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ARTS+DESIGN #6

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Lot 1
Pablo Picasso (Espagnol, 1881-1973)
Petite chouette, 1949

Pichet en terre de faïence partiellement vernissée.
Cachets : "Madoura plein feu" et "D'Après Picasso".
Édition de 200 référencée par Alain Ramié sous le n°82 de son catalogue.

Haut. 13,5 cm.
(égrenure sous le talon)

Provenance : collection de l'Isère, acquis à Juan-les-Pins dans les années 1950-60.

Bibliographie : Alain Ramié, "Picasso : Catalogue of the Edited Ceramic Works 1947-1971", éditions Madoura, Vallauris, 1988, n°82.

Installé dans le sud de la France avec sa compagne Françoise Gilot depuis la fin de la guerre, Pablo Picasso découvre la production des époux Suzanne et Georges Ramié lors d’une exposition de poteries à Vallauris, en 1946. À l’invitation du couple, Picasso redécouvre les possibilités de ce matériau qu’il connaît depuis sa jeunesse barcelonaise, lorsqu’il peignait à l’huile des assiettes décoratives. Il modèle ainsi une petite tête de faune et deux taureaux qu’il retrouve l’année suivante dans l’atelier Madoura. Séduit par le résultat, Picasso débute une collaboration avec les Ramié. S’il propose quelques formes, il reprend principalement le répertoire de Suzanne. Ses poteries éditées en petites séries popularisent son travail. « J’ai fait des assiettes, on vous dit ? Elles sont très bien… on peut manger dedans » écrit-il à André Malraux (Bruno Gaudichon et Joséphine Matamoros « Picasso céramiste et la Méditerranée », Paris, Gallimard, 2013, p. 19). Picasso s’amuse de ce médium en détournant les formes traditionnelles, comme nos deux pièces en témoignent. Un pichet devient chouette, en hommage à Ubu, l’oiseau de nuit qui ne le quittait pas, quand un plat circulaire se fait visage.
Adjugé : 7 500 €
Pablo Picasso (Espagnol, 1881-1973)Petite chouette, 1949Pichet en terre de faïence...
Lot 1
Lot 2
Pablo Picasso (Espagnol, 18801-1973)
Plat visage noir, 1948

Céramique vernissée.
Cachets "Madoura Plein Feu", "D'Après Picasso" et marque olographe "Édition Picasso".
Édition de 100 référencée par Alain Ramié sous le n°35.

Diam. 42,5 cm.
(traces de pernettes sur le bord de l'aile)

Provenance :
- cadeau de Picasso au photographe américain David Douglas Duncan
- offert par David et Sheila Duncan à l'actuel propriétaire, Côte d'Azur.

Bibliographie : Alain Ramié, "Picasso : Catalogue of the Edited Ceramic Works 1947-1971", éditions Madoura, Vallauris, 1988, n°35.

Installé dans le sud de la France avec sa compagne Françoise Gilot depuis la fin de la guerre, Pablo Picasso découvre la production des époux Suzanne et Georges Ramié lors d’une exposition de poteries à Vallauris, en 1946. À l’invitation du couple, Picasso redécouvre les possibilités de ce matériau qu’il connaît depuis sa jeunesse barcelonaise, lorsqu’il peignait à l’huile des assiettes décoratives. Il modèle ainsi une petite tête de faune et deux taureaux qu’il retrouve l’année suivante dans l’atelier Madoura. Séduit par le résultat, Picasso débute une collaboration avec les Ramié. S’il propose quelques formes, il reprend principalement le répertoire de Suzanne. Ses poteries éditées en petites séries popularisent son travail. « J’ai fait des assiettes, on vous dit ? Elles sont très bien… on peut manger dedans » écrit-il à André Malraux (Bruno Gaudichon et Joséphine Matamoros « Picasso céramiste et la Méditerranée », Paris, Gallimard, 2013, p. 19). Picasso s’amuse de ce médium en détournant les formes traditionnelles, comme nos deux pièces en témoignent. Un pichet devient chouette, en hommage à Ubu, l’oiseau de nuit qui ne le quittait pas, quand un plat circulaire se fait visage.
Adjugé : 9 000 €
Pablo Picasso (Espagnol, 18801-1973)Plat visage noir, 1948Céramique vernissée.Cachets "Madoura Plein...
Lot 2
Lot 4
Pablo Picasso (Espagnol, 1881-1973)
Minotaure aveugle guidé par une fillette dans la nuit étoilée, 1934

Aquatinte et pointe sèche signée au crayon en bas à droite. Quatrième état sur quatre.
Suite Vollard, planche 97 sur papier vergé de Montval filigrané Picasso.
Marque au crayon au dos "Dun 8".

