Saint-Germain-en-Laye : le trésor était dans le jardin
Mardi 05 juin 2018
Le Parisien, Sébastien Birden
Saint-Germain-en-Laye (, ce lundi. L’œuvre réalisée par Henri Cros décorait le jardin d’une vaste demeure. Aymeric Rouillac, le commissaire-priseur espère le vendre « plusieurs centaines de milliers d’euros ». LP/SB.
La facture de 1925 indique le prix de l’époque : 10 000 francs. L’équivalent aujourd’hui de 8 000 € environ. LP/S.B.
Le vase, daté de 1897, est signé Henri Cros. LP/S.B.
Un vase monumental réalisé pour l’exposition universelle de Paris de 1900 va être vendu aux enchères. Il séjournait dans le jardin d’une grande propriété familiale.
« Monumental, exceptionnel, spectaculaire, rarissime… » La liste des superlatifs employés par le commissaire-priseur Aymeric Rouillac est encore longue pour décrire cette « fabuleuse découverte » : un vase de jardin en grès cérame réalisé par le sculpteur Henri Cros pour l’exposition universelle de Paris en 1900. Signé en 1897, ce « Vase des métaux » est décoré de plusieurs divinités antiques représentant chacune les différents minerais.Facture à l’appui, il avait été acheté 10 000 francs (soit près de 8 000 € d’aujourd’hui) en juillet 1925 par un particulier à la manufacture de Sèvres. Presque un siècle plus tard, il trône encore dans le jardin de la propriété familiale à Saint-Germain-en-Laye. Mais dimanche, il aura changé de main. Mis aux enchères à l’occasion de la vente de prestige de l’étude Rouilly, il pourrait rapporter au bas mot… « plusieurs centaines de milliers d’euros ».
Pour le commissaire-priseur, alerté par un coup de téléphone il y a quelques mois, découvrir « ici, dans un jardin et pas sous une cloche de verre dans une chambre forte », cette œuvre « devant laquelle se sont pâmés les millions visiteurs qui venaient en 1900 découvrir les merveilles de l’art et de l’industrie » aura été « un moment chargé d’émotion ». « Il n’existait jusque-là que deux exemplaires répertoriés. L’un est au musée de Roubaix et l’autre au musée du Petit Palais. On savait que deux autres avaient été fabriqués pour l’expo universelle mais on les pensait disparus ».
Si ses futurs ex-propriétaires, une fratrie de six enfants, se sont récemment décidés à s’en séparer, c’est entre autres par souci de cohésion familiale. « Il se trouve que nous prenons tous de l’âge et qu’il s’agit du dernier bien en indivision, explique ainsi l’un d’eux. Sa valeur n’est qu’une préoccupation récente. »
Estimer l’œuvre avec précision relève toutefois de « la mission impossible » pour Aymeric Rouillac. « Ce qui est rare est cher. Mais pour ce qui est trop rare, on ne peut pas donner de prix. Les seules pièces avec lesquelles on pourrait comparer ce vase sont dans des musées. Alors on rapporte à ce que l’on sait des contemporains de l’artiste. Aujourd’hui, on parle de 150 000 à 200 000 € mais ce n’est pas évident à justifier. C’est la vente qui lui donnera sa véritable valeur en fonction de l’intérêt qu’il aura suscité chez les collectionneurs et les musées. Ce sera peut-être beaucoup plus que ça ». Et le commissaire-priseur sait de quoi il parle. « J’ai battu un record avec La Valse de Camille Claudel vendue à 1,4 M€ au lieu des 500 000 à 800 000 € annoncés », sourit-il.