OLD PAPERS & AUTOGRAPHS
Lot 242
[Premier Empire]
LE GLAIVE IMPERIAL DE 1812, UN SYMBOLE PERDU DE LA SPLENDEUR NAPOLEONIENNE, ET LE DIADEME DE L’IMPERATRICE MARIE-LOUISE
Deux feuillets, papier bleuté, env. 34 x 44 cm, sur lesquels sont contrecollés des dessins au crayon et à la plume, des empreintes et des estampes sur papier et calque, de formats divers, en majorité légendés à l’encre brune, vers 1810-1812.
Ces deux feuillets uniques et inédits proviennent du fonds d’archives de l’ancienne maison parisienne en joaillerie Gibert/Martial Bernard, conservés par leur descendance jusqu’à ce jour.
Sur la 1ère planche: au centre un dessin au crayon, 33,5 x 22 cm, représentant la poignée, le pommeau et la garde du glaive impérial commandé en 1811 par l’Empereur Napoléon Ier à François-Regnault Nitot, ainsi que l’un des décors d’enroulements situé au bout du fourreau (revers), avec mention manuscrite à la plume « Sabre de S.M. l’empereur exécuté en 1812 chez M. Fossin fils. Au haut est placé le Régent, grandeur juste de la sertissure et au milieu du susdit n°1. La grandeur des autres brillants sont sur diverses cartes ».
A gauche, dessin sur calque de l’aigle déployée enserrant des foudres ornant le milieu de la garde ; empreintes de la taille des diamants apposées sur le glaive ; détails d’ornements ; enroulement orné de trois diamants situé à l’extrémité du fourreau (avers).
A droite, détail du foudre ailé ornant le fourreau, empreinte de l’enroulement du bout du fourreau (revers) et projet de décor au crayon.
Sur la 2e planche figure: au centre deux dessins à la plume, vue toutes faces du diamant dit Orlov [vendu aux enchères à Amsterdam en 1767] ayant pour légende à l’encre brune: « Description d’un diamant de vieille mine Laborat des Indes, première eau et extrêmement beau, ladite pierre pesant à présent (…) Hollande, ce diamant appartenant au sieur Grégorio Saffraz de la famille de Gogio Minazian, né à Ispahan Juffa, demeurant actuellement à Amsterdam. La pierre a été vendue deux millions cinq cent cinquante mille livres et 120 mille livres de rentes viagères sur la tête du vendeur » [diamant de 189 carats au comte Grigori Orlov (1734-1783), qui en fit don à sa maîtresse, l'impératrice Catherine II de Russie (1729-1796), aujourd’hui conservé au Kremlin].
En-dessous trois petits cartons rectangulaires portant les empreintes des tailles des diamants ornant le glaive, sur chacune d’elles une inscription manuscrite à l’encre brune: « grandeur de 2 Bts (brillants) qui se trouve au milieu de la poignée du glaive de S.M. l’empereur, chez Fossin fils » « Roses qui se trouve au milieu des pièces qui sont en bas du baudrier de S.M. l’empereur, exécuté chez Fossin fils » « grandeur de deux Bts (brillants) pendeloque qui sont au sabre de S.M. l’empereur placé à la suite des loriers sortant de dessus l’aigle, et celui ovale n°2 en bas du fourreau. Fossin fils »
A gauche: trois petits cartons avec empreintes des tailles des diamants, avec sur chacune mentions manuscrites à l’encre brune: « Saphir qui est au milieu du diadème de Sa Majesté Marie Louise. Celui-ci est placé au-dessous du grand ovale dont j’ai pris la grandeur sur une carte. Fossin père » « Saphir qui est au milieu du diadème de S.M. Marie Louise exécuté chez Fossin père » « Milieu d’un bandeau, opale. M. Fossin père. Valeur 6000 » ; annonce de vente de deux diamants chez Me Colin notaire à Paris, place Baudoyer [de 1789 à l’an IV], estampe à taille-douce. L’un des cartons servant de support, porte au recto, la carte de visite de « Fossin père et fils – Joailliers – rue de Richelieu, n°10 – A Paris »
A droite: vues dessinées et imprimée de différentes façons de taille de diamants ; rare petite estampe en taille douce dessinée et gravée par Cochin fils en 1740 « Prime d’émeraude et sa grandeur avec les caractères qui sont dessus – M. le Chevalier de Fourques à Montpelier possède cette pierre » ; rare annonce de vente d’un rubis appartenant au sieur Calmer négociant à la Haye, estampe en taille-douce, fin du 18e siècle.
Ces croquis et documents sont particulièrement rares et précieux pour deux raisons: d’une part, véritables documents de travail, ils témoignent de la première étape du processus de création d’une pièce de joaillerie, et plus spécifiquement du travail de préparation du sertissage réalisé par le metteur en oeuvre ou le joaillier, représentant les pierres précieuses à l’échelle pour mieux en distinguer les volumes, les montures, les sertissures. D’autre part, ils concernent deux objets de haute joaillerie disparus, commandés par l’empereur Napoléon Ier à son joaillier officiel, François-Régnault Nitot: le glaive impérial et le diadème de l’impératrice Marie-Louise.
La création du glaive impérial fut commandée au joaillier François-Régnault Nitot (1779-1853). Fils de Marie-Étienne Nitot, joaillier de la première épée du Sacre, François-Régnault reprit en 1809 la direction de l'entreprise familiale, qui allait devenir la célèbre maison Chaumet. Il est cependant probable que d'autres artisans de renom aient contribué à la confection des éléments de base du glaive. La réalisation d’une telle pièce d'exception impliquait très souvent une collaboration étroite entre plusieurs corps de métier hautement spécialisés: l'armurier pour la qualité et la finition de la lame, l'orfèvre pour la ciselure et la dorure de la monture, et le joaillier pour le sertissage délicat des pierres précieuses.