Oeuvre : Haut. 24,7 Larg. 34,7 cm.
Feuille : Haut. 33,5 Larg. 44 cm

Provenance :
- offert par Picasso en cadeau de mariage au photographe américain David Douglas Duncan, 1962
- offert par David et Sheila Duncan à l'actuel propriétaire, Côte d'Azur.

Bibliographie :
- Georges Bloch, "Pablo Picasso: Catalogue of the Printed Graphic Work 1904-1967", Kornfeld et Klipstein, 1972, n°225.
- Brigitte Baer, "Catalogue raisonné de l'oeuvre gravé et des monotypes 1946-1958", Kornfeld Eberhard W., 1988, n°437 : Minotaure aveugle guidé par Marie-Thérèse au pigeon dans une nuit étoilée.

97e planche de la suite de 100 commandée par Ambroise Vollard à Pablo Picasso entre 1930 et 1937, notre oeuvre est l'une des 250 achevées d'imprimer par Roger Lacourière en 1939. Son cuivre a été rayé en 1956. Offerte par Picasso à son ami et photographe David Douglas Duncan (1916-2018), alias "DDD", c'est un hommage à celui qui, rentrant des Etats-Unis, choisit "une femme de quinze ans sa cadette pour en faire l'épouse du reste de sa vie". Si le thème du Minotaure aveugle est l'un des septs grands thèmes identifiés dans la Suite Vollard, comment ne pas tracer un parallèle entre la figure de la fillette, dont les traits reprennent ceux de Marie-Thérèse, et la jeune épouse de son ami, amenée à le guider à son tour dans la vie ? L'amitié unique entre Duncan et Picasso s'étend de 1956 à 1973, forte de nombreux cadeaux et échanges et de 5000 négatifs débouchant sur sept livres. Réalisée entre le 3 décembre 1934 et le 1er janvier 1935, ce Minotaure aveugle à l'aquatinte, traitée au grattoir comme une manière noire, est d'une intensité folle, à la fois synthèse et promesse de l'oeuvre à venir du maître : Guernica.
Adjugé : 75 000 €
Pablo Picasso (Espagnol, 1881-1973)Minotaure aveugle guidé par une fillette dans...
Lot 4
Lot 10
Albert Marquet (Français, 1875-1947)
Le lac de Genève à Montreux, 1937

Toile signée en bas à droite.

Haut. 24 Larg. 33 cm.

Provenance :
- vente Me Tajan, Paris, 6 mai 1994, n°79,
- collection particulière, Paris
- vente Me Tajan, Paris, 18 décembre 2002, n°68
- Antoine Van de Beuque, 2003
- acquis au près de ce dernier, collection particulière du Pays Basque.

Avis d'inclusion au catalogue raisonné en préparation par Jean-Claude Martinet publié par le Wildenstein Institute signé de Daniel Wildenstein le 7 mai 1994.

Oeuvres en rapport :
- "Montreux, brumes sur le lac Léman", Montreux, 1937, (32,5 x 40 cm), Londres, Christie's, 4 avril 1989, n°170 ; Paris, vente Piasa, décembre 2019, n°2 ; Paris, vente Me Aguttes, 8 juin 2005, n°117 pour une composition identique dans des dimensions supérieures.
- "Le Lac Léman", 1937, huile sur toile, Haut. 50 Larg. 61 in "Albert Marquet 1875-1947", cat. exp., Bordeaux, Galerie des Beaux-Arts et Paris, Orangerie des Tuileries, Paris, Editions des Musées nationaux, 1975, p. 17, fig. 4 pour une vue de plus loin sous le même angle.

L'oeuvre d'Albert Marquet est ponctuée par les voyages. La Suisse est peut-être l'une des destinations les plus confidentielles de l'artiste. Il découvre les provinces helvétiques lors d'un premier voyage en 1936 à l'occasion de deux vernissages à Lausanne et Zurich. Il prolonge ses pérégrinations jusqu'à Montreux, où les paysages de montagne l'enchantent. L'année suivante, entre janvier et le début du printemps, Marquet séjourne à nouveau à Montreux, au bord du lac Léman. Ce séjour lui inspire une série de tableaux dans laquelle s'inscrit notre toile. Peignant depuis sa chambre d'hôtel, Marquet capte les changements du climat. Dans la ville, la neige ne tient plus qu'au pied des arbres et sur le rebord du muret, tandis que le bleu des montagnes cache les neiges éternelles.
Adjugé : 24 500 €
Albert Marquet (Français, 1875-1947)Le lac de Genève à Montreux, 1937Toile...
Lot 10
Lot 11
Raoul Dufy (Français, 1877-1953)
"Les Maronniers", 1928

Huile sur toile titrée et datée sur une étiquette d'exposition au dos. Signée en bas à gauche.

