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« La Valse » : Reine-Marie Paris remporte les enchères

Lundi 12 juin 2017

L'Est l'Eclair, Laurianne Perman

Il aura fallu attendre plus de 18 h et le passage d’une centaine d’autres lots pour connaître enfin le sort réservé à « La Valse » de Camille Claudel vendue, hier, aux enchères, au château d’Artigny en Indre-et-Loire (voir notre édition du 3 juin).

Cette « Valse » unique était en vente aux enchères, hier après-midi, au château d’Artigny. Elle était restée dans un placard pendant un siècle avant d’être redécouverte par une famille de l’Oise en avril. Rouillac.

Remisé dans un placard pendant un siècle, avant d’être redécouverte en avril par des habitants de l’Oise, cet exemplaire unique de 46,7 cm de haut va retourner dans la famille de la sculptrice. C’est en effet sa petite nièce, Reine-Marie Paris, qui l’a acquise. Cette épreuve en bronze à patine brun-noir, fonte au sable réalisée par l’artiste de son vivant, vers 1900, était accompagnée d’une lettre autographe signée de sa main, adressée à Joseph Honoré Allioli, premier propriétaire de l’œuvre. Mis à prix à 300 000 €, le lot a été adjugé à 1 180 000 €, alors qu’il avait été estimé à 500 000 €.

UNE OEUVRE QUI POURRAIT FINIR AU MUSÉE ?

Hier soir, en quittant le château d’Artigny, la descendante de Camille Claudel avouait être « un peu surprise » d’avoir remporté ces enchères. « Au départ je ne devais pas l’acheter. Je m‘étais dit « je vais voir », mais je ne pensais pas pouvoir aller au bout. Je croyais que ça monterait un peu plus car je savais qu’il y avait des gens intéressés. Si c’était allé au-delà, j’aurai arrêté. J’ai déjà dépassé mon budget qui était d’un million d’euros-. J’avais peur qu’elle parte à l’étranger », avoue Reine-Marie Paris, qui a consacré plusieurs décennies pour retrouver et révéler l’œuvre de sa grand-tante.

La petite-nièce de la sculptrice souhaite dans un premier temps conserver l’exemplaire qu’elle vient de s’offrir « pour en profiter un peu Pour l’instant, je savoure de l’avoir chez moi. Ensuite, on verra. » Après avoir frappé elle-même le marteau pour marquer la fin de la vente, elle n’a pas caché qu’elle aimerait que ce bronze rejoigne le musée de Nogent dédié à Camille Claudel. « C’est là qu’elle a rencontré son premier maître, Alfred Boucher.» Cette « Valse » compléterait alors un fond qui provient déjà en grande partie de sa collection. « L’idéal serait que la ville lance une souscription de mécènes comme elle l’a fait pour acheter Persée et la Gorgone », a suggéré son ami.

Le maire du chef-lieu a salué cette acquisition. « C’est une bonne nouvelle que cette œuvre ne soit pas partie à l’étranger », souligne Hugues Fadin qui verrait bien le musée l’avoir en dépôt. « Et pourquoi pas un don. Il ne faut pas s’empêcher de rêver. » La municipalité ne s’était pas montrée intéressée par cette vente faute de moyens, avoue le premier magistrat. « Nos finances sont aujourd’hui quand même étriquées, entre les 3 millions qu’on donne pour le Fonds national de péréquation des ressources intercommunales et communales (FPIC) et les 2,5 millions par an que coûtera le fonctionnement du musée. » C’est pourquoi, l’édile souhaiterait « mettre en place un système de mécénat », pour pouvoir étoffer son fond.
LAURIANNE PERMAN

« LE RECORD MONDIAL POUR « LA VALSE » DANS CETTE TAILLE »

« Avec les frais de vente, on atteint 1 460 000 € » précisait hier soir, Aymeric Rouillac, le commissaire-priseur. « C’est le record mondial pour la Valse dans cette taille. Jusque-là il était à 1 200 000 €. »

Et de raconter dans le détail le déroulement de ces enchères âprement disputées. « Reine-Marie Paris avait face à elle cinq requins des affaires qui pèsent chacun plusieurs centaines de millions d’euros. Il y avait un Anglais, un Suisse, un Français, un Vietnamien et un Américain, qui étaient représentés au téléphone. Le prix est monté tranquillement jusqu’à un million d’euros. Le Français s’est alors retrouvé tout seul à 1 100 000 €. » C’est à ce moment que Reine-Marie Paris est entré dans la course, en faisant une proposition à 1 120 000 €. L’autre acheteur potentiel a surenchéri à 1 150 000 €, avant que la petite-nièce de la sculptrice sorte sa dernière carte à 1 180 000 €.

« Je veux saluer le courage de cette femme et le cœur qu’elle a. Pour elle, c’est important que Camille Claudel soit au firmament. Elle a dit qu’elle n’avait jamais dépensé autant d’argent de toute sa vie, que tout ce qui comptait pour elle c’était la reconnaissance de Camille et qu’elle espérait qu’un jour cette œuvre irait, soit après son décès soit peut-être de son vivant, au musée de Nogent. »

Pour la petite histoire, un plâtre de Rodin qui était en vente juste après le bronze de Camille Claudel n’a pas trouvé preneur.
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