Lot 338
Alberto GIACOMETTI (Borgonovo, 1901 - Coire, 1966)
[D'après Cimabue : détail de Crucifixion de la basilique de Santa Croce de Florence], vers 1946.
Dessin au crayon et gomme abrasive sur papier vélin.
Mentions manuscrites au crayon au dos : en haut : "14 / 4 T", en bas : "Tête Byzantine / chevelue / 33 x 26 / Vers 1946 / N°15 / As. 50.000 FF".
35,4 x 25,7 cm.
Cette uvre est répertoriée dans les archives de la Fondation Alberto et Annette Giacometti sous le numéro AGD 1714. Elle est munie de son certificat d'authenticité par le Comité Giacometti.
Provenance : don de l'artiste à Tériade, circa 1946. Legs particulier d'Alice Tériade, 2007.
Exposition :
- 1990, Madrid (Espagne), Barcena y Berggruen, "Alberto Giacometti. Treinta dibujos inéditos" (Cabeza bizantina).
- 1990, Tokyo (Japon), Musée Kiyoharu Shirakaba, "Alberto Giacometti", du 27 octobre 1990 au 25 novembre 1990, n° 21 (Série Byzantine-Etude de tête 1946).
Bibliographie :
- Alberto Giacometti. Treinta dibujos inéditos, (catalogue d'exposition à la Galeria Barcena y Berggruen), Madrid, Barcena y Berggruen, 1990, p. 18, ill. p. 18.
- CHIBA Shigeo, USAMI Eiji, Alberto Giacometti, Tokyo, Musée Kiyoharu Shirakaba, 1990, cat. n° 21.
uvre originale :
Cenni di Pepo dit " Giovanni Cimabue " (1240/50-1302), Crucifix de Santa Croce à Florence, vers 1272, Tempera sur bois, 4,48 m x 3,90 m, Museo dell'Opera di Santa Croce, Florence.
Peut-être copié d'après un livre présent dans la bibliothèque d'Alberto Giacometti : CECCHI Emilio (dir.), Cimabue, Rome, Éditions Tumminelli, 1946, planche 55 (détail de "La Crucifixion", Florence, Santa Croce).
Le Crucifix de la basilique Santa Croce à Florence daté de 1272 est considéré comme le premier chef-d'uvre de Cimabue. Giacometti reprend la figure de Saint-Jean, à droite du Christ au pied de la croix (AGD n°1714). Giacometti ne choisit pas de reproduire la figure du Christ, ce qui peut paraître original et inédit. Il cherche à représenter l'émotion, l'expression qui l'a le plus marqué, pour être au plus proche du réel. Son trait de crayon vif et survolté représente la contemplation de Saint Jean dont le regard est étrangement vide.
Comme le souligne l'ouvrage Cimabue de Luciano Bellosi publié en 1998 (BELLOSI Luciano, Cimabue, Arles, Acte Sud Milan, Motta 1998), " L'arête nasale est encore chez la madone, chez Saint-Jean et chez le Christ, marquée par un angle vif qui semble souligner l'articulation cubiste de cette partie du visage... ". Giacometti a bien repris ici la proéminence de l'arête nasale dans un souci de fidélité et de réalisme quant à l'uvre de Cimabue. Il ne choisit pas cependant de reproduire la main près du visage de Saint-Jean dans l'uvre de Cimabue. Ici, c'est l'expression de pathos et de tristesse qui prime sur l'anatomie corporelle.
Giacometti explique : " Pourquoi est-ce que j'ai le besoin, oui, le besoin de peindre des visages ? Pourquoi est-ce que je suis
comment est-ce qu'on peut dire ?
presque halluciné par les visages des gens, et cela depuis toujours ?
Comme un signe inconnu, comme s'il y avait quelque chose à voir qu'on ne voit pas au premier coup d'il ? (Entretien avec Pierre Schneider, juin 1961.)"
Adjugé : 10 000 €