Les documents présentés, datés vers 1810-1812, confirment ce travail collectif. Ainsi les annotations manuscrites, corroborées par la carte de visite de la maison Fossin ayant servi à la prise d’empreinte d’un saphir, nous renseignent sur l’identité des joailliers qui ont mené les travaux de sertissage: Jean-François Fossin (1761-1845) et son fils Jean-Baptiste Fossin (1786-1848). Collaborant avec son père installé depuis 1809 au n°10 rue de Richelieu à Paris, Jean-Baptiste Fossin était également devenu le chef d’atelier de François-Régnault Nitot. Les Fossin reprirent la maison Nitot en 1815 (actuellement maison Chaumet).
En 1811, Napoléon Ier prit la décision de remplacer son épée du Sacre – une pièce somptueuse commandée à Marie-Étienne Nitot en 1801 et ornée du célèbre diamant Régent – par un regalia, un glaive impérial. Ce dernier réutilisait le Régent, considéré comme le principal diamant de la Couronne de France, ainsi que d'autres pierres précieuses provenant du Trésor royal. D’après la facture du glaive livré par le joaillier François-Regnault Nitot en 1812, conservée aux Archives nationales sous la cote O/2/551, on apprend ainsi que la poignée, le fourreau et le baudrier furent ornés de pierres précieuses démontées de l’épée du Sacre, ainsi que de pierres provenant de l’ancienne épée de Louis XVI et d’une ceinture de l’impératrice.
Au lendemain de son mariage avec Marie-Louise d’Autriche et de la naissance de son fils, le Roi de Rome, en mars 1811, l’empereur Napoléon Ier eut le désir d’affirmer la légitimité de sa nouvelle dynastie impériale. L'utilisation du Régent et des autres diamants de la Couronne sur ce nouveau glaive revêtait alors une symbolique puissante, inscrivant Napoléon dans la continuité des souverains français en s'appropriant ainsi les insignes les plus précieux de l'ancienne monarchie. Cette stratégie de légitimation était cruciale pour un régime issu de la Révolution. Tandis que les motifs classiques et les emblèmes impériaux qui ornaient l'arme renforçaient l'image de Napoléon en tant qu'héritier des grands empires de l'Antiquité et en tant que figure tutélaire d'un Empire français restauré dans sa grandeur et sa richesse. La commande de cette arme d’apparat somptueuse en 1811-1812, alors que l'Empire atteignait son extension territoriale maximale avec 130 départements et de nombreux États vassaux – comme en témoigne la commande par Girodet en 1812 de trente-six portraits de l'Empereur destinés aux cours d'appel –, coïncidait avec une volonté d'afficher une puissance et une stabilité qui semblaient alors à leur apogée.
Dans ses mémoires, Joseph Chaumet décrit minutieusement le glaive: « Le Régent, cette fois, a pris place au pommeau du glaive. De grosses roses qui ornaient le baudrier, brodé de lauriers et d'abeilles d'or, provenaient de l'épée du sacre de Louis XVI. La fusée n'était qu'une mosaïque de diamants disposés en palmettes autour de deux brillants, un sur chaque face. La garde rappelait la forme du glaive que l'Empereur portait le 2 décembre 1804 à Notre-Dame et que David a reproduit, avec, sur la face, une aigle éployée et couronnée, enserrant des foudres, au-dessus d'un écusson blasonné de l"N" majestueuse. Elle se terminait aux extrémités par deux motifs de diamants. Au revers, les mêmes palmettes sur la fusée et, sur la garde, une guirlande de lauriers ; à l'écusson, les armes de l'Empire.
Le fourreau portait une sobre décoration à compartiments géométriques, cercles encadrant des étoiles alternées avec des abeilles, hexagones allongés cernant des foudres, le tout endiamanté å l'avers, ciselé au revers. Le briquet était d'or ciselé au revers et rehaussé de diamants å la face. La lame, enfin, latte å gouttières, était damasquinée au droit de lauriers et d'aigles et, au revers, de la devise << Honneur et Patrie >>. La facture de Nitot, datée du 16 novembre 1812, conservée aux Archives Nationales, s'élève, pour le glaive et son fourreau, å 74.036 fr. 69, et pour le baudrier à 8.874 fr 32, soit ensemble 82.91 1 fr 01, -les pierres ayant été fournies par la Couronne. »
Une partie du glaive est représentée dans le Portrait officiel de Napoléon Ier en souverain justicier montrant le Code Civil peint par Anne-Louis Girodet. Une étude en pierre noire et à rehauts de blanc sur papier dessinée par Girodet, représentant en détail le pommeau, la poignée, la garde et une partie du fourreau, est conservée au musée du Louvre.
À la lecture des Souvenirs historiques du baron Méneval, on apprend qu’en 1814, alors que l’impératrice Marie-Louise et son fils fuyaient devant l’avancée de l’armée des Coalisés, emportant une partie des joyaux de la Couronne, le baron Méneval brisa la lame du glaive pour en détacher la poignée ornée du Régent, afin d'en faciliter la dissimulation lors du transport. François Ier, empereur d'Autriche et père de Marie-Louise, restitua ensuite le Régent au roi de France Louis XVIII.
Sold: 20 000 €

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