Étiquettes d'expositions sur le châssis au dos : "N11 - Collection de Mr R. Dufy Les Maronniers", étiquette de l'emballeur parisien Charles Pottier : "26 Kunsthalle Bâle 1938 R Dufy 2.5.38". Différents numéros, dont : "37" à la peinture, "18" à l'encre, "1280-0192" sur une plaque noire, "BA01009" sur une étiquette, Mention "Zacks" à la craie blanche, cachet des douanes.

Haut. 39 Larg. 47 cm.
(rentoilée, légère reprise sur la bordure)

Provenance :
- collection Raoul Dufy, 1938
- collection M. et Mme Samuel Zachs, Toronto
- galerie Pierre Matisse, New York, 1956
- collection particulière
- vente, Christie's, New York, 13 novembre 2021, n°784.

Certificat de Madame Fanny Guillon-Laffaille, membre du Syndicat Français des Experts Professionnels en Œuvre d'Art et Objets de collection.

Exposition :
- Basel, Öffentliche Kunstsammlung, Vlaminck, R. Dufy, Rouault, du 14 mai-12 juin 1938.
- San Francisco Museum of Modern Art and Los Angeles County Museum, Raoul Dufy, mai-septembre 1954, p. 39, no. 35.

Bibliographie :
- Pierre Courthion, "Raoul Dufy", Genève, Pierre Cailler, 1951, oeuvre reproduite en couleurs p. 80.
- Raymond Cogniat, "Raoul Dufy", New-York, Crown publisher, 1962, oeuvre reproduite sur le premier plat.
- Maurice Laffaille, "Catalogue Raisonné de l'Œuvre Peint de Raoul Dufy" tome III, édition Motte, Genève, 1972-1977, œuvre titrée "L'avenue du bois" et reproduite sous le n°967, p. 37.

Le "Palais rose", situé au 40 avenue du Bois de Boulogne à Paris - actuel n°50 de l'avenue Foch - que l'on distingue à l'arrière plan d'une puissante composition géométrisante, est le véritable sujet de notre toile. Les promeneurs et autres lecteurs ne sont qu'un prétexte à rendre hommage à la demeure de l'une des plus riches héritières du début du XXe siècle : l'américaine Anna Gould (1875-1961). Six années lui sont nécessaires, avec son premier époux le comte Boniface de Castellane, pour édifier le Palais Rose, inspiré par celui du Trianon. Inauguré en 1902, le couple y reçoit jusqu'à 2.000 invités lors de la réception donnée en l'honneur des souverains espagnols trois ans plus tard. Seul le faste des fêtes du baron Alexis de Redé, à l'hôtel Lambert, rivalise avec celui du Palais Rose.

Remariée en 1908 au duc de Talleyrand, Anna Gould devient princesse de Sagan et le Palais Rose connait alors une vie plus calme, jusqu'au départ de sa propriétaire à la veille du second conflit mondial. Jugé "sans valeur archéologique", il est détruit à l'été 1969, donnant à notre toile de Dufy, peinte quarante-et-un an plus tôt, le statut d'ultime relique de l'un des plus brillants témoignages du Paris de la Belle Époque. Sa reproduction, dès 1962, en couverture d'une des premières monographies posthumes consacrées à l'artiste, atteste de son importance dans l'œuvre de Dufy. Le geste créateur s'y livre en effet en toute transparence, avec un trait de dessin extrêmement libre et dissocié de la couleur, laquelle est apposée par "flaques juxtaposées". Cette exploration chromatique représente la synthèse du post-impressionisme et du cubisme cézannien chers à l'artiste, dont on retrouve même l'empreinte digitale sur notre toile, comme pour mieux appréhender la peinture dans toute sa profondeur.
Adjugé : 74 000 €
Raoul Dufy (Français, 1877-1953)"Les Maronniers", 1928Huile sur toile titrée et...
Lot 11
Lot 12
Georges Jouve (Français, 1910-1964)
Lampe anthropomorphe, c. 1953

Rare piétement de lampe en céramique émaillée blanche et oxydes noirs, signé et monogrammé.

