MANUSCRITS & LIVRES
Lot 261
[Guerre 1870-1871 – Commune de Paris] 1000-2000
MANUSCRIT INEDIT D’ALPHONSE VANDEN CAMP, ANARCHISTE ET LIBERTAIRE, DURANT LA COMMUNE DE PARIS, 1871
Manuscrit titré « Souvenirs personnels pour servir à l’histoire de la Commune par Alph. Du Camp, ex-membre du Comité central de la Garde nationale de Paris et du gouvernement insurrectionnel du 18 mars », 161 feuillets in-8 écrits seulement au recto (manque la page 18 et 101, accdts).
Récit historique inédit et unique, relatant en détail les événements vécus par Alphonse Du Camp durant la Commune de Paris, divisé en 25 chapitres : 1/ Origine du Comité central ; 2/ Le coup d’état du 18 mars ; 3/ Le comité central à l’hôtel-de-ville ; 4/ La sortie du 2 avril ; 5/ Comment M. Thiers faillit être enlevé ; 6/ Le comité central et la Commune ; 7/ Basile à la rescousse ! ; 8/ Incident tragi-comique ; 9/ Quelques profils révolutionnaires ; 10/ Horrible conspiration dévoilée ; 11/ Rossel ; 12/ Au comité de salut public ; 13/ Les femmes à la préfecture ; 14/ Une nuit terrible ; 15/ De Charybde en Scylla ; 16/L’homme prédestiné ; 17/ Au feu ! ; 19/ Au onzième arrondissement ; 20/ Nouvelle arrestation ; 21/ Une intervention miraculeuse ; 22/ Les pétroleuses ; 23/ Où il sera parlé d’un poète lyrique et du café Médicis ; 24/Calme après l’orage ; 25/ Le dossier.
Alphonse Du Camp est l’un des nombreux pseudonymes favoris usités par Alphonse Vanden Camp (1833-1901) de son vrai nom, journaliste, publiciste, parolier, anarchiste devenu Communard au lendemain de l’insurrection du 18 mars 1871. Né en 1833 en Belgique, Alphonse Vanden Camp, dit Alphonse Du Camp, Abraham Désiré Varet, Jean de Renaud, De Perceval, Legrand, Camille Soubise, etc, lance à 19 ans à Bruxelles son premier journal, une feuille hostile aux élites (clergé et noblesse) et proche des idées socialistes de Charles Fourier. En 1856, il devient rédacteur en chef du « Libre Penseur » et collabore à différents journaux sous divers pseudonymes dont le « Courrier de Charleroi ». Condamnés par défaut à de la prison dans différentes affaires dont port public de faux nom, il quitte son pays natal pour s’installer à Paris où il continue de mener des affaires douteuses et écrit des textes aux éditeurs de chansons populaires sous divers pseudonymes.
En 1871, il est un membre influent du Comité central de la Garde nationale sous le nom de Du Camp, et signe en cette qualité diverses pièces importantes telles que la Proclamation du Comité central au Peuple de Paris en date du 5 avril, le décret d’organisation en date du 9 avril 1871 indiquant les diverses attributions et fonctions des cercles de bataillon, de légion, etc. Du Camp fut également membre du Conseil de la XVIIe Légion et secrétaire de la Commission municipale du XVIIe arrondissement. Arrêté pour fraude, il parvient à se disculper. Soupçonné d’être un mouchard, il est sauvé par la chute de la Commune. Le 23 avril 1873, le 6e conseil de guerre le condamne par contumace à la déportation en enceinte fortifiée. Arrêté quelques jours plus tard (ou s’étant rendu aux autorités), Vanden Camp fait sans doute la preuve de son double jeu puisqu’il est aussitôt rejugé et acquitté le 23 mai par le 4e conseil de guerre. Il rentre alors en Belgique et se retrouve encore devant les tribunaux. Il est condamné en 1874 à trois mois de prison pour usage de faux noms, malgré ses tentatives de se présenter… sous une autre identité ! En 1879, il retourne définitivement à Paris où il gagnera sa vie en composant le texte de nombreuses chansons. En 1887, il lance une éphémère revue littéraire et artistique, La Muse française. En 1892, il publie un recueil de poésies, Les Lunes bleues, sous le nom de Camille Soubise, le nom sous lequel il était désormais connu et qui paraîtra sur le faire-part de son décès en 1901.
