Lot 336
[Architecture]
FONDS D’ARCHIVES DES ARCHITECTES EDOUARD JEAN ET JEAN NIERMANS
Réunion d’archives manuscrites, dessins et photographies en provenance du fonds familial Niermans, dont :
• Édouard-Jean Niermans (1859-1928)
Carnet à dessins à l’italienne, 23,5 x 31 cm, 44 pp., contenant des croquis au crayon réalisés en 1911 et 1912 par Edouard-Jean Niermans d’après des monuments patrimoniaux : Versailles, Louvre, école militaire, etc ; Conventions de réalisations de travaux signées par Édouard-Jean Niermans dont la rénovation et transformation de la salle concert du Moulin Rouge en théâtre cabaret (1902) ; la reconstruction de l’Hôtel du Palais à Biarritz (1903) ; station thermale de Luchon (1906) ; le casino-théâtre de Lausanne (1908) ; immeuble au 37bis promenade des Anglais à Nice conçu pour le comte Charles Lair (1913) ; le Park Palace à Monte-Carlo (1913) ; etc.
« Casino de Beau-Soleil ; façade principale », 13 juin 1906, coupe dressée par l’architecte Édouard-Jean Niermans, 110 x 116 cm ; Le Palais du Soleil, grand casino de la ville de Beausoleil (Alpes Maritimes), construit en ciment armé de style Belle-Époque et inauguré en janvier 1907 ;
Plan d’ensemble de la propriété « Le Paradou », 162 bd de Mont-Boron à Nice appartenant à Edouard-Jean Niermans, 109 x 139 cm ; cette grande villa fut construite en 1920 par l’architecte Robert Chappuis, rachetée et modifiée quelques années plus tard par Edouard-Jean Niermans, la villa fut démolie en 1984/1985 pour laisser place à une résidence de deux immeubles ;
3 dessins paysagers autour de Vannes, 1916, réalisés par Edouard-Jean Niermans ;
11 photos format in-4 du prestigieux hôtel Negresco à Nice, construit par Edouard Niermans, inauguré en 1913, vues intérieures et extérieures, clichés Jean Gilletta, vers 1913 ;
7 photos format in-4 des sculptures en pierre ou en béton de Raoul Josset, sculpteur, élève de Bourdelles : église, statue de Saint Quentin et monument aux morts de Jussy-sur-Aisne, monument aux morts de Fours (Nièvre), Vierge Marie et l’Enfant Jésus, vers 1923-1925.
• Jean Niermans (1897-1989)
Séjour en Allemagne de Jean Niermans en 1913, étudiant en architecture : croquis sur papier et calques de plans et essai de reconstitution, photos des ruines du château de Rheingrafenstein ; croquis sur calque de deux fontaines dans la vieille ville de Nancy, 1914 ;
Une trentaine de croquis de nus et portraits divers réalisés par Jean Niermans, étudiant, probablement à la Grange Batelière ;
3 L.A.S., 1917 et 1918, Farmington et New York, Elisabeth Humphreys, élève de l’école privée Miss Porter’s School, adressée à Jean Niermans, étudiant en architecture, mobilisé en 1917 comme radio dans le 88e régiment d’artillerie lourde ;
Atelier libre d’architecture Umbdenstock-Tournon : maquettes de cartons d’invitation et de menus dont « Souvenir du diner du 7 mars 1925 » signé par plusieurs anciens élèves tels Paul Furiet, Jacques Lucas ; Portrait de Gustave Umbdenstock (1866-1940), architecte, au crayon et rehauts de couleurs, avec envoi « A mon ami en témoignage d’affection du patron G. Umbdenstock », 29 x 23 cm ;
P.A.S., 23 mai 1922, Henri Cain (1857-1937), homme de lettres, peintre et graveur, adressée à Jean Niermans « Mon cher Jean inutile de te dire que c’est à moi que l’on a remis la lettre. Je te prie dorénavant de ne plus mettre les pieds chez, car ce sont des procédés inqualifiables. Si tu es fou, c’est ta seule excuse. », 1 page in-8 ;
Dessin à l’encre de chine réalisé par Jean Niermans avec annotation manuscrite au dos « Dessin pour le concours de Rome de 1929, fait par moi-même et envoyé aux généreux donateurs de boissons », cosignés par les pensionnaires tel qu’André Hilt (1er prix de Rome d’architecture en 1934), 33 x 22,5 cm ;