Haut. 45 cm.
Électrifiée. Haut. totale avec la douille : 50,5 cm.

Provenance : achetée avant 1954 et offerte en 1983 comme cadeau de mariage à l'actuelle propriétaire par son mari, Wissous.

Références bibliographiques :
- Philippe et Patricia Jousse, « Georges Jouve », Paris, Jousse Entreprise éditions, 2005, modèle présenté sur le stand d'exposition de Marion Bestyl, Sydney p.285 et croquis du modèle reproduit p.307.
- Michel Faré, « Jouve céramiste », édition Art et Industrie, 1965, p.77 pour une pièce dans le même esprit.
- Plusieurs lampes comparables sur le marché de l'art : sur le site web de la Galerie Chastel-
Maréchal à Paris en 2017 ; un petit modèle chez Phillips de Pury & Company, Londres le 28 avril 2010 sous le n° 67 ; ce même grand modèle chez Sotheby's, New York, le 17 décembre 2009, n°275 ; chez Rouillac, Tours, le 22 septembre 2017, n°8 ; chez Christie's, New York, 9 décembre 2021, n°33.

Cette lampe anthropomorphe de Georges Jouve répond à la règle implicite de l'artiste suivant laquelle "tout dans la nature s’organise autour du cône, de la sphère et du cylindre" tant les formes circulaires sont, comme chez Cézanne, au cœur de sa création. Pour autant, la succession des quatre ronds n’est pas parfaite. Jouve délaisse ainsi le tour pour modeler la matière, à l’instar du sculpteur. Son dessin préparatoire préfigure par la vivacité de ses traits toute l’expression de l’œuvre finale. L’émail noir et blanc apporte quant à lui un sentiment de paix, qui n’est pas sans rappeler le propre vestiaire de Georges Jouve : à la ville, veste blanche et chemise noire ; à l’atelier, pull-over noir et pantalon clair. Créée dans la première moitié des années 1950, on ne connait que quelques exemplaires de cette lampe. L’un d’eux est présenté sur le stand de l’exposition de Marion Beststyl à Sydney en 1956. Installée entre deux colonnes et présentée à hauteur d’homme, cette lampe se perçoit comme une œuvre majeure de l’artiste.
Brice Langlois
Adjugé : 55 000 €
Georges Jouve (Français, 1910-1964)Lampe anthropomorphe, c. 1953Rare piétement de lampe...
Lot 12
Lot 13
Serge Lutens (Français, né en 1942)
"Les rouges d'or", 1976

Sept tirages photographiques couleur d’époque sur papier Kodak, dont trois légendés au dos.

Formats divers :
- un : Haut. 12,7 Larg.17,7 cm.
- un : Haut. 17,5 Larg. 11,1 cm.
- cinq : Haut. 17,7 Larg. 11,7 cm.

Monsieur Lutens nous demande de préciser que ces tirages reproduits en séries constituent des documents de travail de l’époque qui ont été réalisés pour la promotion de produits cosmétiques. Ils ne correspondent pas à la vision de Serge Lutens de son œuvre photographique.

Lionel Paillès, "Les mille et unes vies de Serge Lutens, l’icône du parfum", Le Monde, 28 octobre 2022

"Des images sophistiquées

Le monde entier est à ses pieds, à commencer par Diana Vreeland, rédactrice en chef du Vogue américain, la femme la plus influente du milieu, qui proclame que la révolution Serge Lutens est en marche. Le petit gars de Lille a réussi son pari. Avec Baudelaire, il affirme que « le maquillage n’a pas à se cacher, à éviter de se laisser deviner ; il peut, au contraire, s’étaler, sinon avec affectation, au moins avec une espèce de candeur ».

Et puis, il s’est emparé à son tour de l’appareil photo, en parfait autodidacte. Ses images sont savamment composées, jusqu’au moindre détail. « Ses clichés sont pour moi des contes photographiques beaucoup plus que des photos », remarque Patrice Nagel, qui a longtemps été son assistant. Il se souvient d’un studio photo aux allures de chapelle, où Serge Lutens dirigeait ses modèles comme un metteur en scène, dans une atmosphère irréelle de rituel païen et sur fond de Requiem de Mozart. « Serge créait de ses propres mains tout ce qui entrait dans le cadre : une coiffure et un maquillage, mais aussi un bracelet, un collier, absolument tout », ajoute Patrice Nagel.

