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Les trésors d'un chasseur de météorites aux enchères

Mercredi 13 février 2019

Agence France presse

Gérard Merlier et la météorite pied d'éléphant
Le chasseur de météorites Gérard Merlier vend son impressionnante collection de pierres de l'espace aux enchères, à Tours jusqu'au 28 février.

«J'en ai retourné des crottes de chameau !». Le nez collé au sol, pendant 20 ans Gérard Merlier a arpenté les déserts à la recherche de météorites et se sépare désormais de sa précieuse collection aux enchères. La recherche de météorites était pour lui une passion qui l'a mené sur tous les continents. Mais désormais Gérard Merlier compte sur ses dizaines de cailloux noircis et pesants pour assurer sa retraite. Des enchères sur internet ont commencé au début du mois avec des tranches mises à prix 80 euros sur le site internet de Me Rouillac, commissaire-priseur à Tours, et vont durer jusqu'au 28 février. Ce jour-là les plus belles pierres seront vendues lors d'enchères classiques à Vendôme par le commissaire-priseur.

Vingt ans après avoir trouvé son premier caillou venu du ciel dans un désert de Libye, Gérard Merlier le porte toujours sur lui et sort de sa poche une petite pierre arrondie noire. «Elle était encore molle quand elle est arrivée», explique-t-il en montrant son coté plat. «Une larme de l'espace», selon lui.

Visage taillé au couteau, catogan, traits burinés, 63 ans, il était ouvrier du bâtiment et a pris sa retraite il y a un an. «L'école c'était pas mon fort», dit-il. Toutes ses pierres, sans exception, ont été confiées au Muséum d'Histoire naturelle pour les authentifier, assure-t-il. Celui-ci en a prélevé quelques grammes, les a enregistrées, et lui a renvoyé ses pierres avec un certificat. Les plus intéressantes étant l'objet d'une communication dans le « Meteoritical Bulletin Society ».

Mais depuis, les météorites arrivant au Muséum sont devenues rares. «Nous sommes submergés de pierres, elles arrivent quasiment tous les jours, mais je n'en ai jamais vu arriver une par hasard qui soit une météorite» explique Brigitte Zanda, cosmochimiste au Muséum. En fait les pays sahéliens, où se retrouvent le plus facilement ces échantillons, ont compris leurs valeurs et la recherche est désormais interdite aux touristes, explique-t-elle.

"Les météorites tombent partout"

Gérard Merlier a trouvé la plupart de ces pierres avant ces restrictions. Tout a basculé en 2000 dans un désert où il va rencontrer des chercheurs de météorites. «Les météorites tombent partout mais dans le désert elles sont plus faciles à repérer», explique-t-il, car sur le sable il n'y a quasiment qu'elles... et des crottes de chameau et «j'en ai retourné des crottes de chameau» dit-il en riant. Au Maroc, il a trouvé la plus grosse pierre, 19 kilos, surnommée «pied d’éléphant». «J'ai d'abord cru que c'était un béret» dont seul le sommet dépassait, s'amuse-t-il.

Elle sera le clou de la vente du 28 février avec une estimation entre 15 200 et 22 800 euros, même si pour lui le plus intéressant ce sont ces quelques grains sur du coton, enfermés dans deux petites boîtes de plastique, trouvés à Ivuna (Tanzanie) et Orgueil (Tarn-et-Garonne) provenant de deux comètes. Pas besoin de détecteur, ni de pelle pour détecter une météorite : un aimant, une loupe et un sifflet pour communiquer suffisent. Toutes les pierres noires, plutôt rondes et magnétiques sont examinées. En espérant découvrir un trésor caché: de la sidérite qui vient du cœur d'une astéroïde, à la pallasite en arrivant aux plus précieux, mais moins spectaculaires, grains de comète. «On part le matin sur un cap et on marche en regardant partout», dit-il en décrivant le campement du soir et les chants qui s'élèvent dans la nuit sous les étoiles pour raconter la journée.

Chaque année, raconte Merlier, environ 500 météorites de plus de 200 grammes tombent sous l'attraction terrestre, 150 touchent le sol, les autres se perdent dans les océans. Seulement une vingtaine sont découvertes. En France depuis le début du XIXème siècle, quand les météorites ont été reconnues comme venant de l'espace, les découvertes sont rares: une tous les six ans en moyenne pour une pierre de plus de 200 grammes. L'an dernier, après la chute d'une météorite surnommée «black beauty» à Tissint (Maroc) «8 000 personnes déambulaient autour du village» raconte-t-il. «C'était une martienne, le gramme s'est vendu 10 000 euros».
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