-en-Laye

"Au fond, ils voulaient qu'on leur donne, le trésor", finit par souffler l'agriculteur. "Ils", ce sont les représentants du musée d'archéologie nationale basé à Saint-Germain-en-Laye. Établissement prestigieux, qui a d'abord traité avec égard le couple, au point d'envoyer un membre de sa direction à Tavers, pour étudier les pièces, puis de les ramener en région parisienne pour une expertise. C'est après que les choses se sont gâtées. Une fois qu'ils ont compris que le trésor gaulois ne finirait probablement pas chez eux et que le couple avait également fait réaliser, de son côté, une expertise. Une fois mis aux enchères, ce qui sera le cas le 4 mai au château de Meung-sur-Loire, le trésor ne pouvait plus être acheté, à "moindre coût".

La mise à prix du trésor a été fixée à 50.000 euros, pour la vente aux enchères.

Florent Buisson
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