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Lot 284

[Colonies - Congo - Anthropophagie - Cannibalisme] Ernest Jean Baptiste...

[Colonies - Congo - Anthropophagie - Cannibalisme] Ernest Jean Baptiste DUCQ (1869-1964), sous-officier dans l'infanterie coloniale.
L.A.S. adressée à son capitaine, Bangui, 13 juillet 1897, 7 pages in-8. Intéressant témoignage d'un officier militaire en poste au Congo, et plus particulièrement sur les phénomènes d'anthropophagie.

" Mon capitaine, (…) je suis actuellement au premier poste du Haut Oubangui (poste de Bangui). Je suis dans le centre du pays encore anthropophage et je vous promets qu'il n'y a rien d'amusant (…) Tous les jours nous avons la visite des anthropophages, pas le jour mais la nuit et principalement ces jours où il n'y a pas de lune, nous passons la moitié des nuits blanches à faire des rondes et à crier " sentinelle veillez ". Je ne croyais pas en allant le haut Oubangui, en quittant le Congo français trouver encore ces mangeurs de chair humaine. Il y a quelques jours les noirs de Yacouli (Boudjas) sont venus pour nous surprendre mais les sentinelles nous ayant donné l'éveil nous avons pu prendre nos dispositions. Ce n'est plus l'apprentissage de service en campagne ; c'est l'application en plein du service de nuit. Si encore nous avions des soldats, de bons tirailleurs sénégalais mais nous n'avons que 30 miliciens pour tenir tête à 10 000 Boudjas au moins ; si ces noirs venaient tous ensemble nous serions écrasés par le nombre mais on se défendrait tout de même. En l'espace d'un moins ces Boudjas ont mangé 20 pagayeurs du poste et 5 miliciens dont un tué à coup de pagaïes en plein midi. (…) Je vous assure mon capitaine que pour ma première colonie j'en vois de drôle et je n'ai pas fini d'en voir. Pourvu que je ne sois pas mangé ?
En France on croit le Congo très jolie et qu'il y a des routes à peu près praticables, que les populations sont calmes et que l'on peut traverser tranquillement leurs villages. (…) La rive belge et la rive française depuis le commencement des Boudjas jusqu'à Wado (ce sont tous la même race), ils ont de bons moyens de défense, ils ont des palissades hautes de 2 mètres à 2 m 50, les bois sont très resserrés les uns des autres, le bois est très dur on l'appelle du bois de fer ; leurs villages sont très bien organisés ils ont tous des débouchés sur un bois pour pouvoir se sauver et se cacher dans brousse… "

Ernest Ducq fut engagé volontaire en 1887 et incorporé au 20e bataillon de chasseurs à pied pour 5 ans à Péronne (Somme). Soldat de 2e classe, il gravit très vite les échelons de sous-officier. Il rempile pour 5 ans en 1890 sous le grade de sergent-fourrier. Le 29 septembre 1895 il intègre le 2e régiment d'infanterie de marine et le 25 février 1897 le régiment de tirailleurs sénégalais. Il embarque pour le Congo le 26 février : [extrait de son dossier de chevalier de la légion d'honneur] " Je fis la route des caravanes de Loango à Brazzaville à pied et en 1898 étant en service dans le Haut Oubangui (…) je fis partie de la mission Roulet ayant pour mission la pénétration et l'occupation du Bahr el Ghazal. (…) C'est à la suite de cette campagne de 1897 à 1900 que je fus proposé pour la médaille militaire pour faits de guerre. (…) Notes du capitaine Roulet : Ancien sergent major dans l'armée de terre le sergent fourrier Ducq qui compte 13 années de service, est depuis plus de trois ans dans le Haut Oubangui ; il a rempli dans le grand poste de Bangui, les fonctions de garde magasin et de commandant du détachement de la milice de ce poste, il a pris part à des engagements dans les environs de Bangui et s'y est distingué par son sang-froid et sa décision (1897-1898)… "
Blessé de deux coups de sagaie et d'un coup de feu par les Arabes révoltés en 1901. Servi dans l'administration civile en tant que commissaire central de police en Afrique de 1906 à 1932. Chevalier de la légion d'honneur.

Adjugé : 400 €

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