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Napoléon à Esslingen

Lundi 30 avril 2018

Avant la bataille d'Ulm.

Napoléon Rouillac

Numéro 72 de la vente

Louis Etienne WATELET (1780-1868)

Napoléon à Esslingen

Toile.

Haut. 59,5, Larg. 61,5 cm.

Provenance : collection Akermann au château de Coulonge, par descendance.

Napoléon Ier, vêtu de l’uniforme de colonel des chasseurs à cheval de la Garde impériale rencontre une délégation étrangère devant une ville fortifiée. Côté Français, la berline de l’Empereur accompagnée de son état-major vient tout juste d’arriver. Suivi par trois hauts dignitaires, Napoléon a ôté son célèbre bicorne et s’apprête à saluer le dignitaire étranger. Ce dernier chapeau à la main coiffé d’une perruque à catogan, vêtu d’un uniforme blanc arbore un cordon militaire de couleur bleu. Derrière lui une foule en liesse célèbre la rencontre. Napoléon s’étant lui-même découvert, les deux hommes semblent être sur un pied d’égalité. Nous n’avons donc pas ici un vainqueur et un vaincu mais la rencontre entre deux alliés.

L’architecture de la ville nous est caractéristique de l’Europe centrale. Le clocher de gauche si particulier avec ses deux tours reliées par une arête de pierre est celui de l’église Saint-Dionysius, à Esslingen, ville du duché de Wurtemberg. Le cordon bleu porté par le dignitaire pourrait être celui de l’ordre de la Grande-Chasse. Ces faisceaux d’indices laissent à penser qu’il s’agit d’une rencontre ente Napoléon et une délégation du Wurtemberg.

La présence de Napoléon est attestée dans cette région en octobre 1805, quelques jours avant la célèbre prise d’Ulm. En cette année 1805, Napoléon doit affronter la 3ème coalition organisée par les Anglais qui regroupe les Russes, les Autrichiens et les Suédois. L’Empereur à la tête de sa Grande Armée se dirige vers ses alliés allemands. Cette visite est l’occasion de renforcer ses troupes et de confirmer des alliances, notamment avec le duché du Wurtemberg. Les deux puissances sont en effet alliées depuis le traité du 20 mai 1802, rattachant au Wurtemberg plusieurs villes dont Esslingen, en échange de la rétrocession à la France de Montbéliard. Frédéric II, duc du Wurtemberg et l’Empereur se rencontrent le 2 octobre 1805 au Palais de Ludwigsburg près de Stuttgart. C’est là que Napoléon fera roi celui dont il disait pourtant « Dieu l’a créé pour démontrer à quel point la peau humaine est extensible ».

Le musée d’Histoire de France de Versailles conserve une toile immortalisant cette rencontre. La ressemblance avec notre tableau est frappante. La composition est similaire : Napoléon descendant de sa berline, accompagné de son état-major rencontre le futur Frédéric Ier roi du Wurtemberg. À l’arrière-plan on distingue le palais et le même arbre ferme la composition sur la droite. Datée de 1811-1812, cette toile est l’œuvre de Louis-Etienne Watelet (1780-1868), peintre spécialiste des paysages d’histoire. Ses différents voyages en Europe le conduisent notamment au Tyrol. Est-il passé par Esslingen ? Rien n’est moins sûr. Au-delà de la simple copie, la similitude de la composition peut faire penser qu’une commande commémorative à destination de différentes villes fut passée en souvenir de cette rencontre qui scella l’alliance entre le Wurtemberg et l’Empire français.

Pierre-Guillaume Klein
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