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Le roi est mort !

Samedi 21 janvier 2017

Cette semaine, Jordan donne l’occasion à Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, de se pencher sur uné vènement clef de l’Histoire de notre pays.



Nous sommes le 21 janvier 1793, à Paris, sur la place de la Révolution (future place de la Concorde), il y a 224 ans, jour pour jour. La terrible silhouette de la guillotine se dresse au milieu d’une foule immense lorsqu’arrive le tombereau qui amèneLouis Capet, ci-devant Roi de France, sur son lieu d’exécution. La Convention nationale (ancêtre de l’Assemblée nationale) a en effet, quelques jours auparavant, jugé le Roi coupable de « conspiration contre la sûreté de l’État ». Chaque député s’est prononcé sur la peine à appliquer. Louis XVI est condamné à mort… à une voix près, celle de son cousin germain, le duc d’Orléans, dit Philippe-Égalité. La mise à mort du monarque marque un tournant crucial dans l’Histoire de France et annonce la radicalisation de la Révolution. Elle fait également de Louis XVI un martyr pour ses partisans et pour bon nombre de Français. Le livre de Jordan est une bonne illustration de leur combat. Sans nom d’auteur afin de ne pas être inquiété, il s’intitule « Le rétablissement de la Monarchie » et est publié en pleine Terreur, en septembre 1793. Ce même mois est votée la célèbre « loi de suspects ».Elle ordonne l’arrestation de toute personne soupçonnée, à tort ou à raison, d’être ennemie de la Révolution. Son réputés suspects ceux « qui, soit par leur conduite, soit par leurs relations, soit par leurs propos ou leurs écrits, se sont montrés partisans de la tyrannie (…) et ennemis de la liberté ». Selon la Commune de Paris, ils sont très aisément identifiables : « Ceux qui n'ayant rien fait contre la liberté, n'ont aussi rien fait pour elle ». Inutile de préciser que suite à ce décret, il n’y a guère que la mort qui rende la liberté à la grande majorité des prisonniers… L’auteur met de fait, sa vie en jeu pour servir son idéal. L’ouvrage est relié en pleine peau de veau teint en brun. Le dos est sobrement orné aux petits fers de rosaces et de frises or. Le texte dresse une analyse politique et historique de la situation en France et milite, comme son titre l’indique, pour le retour du Roi sur le Trône. Sont ajoutées à la fin les minutes de l’interrogatoire du Roi du 11 décembre 1792 et son émouvant testament dans lequel il déclare : « Je pardonne de tout mon cœur à ceux qui se sont faits mes ennemis sans que je leur en aie donné aucun sujet ». Cet ouvrage référencé, connu est en fait l’œuvre d’Antoine, comte Ferrand, un royaliste pur et dur, par ailleurs auteur d’une douzaine d’œuvres. Il émigre dès 1789 et fait certainement imprimer son livre en Suisse. Le zèle royaliste de Ferrand lui vaut les honneurs de la Restauration. Il est anobli, nommé à l’Académie française et fait Pair de France. Surnommé le « Marat Blanc », il s’illustre comme ardent défenseur de la politique « Ultra ». L’édition de Jordan est l’originale. Mais son exemplaire présente malheureusement des mouillures et la reliure n’est pas en très bon état. Il saura cependant séduire un collectionneur d’ouvrages traitant de la Révolution ou un curieux désireux de connaître un autre son de cloche que celui distillé depuis la IIIème République.
Comptez entre 100 et 200 €.
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