Les préparatifs pouvaient durer une journée entière pour construire ces images sophistiquées qui ressemblaient tout à la fois à des peintures, à des sculptures, à des images 3D, à une époque où tout était vrai, Photoshop n’existant pas. « Il marque tant le style de l’époque qu’une série de ses photos, titrée “Make-up Art”, inspirée par Modigliani, Braque, Picasso et Léger, a même été exposée au musée Guggenheim à New York, en 1973 », ajoute Patrice Nagel.

Terry de Gunzburg se souvient encore du choc qu’elle a ressenti en découvrant, sur une photo parue dans Vogue, « une femme qui avait une goutte de cristal sur le bout des cils, sorte d’hommage à Man Ray. C’était éblouissant ! ».
Estimation : 600 € ~ 800 €
Serge Lutens (Français, né en 1942)
"Les rouges d'or", 1976

Sept tirages...
Lot 13
Lot 14
Serge Lutens (Français, né en 1942)
"Les Hautes Tensions", 1976

Cinq tirages photographiques couleur d’époque sur papier Kodak, dont deux légendés au dos.

Haut.17,6 Larg. 11,8 cm.

Monsieur Lutens nous demande de préciser que ces tirages reproduits en séries constituent des documents de travail de l’époque qui ont été réalisés pour la promotion de produits cosmétiques. Ils ne correspondent pas à la vision de Serge Lutens de son œuvre photographique.

"Pour le Printemps/Été 1976, Serge Lutens fait redécouvrir un anti-camaïeu de couleurs tranchantes, parfois hurlantes, mais toujours très flatteuses : c'est un retour au dynamisme de la couleur et de la forme. Un maquillage très dessiné et coloré qu'il nous propose avec les nouvelles teintes de Christian Dior Les Hautes Tensions".

Lionel Paillès, "Les mille et unes vies de Serge Lutens, l’icône du parfum", Le Monde, 28 octobre 2022

"Des images sophistiquées

Le monde entier est à ses pieds, à commencer par Diana Vreeland, rédactrice en chef du Vogue américain, la femme la plus influente du milieu, qui proclame que la révolution Serge Lutens est en marche. Le petit gars de Lille a réussi son pari. Avec Baudelaire, il affirme que « le maquillage n’a pas à se cacher, à éviter de se laisser deviner ; il peut, au contraire, s’étaler, sinon avec affectation, au moins avec une espèce de candeur ».

Et puis, il s’est emparé à son tour de l’appareil photo, en parfait autodidacte. Ses images sont savamment composées, jusqu’au moindre détail. « Ses clichés sont pour moi des contes photographiques beaucoup plus que des photos », remarque Patrice Nagel, qui a longtemps été son assistant. Il se souvient d’un studio photo aux allures de chapelle, où Serge Lutens dirigeait ses modèles comme un metteur en scène, dans une atmosphère irréelle de rituel païen et sur fond de Requiem de Mozart. « Serge créait de ses propres mains tout ce qui entrait dans le cadre : une coiffure et un maquillage, mais aussi un bracelet, un collier, absolument tout », ajoute Patrice Nagel.

Les préparatifs pouvaient durer une journée entière pour construire ces images sophistiquées qui ressemblaient tout à la fois à des peintures, à des sculptures, à des images 3D, à une époque où tout était vrai, Photoshop n’existant pas. « Il marque tant le style de l’époque qu’une série de ses photos, titrée “Make-up Art”, inspirée par Modigliani, Braque, Picasso et Léger, a même été exposée au musée Guggenheim à New York, en 1973 », ajoute Patrice Nagel.

Terry de Gunzburg se souvient encore du choc qu’elle a ressenti en découvrant, sur une photo parue dans Vogue, « une femme qui avait une goutte de cristal sur le bout des cils, sorte d’hommage à Man Ray. C’était éblouissant ! ».
Estimation : 600 € ~ 800 €
Serge Lutens (Français, né en 1942)
"Les Hautes Tensions", 1976

Cinq tirages...
Lot 14
Lot 17
Charles Lapicque (Français, 1898-1988)
Nuit romaine, 1958

Toile signée en bas à gauche, titrée et datée au dos.
Numéro sur le chassis U288/1.

Haut. 46 Larg. 54,5 cm.
(restauration)

Provenance :
- atelier de l'artiste
- collection Elmina Auger, Anthony
- collection Gabriel Salloum, Anthony
- vente à Paris, Me Briest, 16 juin 1998, n°129
- vente à Paris, Piasa, 28 novembre 2006, n°10
- vente à Versailles, Versailles Enchères, 11 décembre 2011, n°136
- collection particulière, Tours.

