FR
EN

ARTS+DESIGN #9

 
Consulter les détails de la vente

Lot 281

Concorde Maquette de soufflerie, c. 1964 Acier à l'échelle 1/75....
Concorde Maquette de soufflerie, c. 1964 Acier à l'échelle 1/75....
Concorde Maquette de soufflerie, c. 1964 Acier à l'échelle 1/75....
Concorde Maquette de soufflerie, c. 1964 Acier à l'échelle 1/75....
Concorde Maquette de soufflerie, c. 1964 Acier à l'échelle 1/75....
Concorde Maquette de soufflerie, c. 1964 Acier à l'échelle 1/75....
Concorde Maquette de soufflerie, c. 1964 Acier à l'échelle 1/75....
Concorde Maquette de soufflerie, c. 1964 Acier à l'échelle 1/75....

Concorde

Maquette de soufflerie, c. 1964

Acier à l'échelle 1/75.
Réseau électrique et peinture luminescente.

Pièce unique.

Haut. 15 Long. 95 Larg. 43 cm.

Provenance : vente à Paris, Christie's, 27 novembre 2007, n°390.

Les tests de soufflerie du Concorde par l'Onera, 1963

Maquette de soufflerie du Concorde

Le Concorde est l’avion ultime du XXe siècle, l’incarnation de ce que la recherche scientifique a pu offrir de plus avancé à la société civile : permettre des vols civils supersoniques entre 1976 et 2003. Conçu conjointement à partir de 1962 par les sociétés Sud-Aviation (France) et British Aircraft Corporation (Royaume-Uni), son développement mobilise des moyens considérables, relevant pour certains du secret défense. Le KGB active alors ses agents pour alimenter en informations sensibles les ingénieurs soviétiques qui conçoivent, au même moment, le Tupolev Tu-144.

En France, c’est à l’Office national d’études et de recherches aérospatiales (Onera) qu’est confiée la réalisation des études aérodynamiques, menées sur des maquettes en soufflerie ou sur bancs d’essai, avant d’envisager le premier vol du prototype. L’Onera apporte des contributions majeures au programme, tant sur le plan aérodynamique que structurel et des matériaux.

Le centre de recherche participe ainsi, pour Sud-Aviation, à la définition de la forme des ailes delta, des entrées d’air, des tuyères propulsives, ainsi qu’à l’étude de l’effet de sol et du givrage. Il conçoit également des profils adaptés au vol de croisière à Mach 2, assurant un équilibre optimal à haute altitude.
Concrètement, cette optimisation aérodynamique permet d’accroître la capacité du Concorde de 20 %, soit une vingtaine de passagers supplémentaires, grâce à une prise d’air agrandie. Elle améliore aussi les performances à basse vitesse — phases traditionnellement critiques pour un avion supersonique — et permet de vérifier la résistance thermique et structurelle de l’appareil à des vitesses élevées et à de fortes variations de température, notamment par l’étude de l’échauffement cinétique. Ces essais se déroulent à partir d’octobre 1964 dans les différentes souffleries de Modane et de Cannes.

Comme l’indiquait le commandant Édouard Chenel, légendaire pilote du Concorde puis chef du personnel navigant technique, lors de la vente de cette maquette en 2007 :
« Chaque maquette est conçue spécifiquement pour une mission précise, portant soit sur le vol, soit sur l’écoulement. Elles diffèrent toutes, soit par leur forme au début du programme, soit par leur taille. Celle présentée ici fut réalisée sur mesure, en un seul exemplaire. »

Composée de trois éléments, avec son nez articulé, destinée à être emmanchée sous l'empennage dans la soufflerie, cette maquette présente une aile perforée plusieurs dizaines de fois et intègre des circuits électriques recouverts d’une peinture luminescente anciennement reliés à l'intérieur de son fuselage. Les perforations témoignent de probables essais sur l’écoulement des fluides dans la soufflerie à rafales comprimées de Modane, tandis que les systèmes électriques, vraisemblablement reliés à des thermocouples, et la peinture thermosensible mesuraient l’échauffement local du matériau pour évaluer les coefficients de transfert de chaleur.

Malgré les températures très basses en altitude (–55 °C dans la stratosphère), les composants du Concorde chauffaient fortement en raison de la vitesse supersonique : les pointes avant atteignaient environ 120 °C, la température du carburant en fin de croisière avoisinait 70 °C, et celle des injecteurs pouvait monter jusqu’à 150 °C, interdisant de fait les trop longs trajets.

Rare témoin des origines du mythique avion supersonique, survivante du démantèlement du programme Concorde et des ventes qui ont suivi en 2003, cette maquette constitue à la fois un objet scientifique, dans ce que le design a de plus noble, un objet d’art dans son acception la plus pure et un véritable objet pour l'Histoire.

Aymeric Rouillac

Adjugé : 110 000 €

Pour aller plus loin
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :