LIVRES ANCIENS & MODERNES
Lot 160
LEVEE GEOMETRIQUE DU COURS DE LA SEINE.
Carte du cours de la Seine depuis sa source jusqu'à son embouchure, levée géométriquement en 1747..
Grand-in folio(825 X 509 mm) renfermant 8 cartes dessinées à l'encre de Chine, lavis d'encre de Chine et aquarelle, montées sur onglet. Plein maroquin rouge. Triple filet droit d'encadrement, fleurs de lys dans les angles ; grandes armes royales sur les plats. Dos à 8 nerfs, fleurs de lys poussées dans les caissons. Large roulette sur les coupes.
Superbe ensemble des cartes du cours de la Seine, dessinées avec une grande finesse, dans un coloris du temps de parfaite fraîcheur.
Il est constitué d' une carte générale intitulée "Carte du cours de la Seine depuis sa source jusqu'à son embouchure, levée géométriquement en 1747", à l'échelle de 20000 toises, mesurant pour le dessin aquarellé 900 X 580 mm ; et de 7 cartes à l'échelle de 6000 toises, mesurant chacune environ 920 X 620 mm, représentant le cours de la Seine divisé en sept sections, en remontant de l'embouchure du fleuve, près du Havre, à la source, près de Aisey le Duc, aujourd'hui Aisey sur Seine.
Les sections, toutes à l'échelle de 6000 toises, sont à peu près les suivantes :
- du Havre à Criquebeuf
- de Criquebeuf à Rolleboise (près Rosny)
- de Rolleboise à Saint-Fargeau, en passant par Paris
- de Saint-Fargeau à Nogent et Chaumont, en passant par la forêt de Fontainebleau
- de Chaumont à Bar sur Seine, en passant par Troyes,
- de Bar à Coulommiers, Chatillon sur Seine et Aigney le Duc
- de Chatillon sur Seine à la source, sur le plateau de Langres.
Aucune des huit cartes n'est signée, ni commentée.
La Bibliothèque Nationale possède un exemplaire identique, mais non relié, lui aussi présenté en huit cartes dont une carte générale, présentées comme suit par L’Institut Paris-Région : « L’ensemble s'appuie sur le canevas de la triangulation de Paris des Cassini, la méridienne et sa perpendiculaire étant bien marquées en rouge et se croisant à l'emplacement de l'Observatoire de Paris ; Les cartes présentent également les confluences avec les affluents principaux ou secondaires, mais avec parfois des omissions (les confluences Marne-Seine et Marne-Oise notamment, qui étaient pourtant importantes pour l'approvisionnement de la capitale) »
Les cartes précédentes de la Seine, comme celle de l’abbé Jean de La Grive, étaient levées à vue.
Les levés présentés ici, portant la date de 1747 et utilisant la triangulation des Cassini, imposent un rapprochement avec l’Ecole des Ponts et Chaussées.
1747 : FONDATION DE L’ECOLE DES PONTS ET CHAUSSEES
En 1716, a été créé par le Régent un Corps des Ingénieurs des Ponts et Chaussées régulièrement appointés.
Daniel-Charles Trudaine (1703-1769), administrateur et intendant des finances, joue un rôle majeur dans la fondation de l’Ecole.
Il crée à Paris en 1743 le Bureau des dessinateurs du Roi, chargés de dresser les plans des routes principales du royaume ; l’année suivante, il est porté à la tête de l’Assemblée des inspecteurs généraux des Ponts et Chaussées, puis il fonde, en 1747, l’Ecole Royale des Ponts et Chaussées, et en confie la direction à Jean-Rodolphe Perronnet (1708-1794), homme des Lumières.
L'Ecole compte 50 élèves... et pas un seul enseignant. On y apprend "par auto-apprentissage" et par enseignement mutuel la théorie de l'hydraulique, de la stéréotomie, de l’art du trait, de la mécanique, de la géométrie, de l’économie, etc...La formation pratique est acquise en participant à des campagnes multiples sur des chantiers dirigées par des architectes, ou par des ingénieurs appartenant au Corps des Ingénieurs des Ponts.
Au cours de leurs études, qui peuvent durer jusqu'à 12 ans, les élèves doivent participer au levé de la carte du Royaume, selon les méthodes de triangulation géométrique des Cassini, ce qui nécessite une parfaite connaissance de la trigonométrie, et une maîtrise du dessin d'architecture et des relevés cartographiques.
Provenance :
Par tradition familiale, l’ouvrage a été offert par Louis XV à Jean-Baptiste de Machault, comte d’Arnouville (1701-1794). Contrôleur général des Finances de 1745 à 1754, en remplacement de Philibert Orry, dont Madame de Pompadour avait obtenu la disgrâce, le comte d’Arnouville était en 1747 un ami intime de Daniel Charles Trudaine, fondateur de l’Ecole Royale des Ponts et Chaussées.
Adjugé : 29 000 €