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Valse à 1000 temps pour les Rouillac à Artigny les 11 et 12 juin

Samedi 03 juin 2017

Magcentre.fr, Frédéric Sabourin

Reliquaire Marie-Antoinette
Art égyptien, et tableau de Georges Washington (Scène de combat).
Buste Annie Grappain par Jules Leleu
Gouaches de Lanvin
Meubles Leleu
Timbale forme tulipe
Vierge à l'enfant du XVIIe
La 29e vente Garden party des commissaires priseurs Philippe et Aymeric Rouillac réserve beaucoup de surprises, les 11 et 12 juin prochains au château d’Artigny à Montbazon (37). Parmi les 451 lots mis en vente, une épreuve en bronze de Camille Claudel, la Valse (1893). Elle devrait donner le tournis aux enchérisseurs mais aussi au public friand de belles histoires des ventes Rouillac…
La Valse de Camille Claudel

Lorsque le critique et historien de l’art Armand Dayot, chargé en début 1892 d’examiner la première version de l’œuvre de Camille Claudel qui s’appelle encore Les Valseurs rend son rapport, il note : « J’ai cru bien faire en demandant à Mlle Claudel d’habiller ses personnages ». Comme Rodin, son maître et amant, elle tient compte des remarques qui lui sont faites, et retravaille avec acharnement son œuvre l’été suivant, très certainement en Touraine, au château de l’Islette, à Azay-le-Rideau. En décembre, Armand Dayot revoit l’œuvre, et constate : « Pendant les six mois, Mlle Claudel, avec une persistance vraiment héroïque a cherché à mieux faire, ou plutôt, à relever la remarquable plastique de son sujet (…) Ah ! ces draperies sont bien frêles… Mlle Claudel a voulu sacrifier le moins de nus possible et elle a eu raison. (…) Cette écharpe légère qui se colle aux flancs de la femme, laissant nu tout le torse, un torse admirable renversé gracieusement comme pour fuir un baiser, se termine en une sorte de traîne frissonnante ».

La Valse – c’est le nom qu’elle prendra définitivement après les remarques de Dayot – a cependant dormi dans un placard pendant près d’un siècle, et aurait pu continuer son sommeil, si une famille de l’Oise qui la conservait secrètement depuis un siècle n’avait pas décidé de la sortir de son noir isolement. Valse hésitation : qui pour taper le marteau sur ce bronze de Claudel ? Les « poids lourds » Christie’s ou Sotheby’s ? Ou… les indépendants du Val de Loire, Rouillac père et fils, qui racontent de si belles histoires autour d’objets fabuleux ? On connaît la suite.

Cette Valse existe en 24 exemplaires de grande taille, en plâtre, en grès. La petite taille (46,4 cm) a été éditée en 4 exemplaires, dont 3 sont localisés. L’une d’elle appartiendra au frère de Camille, Paul Claudel. Une autre, sans marque de fondeur, est acquise par le musée Rodin en 1963. Et celle qui sera présentée aux enchères dimanche 11 juin à Artigny. Mise à prix : 500.000 €. Elle devrait faire tourner les têtes et lever les mains, dans la salle ou au téléphone. Claudel est à la mode, elle n’est pas seule…

Le 30 mai dernier Andromède, un marbre d’Auguste Rodin, s’est envolé à 3,6 M€ (4,1 M$) chez Artcurial à Paris, pour 800.000 € de mise à prix ! De bon augure pour la maison Rouillac, qui présentera aussi à Artigny un Minotaure, version aux cornes courtes de Rodin, plâtre patiné de 1886, provenant par descendance d’une collection particulière espagnole…

Une mèche de cheveux et un piano forte de Marie-Antoinette


Piano forte de Marie-Antoinette

Il existait 17 pianos forte à Versailles. Princesse mélomane, Marie-Antoinette avait placé la musique au cœur de sa vie à la Cour, depuis la messe matinale jusqu’aux fêtes et bals nocturnes. A-t-elle joué sur celui qui sera mis en vente par le 11 juin à Artigny ? « Rien ne l’indique, mais rien ne l’indique pas… », disent-ils de concert, avec la gourmandise du suspens ménagé. Cinq octaves de Fa à Fa, en acajou blond et filet de sycomore, il possède deux pédales : une pour jouer forte, l’autre pour jouer doux. Il provient d’une collection particulière du château de Breuil-Benoît (Eure-et-Loir), et il est daté de 1788.

