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Orangerie de Cheverny pour la 17ème année - Hippomobilia - Tableaux - Bel ameublement

 
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Lot 58B

Auguste PELLERIN (1852-1929)

Sa vocation de collectionneur commença dans les pays scandinaves. Des porcelaines, faïences, pièces de cristal tout d'abord et la peinture ensuite, surtout la peinture.

Auguste Pellerin, grand industriel installé en France est aussi esthète. Sa fortune vient de la margarine Tip. Lorsqu'il crée ses usines en Norvège, en Suède, au Danemark, en Allemagne, en Angleterre et en France, il s'intéresse déjà à la peinture. Celui qui deviendra, de 1906 à sa mort, "Son Excellence le consul général de la Norvège en France", choisit avec discernement ses toiles.

Des toiles de Vollon et Henner tout d'abord, Corot ensuite, les Impressionnistes et Manet en particulier : ses goûts évoluent, sa collection également. Car il ne souhaite pas accumuler les tableaux. Aussi revend-il ses oeuvres de Manet pour acheter celles de Cézanne, à la grande surprise de ses amis. Pas de spéculation, mais l'oeil d'un collectionneur passionné. Il acquiert son premier tableau de Cézanne "Léda et le cygne" en 1895 chez Vollard. Sa passion pour ce peintre ne le quittera plus.

En 1899, au moment de la réalisation du portrait d'Ambroise Vollard, célèbre marchand, Cézanne projette de réaliser le portrait de Pellerin. L'esquisse est réalisée. Mais le tableau est resté inachevé en raison d'un litige entre le peintre et le modèle. Pour mieux comprendre les relations que le peintre pouvait entretenir avec ses modèles, Maurice Denis rapporte dans son journal, le 21 octobre 1899, les conditions que Cézanne faisait subir à A.Vollard : "Vollard pose tous les matins chez Cézanne, depuis un temps infini. Dès qu'il bouge, Cézanne se plaint qu'il lui fasse perdre la ligne de concentration (...) S'il fait du soleil, il se plaint et travaille peu : il lui faut le jour gris". Ambroise Vollard lui-même décrit, dans sa biographie, ses séances de pose : "Les séances avaient lieu le matin à huit heures et duraient jusqu'à onze heures et demi". Il décrit la nervosité de Cézanne, son besoin de silence absolu et sa concentration pendant les quelques cent quinze séances de pose.

Auguste Pellerin a certainement subi le même traitement, au cours de cette année 1899, ce qui expliquerait son différend avec Cézanne et le fait que la toile est restée à l'état d'esquisse. Vollard confie "on m'avait dit que Cézanne faisait du modèle son esclave : je ne l'ai que trop éprouvé...il usait du modèle comme d'une simple nature morte" ; le caractère entier et peu souple de l'industriel de la margarine ne pu s'accommoder du caractère tout aussi fort de Cézanne.

Auguste Pellerin reste l'un des tout premiers acheteurs de Cézanne. Sa passion pour l'artiste l'a amené à se constituer une importante collection. À sa mort, en 1929, il laissa quatre-vingt douze peintures de Cézanne, dont vingt et une sont soit exposées comme donations au musée d'Orsay (10), ou dans les musées français (11) soit données à l'État avec réserve d'usufruit.

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