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UN RETOUR AUX SOURCES AVEC CHOMO

Jeudi 07 janvier 2016

La Tribune de Tours, Alexia Mellier

EXPOSITION Au dernier étage du Château de Tours, planant au- dessus des œuvres de Robert Capa, une exposition intitulée « Faites un rêve avec Chomo ! » invite, jusqu’au 14 février, à ouvrir son esprit sur un autre monde, celui d’un artiste inclassable, Roger Chomeaux.
Par Alexia MELLIER.



Chomo, artiste de la décroissance, est à découvrir jusqu’au 14 février au Château de Tours. Photo : © Laurent Danchin, Chomo et Mickey, c. 1980.


Chomo était un artiste savant. De formation académique à Valenciennes et à l’école des Beaux-Arts, il savait aussi bien peindre, que dessiner, que sculpter… ». Aymeric Rouillac, commissaire de l’exposition et passionné d’art, commence ainsi la visite de l’exposition des œuvres de Roger Chomeaux (1907-1999), alias Chomo, à voir jusqu’au 14 février au Château de Tours.

Des peintures, des sculptures ou encore un tapis sont autant de preuves irréfutables de son talent. Il y a aussi ces dessins, témoins des dommages de la guerre sur les hommes, que Roger Chomeaux a réalisés à sa sortie d’un camp de prisonniers gardés par des Allemands et qu’il quitta en simulant une surdité. « Après ça, Chomo ne sera plus le même, note Laurent Danchin, critique d’art, écrivain et ancien ami de l’artiste. Il change de vie. Il dévie de la pratique académique pour tomber volontaire- ment dans le primitivisme ». D’un dandy « artiste décorateur » pour une fi rme de tapis, il se transforme en artiste décroissant en se « décrottant des académies » pour, à travers l’art, « concrétiser du rêve ». « Mais il paiera cher sa liberté créatrice, poursuit son ami. Rejeté par les galeries, par la société, il se rejette lui-même dans la forêt ».

Après une unique exposition en mai 1960, pourtant réussie, Chomo s’isole, édifie, au milieu de la forêt de Fontainebleau, son « Village d’Art Préludien ». Il y vit en ermite, sans eau ni électricité, au plus proche de la nature qui lui fournit la matière première, brute, de ses œuvres. Il redonne une raison d’être à ces matériaux, rebuts – comme lui – de la société (bois, boîtes de conserves, grillages à poules, amas de vaisselle cassée, jouets d’enfants, parpaings, etc.). Il fait de ces déchets des chefs- d’œuvre « sauvés » des affres du temps et aujourd’hui exposés au Château de Tours (1).
Cette exposition réunit aussi de nombreuses photographies, vidéo et écrits qui sont autant de pans de l’univers de Chomo. Le visiteur parcourt ainsi son monde comme il visiterait un autre pays. Un pays étrange(r) qui aurait son propre langage, sa propre architecture, son patrimoine – l’Église des Pauvres, le Remorqueur réfrigéré, le Sanctuaire de bois brûlés –, sa propre façon de penser, de concevoir la vie et d’écrire – Chomo écrivait en phonétique –… En somme, le visiteur découvre les mœurs culturelles de Chomo !

L’artiste fut parfois comparé au « facteur Cheval » qui, en 1879, a construit, seul, un palais de rêve dans son potager, inspiré de la nature et fait de pierres qu’il ramassait lors de ses tournées ! Comme Ferdinand Cheval, Chomo était un incompris, un loup solitaire – un peu fou semble- t-il –, mais qui avait trouvé sa place et sa raison d’être dans la nature de Fontainebleau où il vécut 40 ans jusqu’à sa mort en 1999. Certains diront de Chomo qu’il y a gâché son talent. D’autres, c’est notre avis, que c’est dans cette forêt qu’il l’a exprimé pleinement...

PRATIQUE « Faites un rêve avec Chomo ! », jusqu’au 14 février au Château de Tours, 25 avenue André Malraux, Tours. Ouvert du mardi au dimanche de 14 à 18h. Entrée : 3€/1,5€. Visites guidées sur demande : 02 47 61 22 22.

(1) Le « Village d’Art Préludien » a fait l’objet d’une campagne de sauvetage au cours de l’été 2015.
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