Reliquaire des cheveux de la Reine Marie-Antoinette.

S’est-elle aussi arraché quelques cheveux en interprétant une partition ardue ? Dans un reliquaire à médaillon de verre, une mèche de ses cheveux est aussi aux enchères. Il porte l’inscription : « Cheveux de la Reine Marie-Antoinette donnés au Cte de Reiset par G. de Régis de Gâtisnel, possesseur d’une boucle de ces cheveux remise à son bisaïeul le Cte J. de Régis par la reine de Naples Marie-Caroline, sœur de Marie-Antoinette ».

Pelisse de colonel du 5e Régiment de Hussards

Enfin, les amateurs d’objets impériaux tomberont sûrement en pâmoison devant le gilet d’officier de la Garde d’honneur et la pelisse de colonel du 5e Régiment de Hussards de Boniface comte de Castellane (1788-1862), entré comme simple soldat au service de l’empereur le 4 décembre 1804 (jour du couronnement !), puis a gravit un à un les échelons jusqu’à devenir maréchal de France en 1852. Blessé pendant la retraite de Russie, après avoir participé à la bataille de la Moskova en 1812, il entrera dans le 1er Régiment de la Garde d’honneur en juin 1813. C’est en juillet qu’il passe commande de ces deux vêtements, peut-être confectionnés par un tailleur civil, les magasins de l’armée étant à cette période en pénuries de matière première. Un album de dessins sur la vie d’officier (1813-1820) réalisé par le comte de Castellane lui-même pourrait compléter le tableau d’un collectionneur ou d’un musée (le musée Bertrand à Châteauroux ?).

Camille Claudel, Auguste Rodin, mais aussi les peintres Utrillo ou Chagall, une aquarelle de Marie Laurencin, un rarissime document avec grand sceau de deuil d’Anne de Bretagne, des gouaches réalisées dans les ateliers de Jeanne Lanvin, deux pichets du céramiste Émile Gallé ou encore un étonnant traineau de glace au dragon : pas de doute, la 29e vente Garden party de Rouillac père et fils va encore donner le tournis aux amateurs de belles danses, à rendre complètement marteau…

F.Sabourin.

Un marché aux puces chez Rouillac !


Premier micro-ordinateur français (1972)

Osera-t-on le dire ? On venait à Vendôme dans l’étude Rouillac pour admirer l’exposition des objets qui seront mis en vente les 11 et 12 juin prochains au château d’Artigny (Montbazon, Indre-et-Loire), et on est repartis en ayant vu des puces ! Ou presque… Il s’agit du premier micro-ordinateur, le « R2E Micral » daté de 1972, l’un des cinq derniers exemplaires connus dans l’histoire de l’informatique française, dans sa configuration originale complète. Il sera mis en vente dimanche 11 juin. La carte mémoire ne fait « que » 16 Ko de Mémoire vive : « à peine un mail aujourd’hui », sourit Aymeric Rouillac, fier de sa trouvaille. « Malheureusement, François Gernelle, l’inventeur de ce premier micro-ordinateur français, qui avait cinq ans d’avance sur Apple, est le plus grand ruiné de l’histoire : personne en France n’a cru à ce que les éminents spécialistes de l’époque considéraient comme un gadget ». Un « gadget » ? Le premier microprocesseur de l’histoire, qui permettait de faire tenir les ordinateurs autrement que contre des pans entiers de murs, en les miniaturisant. C’était dans sa cave de Châtenay-Malabry (92) qu’il avait inventé le processus, avant que Steve Jobs et Bill Gates ne prennent le marché en main, avec la suite qu’on connaît.
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