Oeuvre à rapprocher : Bernard Balanci, "Charles Lapicque, catalogue raisonné de l'oeuvre peint et de la sculpture", Paris, Mayer, 1973, n°385 pour une oeuvre de mêmes dimensions sous un autre angle.

La série des « Nuits Romaines » s’inscrit dans le corpus plus général des œuvres italiennes de Charles Lapicque. Voyageant à Rome lors de la fête de Pâques 1957, l’artiste découvre le forum romain, la voie Appienne et le mont Palatin. Comme David près de deux siècles plus tôt, les « écailles lui sont tombées des yeux ». Lapicque restitue dans cette œuvre figurative « un minuscule fragment temporel et spatial de l’univers ». Dans ce mélange de tonalités froides et chaudes, il s’efforce d’interpeller l’homme moderne qu’il considère jusqu’alors flatté et gâté par les techniques actuelles de déplacement et d’information (Charles Lapicque in Bernard Balanci, « Catalogue raisonné de l’œuvre peint », Paris, Mayer, n°377). Entre rayonnement lumineux et déflagrations chromatiques, Lapicque propose ainsi une seconde lecture dans la figuration des monuments d’un autre temps, pour dépasser l’aspect décoratif de la composition.
Adjugé : 22 000 €
Charles Lapicque (Français, 1898-1988)Nuit romaine, 1958Toile signée en bas à...
Lot 17
Lot 21
attribué à Alexander Calder (Américain, 1898-1976)
Critter Shiwa, 1974

Maquette en aluminium découpée par l'artiste suivant son tracé au crayon gras de couleur rouge ; deux extensions fixées au moyen d'agrafes en acier ressort posées par l'artiste.
Traces de marqueur noir biffant le côté droit et légendées par un ouvrier de Biémont : "bras droits symétriques gauche".

Haut. 61 cm.

Provenance : maquette offerte après 1974 par Alexander Calder à Bernard Hillairet, dessinateur à l'usine tourangelle Biémont entre 1972 à 1988, et restée depuis lors sa propriété, Tours.

Estimation sur demande

Cette œuvre n'a pas été expédiée à la Fondation Calder à New York, qui n'a donc pas pu se prononcer à son sujet. C'est pourquoi elle est présentée comme "attribuée à Calder". Elle est donc exceptionnellement mise à prix 5.000 euros.

Nota Bene : dans un courrier du 14 novembre 2022, la Fondation Calder considère sur la base de photographies que "cette oeuvre est une contrefaçon d'une oeuvre existante et documentée de Calder", ce que conteste formellement son propriétaire. Dans un souci d'appaisement Mr Hillairet a souhaité sursoir à la vente publique de cette maquette afin de favoriser la manifestation de la vérité en permettant à la Fondation Calder de faire état de « l'œuvre existante » dont celle-ci serait une contrefaçon.

Shiwa, la déesse de création de l'Univers pour les Hindous, est ici transfigurée en « Critter Shiwa » par un Alexander Calder facétieux. Habillée de talons aiguilles, en mémoire d'une scène vécue par l’artiste âgé de trois ans à Philadelphie, notre sculpture est l’officiante d’un rite dansé de la basse société de Rio, Bahia, Havana ou Trinidad, où les Calder ont longuement séjourné aux côtés d’Hector dos Prazeres. Elle présente deux profils originellement pensés asymétriques par le sculpteur, lorsqu'il la dessine sur une plaque d'aluminium au crayon gras. Il découpe la plaque lui-même et décide d'ajouter deux extensions, un bras et un pied, fixés au moyen de deux agrafes en acier ressort pliées à la force de son poignet. Quand il la présente aux ouvriers de l’usine Biémont à Tours, il leur demande alors de la réaliser en grand à partir du seul côté gauche, biffant le côté droit. Cette maquette a été offerte par l'artiste à un dessinateur de l’usine, qui l'a conservée jusqu'à ce jour. La galerie Maeght organise début 1975 à Paris une exposition consacrée aux Critters de Calder, publiant un numéro spécial de Derrière Le Miroir dont une autre Critter Shiwa occupe la couverture, et dont les photographies de Clovis Prévost, à l’intérieur, montrent Alexandre Calder dans son atelier à Saché, au milieu de nombreuses grandes silhouettes de Shiwa, prêtes, comme nous l’a aimablement raconté le photographe, à danser sous la Lune de Touraine.
attribué à Alexander Calder (Américain, 1898-1976)
Critter Shiwa, 1974

Maquette en aluminium...
Lot 21
Lot 25
Olivier Debré (Français, 1920-1999)
Sans titre, c. 1973

Toile.