Ce témoignage inédit de première main nous plonge littéralement au cœur de la ville assiégée, côtoyant les militants communards comme Eugène Varlin (1839-1871) « Le 17 mars au soir nous assistions tranquillement Varlin et moi, à une réunion des délégués du dix-septième arrondissement où nous étions domiciliés tous deux ; vers minuit un citoyen vint nous annoncer que des mouvements de troupe inquiétants avaient lieu et que le gouvernement préparait une attaque contre Montmartre (…) vers six heures du matin on heurta violemment à ma porte ; je courus ouvrir ; c’était Varlin déjà levé et en tenue de garde national. Je compris immédiatement à son air grave et soucieux qu’il venait m’annoncer quelque nouvelle fâcheuse (…) que notre artillerie de Montmartre était prise et les buttes occupées militairement (…) Dans la rue les passants s’abordaient avec stupeur… » ; Louis Rossel (1844-1871) « je revins en toute hâte à la mairie des Batignolles où je trouvais Rossel en train de rédiger une proclamation. Après l’avoir signée il me la tendit : Lisez me dit-il ce sont mes adieux à la Légion ! Je pris connaissance de ce factum et à mesure que j’avançais dans cette lecture, l’étonnement, la colère, l’indignation se peignaient successivement sur ma figure. (…) Dans cette étrange proclamation il reprochait aux hardes nationaux leur indiscipline, leur manque de courage et surtout leurs habitudes d’ivrognerie, il terminait en leur jetant sa démission à la face, comme une suprême injure ! Certes il y avait du vrai dans ses reproches mais était-il politique d’afficher et de révéler à nos ennemis le secret de notre faiblesse ? Assurément non. J’en fis l’observation à Rossel qui ne voulut rien entendre (…) glissa sa proclamation dans une large enveloppe à l’adresse de l’imprimeur Hennuyer (…) la tendit par-dessus ma tête au jeune Dombrowski, son aide de cap et le seul témoin de cette scène. Mais soudain me levant d’un bond je saisis la lettre au passage et tirant un révolver de ma ceinture : Colonel Rossel, m’écriai-je hors de moi, ceci est agir en traitre… je vous arrête ! (…) J’ai raconté cette arrestation de Rossel dans tous ses détails, parce qu’ils sont complètement ignorés ; les historiens de la Commune en parlent vaguement et en ignorent les motifs, comme ils ignorent du reste, tant d’autres faits intéressants, entr’autres celui que je vais vous raconter [le projet d’enlèvement d’Adolphe Thiers chef du gouvernement]... » ; son regard critique sur le Comité central « J’ai dit que la division s’était glissée au sein du comité central dont les membres se défiaient les uns des autres ; étroitement unis avant la victoire, après, comme il arrive souvent, ils se regardaient en frères ennemis. Ainsi le citoyen Assi [Adolphe Assi (1841-1886] nommé gouverneur de l’Hôtel de Ville s’isolait de plus en plus de ses collègues et cherchait à substituer peu à peu son autorité à celle du Comité central (…) Grisé par le succès, aveuglé par l’ambition, dévoré de la soif des jouissances et lâchant la bride à ses convoitises malsaines, l’ancien agitateur du Creusot oubliait toute retenue et toute mesure et se croyait déjà maître du pouvoir (…) une telle situation devenait intolérable : Assi fut arrêté à son tour et remplacé par le jeune Pindy [Jean-Baptiste Pindy (1840-1917)] (…) A partir de ce moment je fus assailli par les plus sombres pressentiments. Je voyais que l’on faisait fausse route (…) J’annonçais l’intention de me retirer ; mais je dus céder aux sollicitations de mes amis, parmi lesquels se trouvaient le docteur Tony Moilin [(1832-1871)] et le capitaine Marceau ; je restai… » « On croit généralement que le comité central a fait à la Commune une opposition systématique, dans le but inachevé de ressaisir le pouvoir