2 brouillons de lettre, écrite par Jean Niermans de la villa Médicis à Rome : 6 mars 1930, adressée à sa famille, 2 pages ½ in-4 : « Chers et tous amis je n’ai pas voulu vous écrire avant que mon installation à la villa ne fut terminée et surtout sans avoir vu Rome avec un vrai soleil pour pouvoir vous exprimer un réel enthousiasme (…) Maman vous a peut-être raconter mes courses interminables à la découverte de la ville. Je puis les faire maintenant comme un peintre et m’arrêter pour voir jouer la lumière sur les vieilles pierres qui ne sont plus des documents d’archéologues mais qui deviennent avec cette patine que les temps leur ont gravé une véritable chose vivante… » ; adressé à Emmanuel Pontremoli (1865-1956), architecte : « Mon cher Maître (…) ma joie aussi très grande de me trouver à la villa dans un cadre extraordinaire, dans un palais et un jardin étonnant (…) Je ne veux pas oublier mon cher maître que c’est grâce à vos conseils éclairs que je suis arrivé ici et à vivre cette vie superbe, je vous en conserve une très vive reconnaissance (…) c’est un peu l’atmosphère de l’école, de votre atelier que je retrouve ici. » ;
L.A.S., Denys Puech (1854-1942), sculpteur et directeur de l’Académie de France à Rome de 1921 à 1933 ;
Env. 50 L.A.S. et L.S., 1922-1933 reçues par Jean Niermans, dont correspondances de : sa mère Louise Héloïse Dewachter écrites notamment du domaine et château familial de Montlaur (Aude), son frère Edouard-Georges (1904-1984), architecte associé dans leur cabinet nommé « Les Frères Niermans » fondé au lendemain du décès de leur père, sa sœur Hélène Niermans (1901-1988) ;
Gilbert Poillerat, Ferronneries d’art, éditées par les Ets Baudet, Donon et Roussel à Paris. 19 pl. in-4 dans une pochette d’édition présentant les réalisations de Gilbert Poillerat (portes d’entrée, rampes, grilles…). Rare documentation ;
Photo portrait d’identité d’Edouard Niermans ;
Livret promotionnel du cabinet d’architecture « Les Frères Niermans », intitulé "Travaux d'architecture", illustré de 10 plans de travaux d’architectures réalisés dans l’entre-deux-guerres. Strasbourg, EDARI, in-4° ; cartonnage de parution, avant 1940 ;
Carnet, 11 pp. in-8, Menu d’un repas organisé à l’atelier Niermans, illustré de dessins humoristiques au feutre et rehaussées de couleurs, légendés, avec un texte introductif « Cher patron, nobles & vénérables anciens camarades nouvos, Voici le menu de ce jour mémorable, 7 juillet 1951 qui marque le premier diner du patron en l’atelier Niermans ! Notez je vous prie… »
L.A.S., 30 décembre 1951, Haqvin Carlheim-Gyllensköld (1899-1997), architecte et écrivain suédois, adressée à Jean Niermans, 1 page in-4 : « (…) je garde un bon souvenir de ma visite à votre bureau et d’un déjeuner charmant chez vous. C’était pour moi très intéressant de voir le bureau d’un grand architecte moderne à Paris, ses œuvres et sa manière d’organiser son travail ainsi que la très belle maison qu’il a bâti pour lui-même. Je me rappelle que vous, architectes français et les femmes françaises, s’intéressaient à la manière suédoise de parer les habitations avec des plantes en pot… » ;
Plan de la propriété appartenant à Jean Niermans à Arronville (Seine-et-Oise) ;
Ville de Puteaux : Brochure inaugurale du groupe scolaire Marius Jacotot ; « Hotel de ville de Puteaux, édifiée en 1931-1933 par les frères Niermans », brochure inaugurale ; Bulletin municipal du 24 juin 1934 ;
Reconstruction de la ville de Dunkerque :
- 18 photos, formats divers, en majorité représentant la maquette de l’ilot « ISAI Sainte Barbe », et 4 clichés de phase constructions, février et mars 1949 ; Jean Niermans fut nommé en 1946 architecte en chef pour la reconstruction de Dunkerque, détruite à 70% lors des bombardements successifs de la Seconde Guerre mondiale, dont la construction d’immeubles sans attribution individuelle (ISAI) sur l’ancien emplacement de la caserne Jean Bart ;