Haut. 100 Larg. 100 cm.
(restauration)

Provenance : collection tourangelle.

Certificat d'authenticité n° C.22.395 des Archives Olivier Debré et avis d'inclusion au catalogue raisonné par Sylvie Debré-Huerre, en date du 17 septembre 2022.

"Il (ma peinture) ne s'agit pas du tout d'un impressionnisme abstrait. Intellectuellement le problème se pose différemment. Il faut avoir une sorte de besoin de s'exprimer et surtout, il faut que la chose vous soit imposée. Il ne faut pas avoir le désir conscient, concerté, volontaire des impressions. Ce qui m'intéresse, c'est que la part de moi qui peint soit une part d'un individu sensible et ému, que la chose, en quelque sorte, passe à travers moi et que je la domine intellectuellement, que je guide son développement, mais qu'elle marche seule. C'est ainsi que je deviens un élément de la nature, je deviens quelque chose qui est manié. Quand je suis comme le vent, comme la pluie, comme l'eau qui passe, je participe à la nature et la nature passe à travers moi. Je pourrais le faire les yeux fermés. Au fond, je ne suis pas sûr que la peinture soit intéressante en soi, ni la musique, ni l’architecture, ni rien. C’est intéressant pour autre chose que soi-même. Sans cela, on se pose une question de peintre. (…) Je ne m'intéresse à la peinture que comme à quelque chose qui participe du monde, qui participe de la pensée."

Olivier Debré, entretien avec Daniel Abadie, 1974
Adjugé : 39 000 €
Olivier Debré (Français, 1920-1999)Sans titre, c. 1973Toile. Haut. 100 Larg....
Lot 25
Lot 60
Carlo Bugatti (Italien, 1856-1940)
Paire de fauteuils, c. 1902

garnis de parchemin sur le dossier et l'assise, à décor de feuilles et d'oiseaux stylisés. Le dossier droit est évidé en partie basse et les accotoirs sont pleins, à la façon d'une bergère. Les joues reçoivent un disque en laiton repoussé et ajouré, ceint d'un décor discoïdal géométrique marqueté de laiton, étain, bois clair et bois sombre qui se poursuit sur la ceinture. Le piétement tubulaire est orné d'un ruban de laiton estampé ; les pieds sont cubiques. L'entretoise latérale galbée est recouverte de parchemin ; sur sa face supérieure, une feuille de laiton estampée de dents de loup rappelle le décor de la partie supérieure des accotoirs.

Haut. 99, Larg. 55, Prof. 53,5 cm.
Haut. 99, Larg. 54, Prof. 54 cm.
(accidents et restaurations)

Provenance : vente au château d'Artigny, Me Rouillac, 16 juin 2019, n°90, collection particulière, Tours.

Bibliographie :
- "Catalogue commercial de la maison Bugatti ", Milan, modèle référencé sous le n°360.
- Philippe Dejean, " Carlo Rembrandt Ettore Jean Bugatti ", éd. du Regard, Paris, 1981, modèle référencé et reproduit p. 82

BUGATTI ET LE STYLE MAURESQUE

"Né à Milan en 1856, mort à Molsheim, en Alsace, en 1940, Bugatti fut célèbre au point d'oser répliquer à la reine d'Italie, venue le féliciter pour ses meubles de style "mauresque" à l'exposition de Turin de 1902 : "Vous vous trompez, Majesté, ce style est à moi !". Il eut trois enfants, dont deux fils qui éclipsèrent, de son vivant et jusqu'à nos jours, sa propre gloire : Rembrandt Bugatti, le sculpteur animalier, et Ettore Bugatti, le constructeur d'automobiles."
Présentation de Carlo Bugatti sur le site internet du Musée d'Orsay.

Carlo Bugatti se distingue par la richesse de ses créations, dont l'inspiration lui vient notamment de l'observation de l'artisanat islamique, s'inscrivant en cela dans le mouvement de l'orientalisme et la lignée de l'Aesthetic movement anglais. Empruntant au vocabulaire ornemental du Proche-Orient ses fines colonnettes en cuivre et ses incrustations de nacre sur fond de bois sombre, il développe dès les années 1880 une gamme de mobilier particulièrement originale.
Adjugé : 26 000 €
Carlo Bugatti (Italien, 1856-1940)Paire de fauteuils, c. 1902garnis de parchemin...
Lot 60
Lot 62
Albert Marquet (Français, 1875-1947)
Samois, été, 1917

Toile signée en bas à droite.

