Lot 400

JEAN JÉGU 1918-2003

Un brillant magistrat, collectionneur éclairé de bronzes.

D'une famille de droite catholique marquée par la chouannerie, avec une ascendance paternelle dans la banque, après un diplôme supérieur de droit obtenu à Poitiers, Jean Jégu embrasse tout d'abord la carrière d'avocat. Puis délégué du Ministre de la Justice en 1944, comme directeur-adjoint de l'administration pénitentiaire il assiste à l'exécution capitale de Pierre Laval, ce qui le marquera à jamais - et est responsable de la sécurité du maréchal Pétain à l'Ile d'Yeu.
La magistrature debout ensuite l'accueille, faisant un véritable tour de France des différents parquets. Entrecoupé d'un intermède de magistrature militaire à Oran comme procureur général, avec le grade de lieutenant-colonel. Il est successivement nommé à Laon, Annecy, Lyon, Saint-Marcellin, Verdun, Paris...Procureur général de Lyon entre 1973 et 1976 il est au coeur des affaires sensibles, et est appelé à la Cour de Cassation en 1976, puis à la prestigieuse première chambre civile en 1985.
Le point d'orgue de sa carrière est sa nomination au Conseil Supérieur de la Magistrature.
Croix de la valeur militaire, chevalier des palmes académiques ; la cravate de commandeur de l'ordre national du Mérite lui est remise par le président Mitterrand, il est fait officier de la Légion d'honneur : autant de décorations que d'éminentes qualités professionnelles reconnues par tous.

Parallèlement, Jean Jégu est un collectionneur dans l'âme de tableaux, objets de curiosités et surtout de bronzes. Son appartement boulevard Soult à Paris devient bientôt un petit musée du bronze français du XIXème siècle. Il y consacre revenus, fait des recherches poussées, achetant le plus souvent chez les antiquaires ou en ventes publiques.
La collection devient peu à peu sa passion et les bronzes les enfants qu'il n'aura pas eu. De culture humaniste, les bronzes de Jean Jégu sont à son image : sujets humains, de facture classique, formant une collection homogène.
En décembre 2003 il s'éteint chez lui veillé par ses objets. Ses héritiers ont voulu livrer aux enchères cette collection de plus de 80 bronzes, sans prix de réserve, souhaitant comme pour les Goncourt que la joie qu'il avait eu à les réunir se répande sur de nouveaux amateurs, de belles patines et sujets recherchés.