- Louis Leygue (1905-1992), projet de sculpture, croquis au crayon et encre de chine, 21 x 13 cm ; cette sculpture fut réalisée en façade de l’ISAI Sainte-Barbe, intitulée « Maçon de la Reconstruction » ;
Réalisations architecturales du cabinet des frères Niermans, puis du cabinet de Jean Niermans associé à son fils Michel Niermans après 1963 : « Plans de quelques œuvres de Jean Niermans, premier grand prix de Rome », 3 porte vues in-4 et 3 classeurs contenant env. 220 clichés photographiques, formats divers, en NB et couleurs, années 1945-1970, représentant les plans et les réalisations abouties dont l’École Nationale d'Enseignement Technique (Lille), Centre Municipal des Sports Robert Grenon (Tours), HLM et groupe scolaire Marius Jacotot (Puteaux), Théâtre Municipal de Dunkerque, salles publiques de la Maison de la Radio à Paris, salle de Spectacle du Palais de Chaillot ; lycées, collèges, CES à Lille, Wallers, Condé sur Escaut, Roubaix, Tourcoing, Hazebrouck, Pont Sainte Maxence, Gouvieux, Grand Quevilly, La Celle Saint Cloud, Chatillon sous Bagneux, Drancy ; etc.
Joint : Lot de revues de la Belle-époque ; Gournay (Isabelle), Le nouveau Trocadéro. Institut français d’architecture. Bruxelles, Mardaga édit., 1985. Broch. 239 pp. in-4.
L’architecture est une tradition familiale chez les Niermans. Le grand-père, Gerrit Doorwaart Niermans (1807-1871), est architecte aux Pays-Bas dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Le père, Edouard-Jean Niermans (1859-1928), suit les traces paternelles. Il s’installe à Paris à la fin du XIXe siècle et se consacre à l’architecture à partir des années 1890. Il est l’auteur de plusieurs brasseries et théâtres à Paris et travaille également beaucoup à Nice. Ce goût pour l’architecture se transmet ensuite à ses deux fils : Jean (1897-1989) et Edouard Niermans (1904-1984).
Jean Niermans est mobilisé durant la Première Guerre mondiale et prend part aux campagnes de la Somme, des Flandres et de la Champagne entre 1916 et 1918. Démobilisé en 1919, il est admis à l'École des beaux-arts en mars 1920. Il est successivement élève de Gustave Umbdenstock, Paul Tournon et Emmanuel Pontremoli.
Jean et son frère Edouard travaillent en collaboration avec leur père qui décède en 1928. Les deux frères fondent alors leur propre cabinet d’architecture : « Les Frères Niermans ».
En parallèle, Jean, diplômé d'architecte en 1928 et après avoir été plusieurs fois logiste, remporte le premier Grand Prix de Rome en 1929 sur un programme de palais pour l'Institut de France. Pensionnaire de l'Académie de France à Rome, il consacre ses envois de 2e et 3e années à l'étude de l'habitation privée dans l'Antiquité.
En 1930, les frères participent au concours d’architecture pour la réalisation du nouvel hôtel de ville de Puteaux, qu’ils remportent. C’est le début d’une longue collaboration avec Puteaux, architectes de l’école Marius Jacotot, de l’hôpital, de la piscine de l’île, des HLM Lorilleux et de la crèche-école Félix Pyat.
Les frères Niermans réalisent également l’hôtel de ville d’Alger, la salle de spectacle du Palais de Chaillot à Paris, trois auditoriums de la Maison de la Radio (en collaboration avec Louis Leygue, Gilbert Poillerat, Raymond Subes), le lycée Eugène Delacroix de Drancy et le théâtre de Dunkerque notamment. L’association des deux frères prend fin en 1963.
Jean Niermans poursuit son travail à Dunkerque et se consacre à la reconstruction de la ville par suite des bombardements de la Seconde Guerre mondiale.
Après 1963, Jean Niermans construit, en association avec son fils Michel Niermans, de nombreux établissements scolaires, dans la région parisienne et dans le nord de la France.
En tant qu'architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux, Jean Niermans a en charge l'entretien du ministère des Affaires étrangères, du ministère de la Marine et de l'Arc de triomphe de l'Étoile.
Sold: 850 €