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Le Minotaure d'Auguste Rodin

Dimanche 11 juin 2017 à 14h30

avec l'expertise du cabinet Sculpture et Collection

Auguste RODIN (Paris, 1840 - Meudon, 1917)

Minotaure, version aux cornes courtes, vers 1885.


Plâtre patiné, vers 1886.
Signé et dédicacé (sur la base à droite) : "A Ben(jamin) Constant / Rodin".

Haut. 33,3, Larg. 21,8, Prof. 28,6 cm.
(restauration et restitution de la queue).

Provenance :
- Jean-Joseph Constant, dit Benjamin Constant, Paris (acquis de l'artiste)
- Collection Welles Bostworth, Vaucresson, Hauts-de-Seine (vers 1925-1930)
- Par descendance, collection particulière, Espagne.

Cette œuvre fait l'objet d'un avis d'inclusion dans les archives du Comité Rodin en vue de la publication du Catalogue Critique de l'œuvre sculpté d'Auguste Rodin en préparation à la galerie Brame & Lorenceau sous la direction de Jérôme Le Blay sous le numéro 2011-3421B.

Littérature en rapport :
Antoinette Le Normand Romain, Rodin et le bronze, catalogue des œuvres conservées au musée Rodin, Éditions de la Réunion des musées nationaux / Musée Rodin, 2007, t. 2, pp. 523-525.

Exposition :
Rodin en Touraine, Azay-le-Rideau, château de l'Islette, 1er juillet - 31 août 2013.

Auguste RODIN. Faun and Nymph, circa 1886. Patinated plaster signed and dedicated : "A Ben(jamin)
Constant / Rodin".


RODIN et CLAUDEL en TOURAINE


Rodin réalise cette sculpture en 1886, trois ans après sa rencontre avec Camille Claudel, devenue rapidement collaboratrice, muse et maîtresse de l'artiste. Sur un rocher, le minotaure, reconnaissable à ses cornes et ses sabots, enserre dans ses bras une jeune femme nue. Le corps crispé et le visage froissé de cette dernière expriment parfaitement la répugnance qu'elle éprouve face à l'emprise que le monstre exerce sur elle. La posture des deux personnages révèle ainsi une tension érotique certaine tout en faisant allusion au mythe du Minotaure, prisonnier du labyrinthe de Dédale, qui se voit offrir, tous les neuf ans, quatorze adolescents en sacrifice (épisode mythologique rapporté par Ovide dans ses Métamorphoses).

La carrure de la bête ainsi que la puissance du modelé de son dos rapprochent le sculpteur français de l'italien Michel-Ange et de ses ignudi que le maître a peint sur les murs de la Chapelle Sixtine. Avant de mourir, Auguste Rodin laisse à ses élèves, et ceux qui lui succèdent, un Testament dans lequel il déclare : "inclinez-vous devant Phidias et devant Michel-Ange". Pour l'artiste, l'antique n'est pas seulement une source d'inspiration mais un chemin que tout artiste se doit d'emprunter afin de réussir à saisir le vrai de la nature. Rodin se confronte à l'Antiquité tout au long de sa carrière en parcourant les galeries du Louvre, carnet en main, pour y copier les œuvres des anciens, ou en collectionnant des antiques dans sa Villa des Brillants.

"A BEN CONSTANT / RODIN". Cette inscription qui figure sur la terrasse témoigne du don par Rodin de cette œuvre à son ami, le graveur et peintre français Benjamin Constant (1845-1902). Ce présent répond vraisemblablement à la critique de Constant qui paraît dans Le Figaro, concernant l'une des œuvres les plus fameuses de Rodin, réalisée en 1882 et exposée au Salon en 1887 : " Le Baiser ! Quelle merveilleuse œuvre d'art ! Jamais un marbre n'avait renfermé une si grande source de vie. Jamais le baiser de deux personnes n'avait été aussi beau, d'une si grande caresse sculpturale. C'est l'expression secrète du cœur de l'artiste. Un véritable chef- d'œuvre ! ".

La violence de l'enlacement que Rodin choisit de montrer avec ce groupe peut s'appréhender comme la représentation métaphorique de sa relation passionnelle avec Camille Claudel.

Cette œuvre a été étudiée avec Emeline Bagnarosa, Harmonie Dufraisse, Claire Moura et Cyndie Riou-Tuillier étudiantes en 2013 du Master d'Histoire de l'Art de l'Université François Rabelais de Tours.
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