qu’il avait volontairement abandonné. C’est là une grave erreur contre laquelle je ne saurais trop m’élever (…) Pendant cette période agitée, je fus tout particulièrement en butte aux attaques sans cesse renaissantes et aux calomnies venimeuses de la minorité de la Commune et de ses partisans. Voici à quel propos je m’attirai cette persécution ; certain soir au Club des Batignolles, le citoyen Emile Clément membre de la Commune ayant déclaré que l’ouvrier devait remplacer le bourgeois et le déposséder, je protestai avec force contre une pareille ineptie, contre un aussi dangereux sophisme (…) Cette sortie violente causa une agitation extrême et peu s’en fallut qu’on n’en vint aux mains. Il va sans dire qu’à partir de ce jour je passai pour un réactionnaire excessivement dangereux, pour un agent de Pitt et Cobourg ! (…) on répandit contre moi dans le public les calomnies les plus odieuses (…) m’accusa d’avoir dilapidé les fonds de la municipalité pendant mon court passage à la mairie des Batignolles comme délégué du comité central ; on alla plus loin encore : on me fit passer pour un ancien agent bonapartiste, pour un mouchard de l’Empire !!!... » ; anecdote inédite au cours du vote qui se déroula au sein du Conseil de la Légion (Vergès, Fabrègue, Mulay…) ; journée du 21 mai 1871 avec l’entrée des troupes versaillaises dans Paris ; les incendies « Tout en causant de nos espérances déçues, de nos projets avortés, de cette révolution qui, dans notre pensée, devait affranchir tous les opprimés, et sui à peine à son aurore allait s’éteindre misérablement noyée dans le sang, nous approchions de la barrière du Trône (…) De ce point élevé d’où l’on découvre presque tout Paris, nous jetâmes un regard plein de tristesse sur cette ville immense, déchirée à cette heure par les fureurs de la guerre civile. Avec quelle douloureuse et profonde émotion nous contemplions le spectacle de ces incendies allumés par des mains inconnues, et qui, sur les deux rives de la Seine, lançaient vers le ciel leurs gerbes de flammes et leur noire fumée ! Ah ! si du moins elles n’avaient dévoré ces flammes vengeresses, que ce repaire de toutes les tyrannies, que ce lupanar infect, que ce coupe-gorge royal appelé le palais des Tuileries ! certes en voyant s’écrouler ces murs lépreux, en voyant s’effondrer ce dôme qui, après avoir orbité le front du premier Bonaparte, n’eut pas même l’esprit de se laisser choir, au bon moment, sur la tête peu césarienne du troisième Napoléon ; oui certes nous eussions battu joyeusement des mains ! Mais hélas ! que d’autres ruines amoncelées autour de celle-là sans compter l’hôtel de ville en feu !... » ; ses multiples arrestations « En approchant de ma demeure, j’avais été reconnu par un fruitier (…) il était allé prévenir les soldats du poste établi rue du Bac (…) il revint accompagné d’une meute hurlante composée de soldats de la ligne des marins et de gardes nationaux du quartier, portant le brassard. Cette foule atterrée de sang se jeta sur moi en poussant des cris de mort, et peu s’en fallut que je ne fusse mis en pièces sur le champ. Je m’entendais retentir autour de moi que les cris de : Tuez-le ! Fusillez-le ! A mort l’incendiaire ! A mort le pétroleur ! C’est bien répondis-je avec un sang-froid qui ne fit qu’accroitre leur fureur, fusillez-moi, c’est votre droit. Mais au moins laissez-moi embrasser ma femme et mon enfant, avant de mourir ! Des huées et des sifflets ironiques couvrirent le bruit de mes paroles. Ta femme ? Ton enfant ? elles ont été fusillées ce matin à l’école militaires ! me répondit un de ces scélérats en me mettant le poing dans le nez… » ; son sauvetage in-extrémis du peloton d’exécution ; etc.
Adjugé : 3 000 €

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