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Orangerie de Cheverny pour la 17ème année - Hippomobilia - Tableaux - Bel ameublement

 
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Lot 58C

Les portraits, Cézanne

Cézanne, nous confie Vollard (En écoutant Cézanne, Grasset, 2003, p.92), " se servait pour peindre de pinceaux très souples, rappelant la martre et le putois. Il les lavait après chaque touche dans un pincelier rempli d'essence de térébenthine (...) Ne peignant pas en pleine pâte, mais mettant les unes sur les autres des couches de couleurs aussi minces que des touches d'aquarelle, la couleur séchait instantanément..."
Notre portrait de Pellerin en est la brillante illustration : fines touches souples, formant des apparitions quasi-fantomatiques qui se noient dans la toile.

Le portrait d'Auguste Pellerin s'inscrit dans la tradition des portraits d'hommes de Cézanne. Traditionnellement, il multipliait les temps de pose afin de capter le réel, essentiel, simplifié.

"Durant de nombreuses séances, Cézanne, paraît-il, donnait à peine quelques coups de pinceau, mais ne cessait de dévorer des yeux son modèle", écrit Joaquim Gasquet (Cézanne, Bernheim-Jeune, 1921, p.57).

Ainsi Cézanne a montré un Vollard attentif, qui semble réfléchir ou écouter, une revue à la main ; comme souvent, le visage et les mains sont peu travaillés. D'ailleurs, malgré d'innombrables séances de pose, l'ensemble a gardé un caractère esquissé. De même, dans son portrait d'Achille Emperaire, en 1869-1870, le modèle est représenté pensif et tranquille, les yeux mi-clos.

La recherche est aussi celle de l'inscription du modèle dans l'espace du tableau. Il inscrit ses modèles dans des pyramides ou des constructions géométriques. L'homme aux bras croisés peint également vers 1899, malgré ses distorsions qui préfigurent le cubisme, s'inscrit dans une géométrie pyramidale.

Enfin, son modèle et acheteur, Auguste Pellerin, est représenté conformément à une recherche longue et patiente du peintre. Comme souvent, le visage reste esquissé, préfigurant, comme l'attitude d'ensemble, les recherches cubistes : angle du bras replié, épaules carrées, poche du veston rectangulaire. Cézanne soumet Pellerin à une impérieuse simplification des volumes.

Il dégage élégance et hiératisme, les yeux mi-clos, tenant un livre ouvert, comme Monsieur Vollard et ce, dans la tradition des portraits "publics" peints par Cézanne. Pour représenter ces modèles qui ne font pas partie de son cercle intime, le peintre s'appuie donc sur la tradition historique du portrait. En cela ce portrait de Pellerin dans la tradition classique, est de facture pré-cubiste, au seuil de l'abstraction.

Rappelons qu'il est revenu à Henri Matisse d'exécuter un "portrait fini" de Pellerin en 1917.

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