Haut. 65,3 Larg. 81,5 cm.

Avis d'inclusion dans le catalogue raisonné digital en préparation par Wildenstein Plattner Institute Inc.

Bibliographie :
- Collectif, "Albert Marquet, Peintre du temps suspendu", Paris Musée, 2016, œuvre à mettre en
rapport : L’Île aux Cygnes, l’été, Herblay, 1919, reproduite p. 117.
- Collectif, "Marquet, Vues de Paris et de l’Île-de-France", Paris Musée, 2004, œuvre à mettre en
rapport : Samois, l’île, 1917, reproduite p. 66.

Peintre de la marine, Marquet ne cesse de voyager au cours de sa vie, parcourant la France, les rives de la Méditerranée, l’Europe et le reste du monde. Mais c’est avant tout Paris et les rives de la Seine qui remportent son affection. Il a ici posé son chevalet en amont de la capitale française, à Samois-sur-Seine, en bordure de la forêt de Fontainebleau. Élève de Gustave Moreau et grand ami d’Henri Matisse, l’artiste développe un art unique, aux compositions élégantes et poétiques.

Marquet s’affranchit de toute convention théorique, livrant des paysages qui synthétisent la nature. Le peintre se démarque des grands courants artistiques, bien qu'il leur doive tout. En 1875, date de sa naissance, la peinture de paysage jouit d’un engouement sans précédent. Comme pour tant d’autres à cette époque, l’eau est un sujet obsessionnel. Le reflet des arbres, comme pour Monet, inspire à Marquet de puissantes compositions doublement inversées.

Suivant une sensibilité différente des impressionnistes, il ne s’intéresse pas à la diffraction de la lumière sous l’effet du clapotis de l’eau et préfère atténuer les altérations de la lumière pour que la couleur envahisse la toile, créant ainsi une vision énigmatique, parfois à la limite de l’abstraction.
Adjugé : 120 000 €
Albert Marquet (Français, 1875-1947) Samois, été, 1917 Toile signée en...
Lot 62
Lot 100
Maison Roche, 1945
Mobilier de salle à manger comprenant une table, six chaises, deux fauteuils et un buffet en enfilade

en hêtre et frêne.
La table rectangulaire, à deux allonges latérales, repose sur deux pieds en patins réunis par une entretoise en H décorée de laiton doré.
Les six chaises et les deux fauteuils à dossier cabriolet reposent sur des pieds en gaine fuselés, garnis de cuir bordeaux.
Le buffet en enfilade très légèrement galbée et aux angles supérieurs arrondis ouvre en façade par deux vantaux entourés de deux portes latérales dévoilant trois niveaux d'étagères sur les côtés et deux niveaux d'étagères et trois tiroirs en partie centrale. Il ferme par une importante serrure crénelée, à deux anneaux en laiton doré, entourée d'une plaque de loupe ornementale. Une corniche surplombe le piétement mouvementé décoré d'un motif de laiton doré en volute.

Table : Haut. 72,5, Larg. 103,5 Long. 192,5 ; avec les allonges Long. 284,5 cm.
Chaise : Haut. 94 Larg. 47 Prof. 47 cm.
Fauteuils : Haut.95 Larg. 56 Prof. 45 cm.
Enfilade : Haut. 91 Long. 229,5 Prof. 56 cm.
(usures, taches, traces, fragilité sur le système d'allonges)

Provenance :
- acquis auprès de Jacques Roche à Paris pour la somme de 181.000 francs
- collection Bessou, Paris
- par descendance, Touraine.

Les établissements Roche sont fondés au sortir de la Première Guerre mondiale par Fernand Roche. D'abord grossiste en meubles, il passe à la production en 1925. En 1936, son fils Jacques reprend l'entreprise familiale, suivi de ses petits-fils Philippe et Jacques. L'entreprise s'associe en 1960 à la famille Chouchan, propriétaire de la maison Bobois. La maison est dorénavant connue sous la raison sociale Roche Bobois.
Estimation : 2 500 € ~ 5 000 €
Maison Roche, 1945 
Mobilier de salle à manger comprenant une...
Lot 100
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