33rd GARDEN PARTY AUCTION - Day 1
Lot 79
EUGÈNE VALLIN (Herbévilliers, 1856 - Nancy, 1922)
Exceptionnelle paire de chevets-vitrines "Masson-Bachelard", c.1904
Bois de padouk, ou santal, mouluré et sculpté en quart de cercle. Le meuble ouvre en partie haute par une porte vitrée galbée qui dévoile une étagère en verre et trois tiroirs. En partie basse, une porte révèle un fond en marbre blanc. Son sommet est coiffé d'un fronton se terminant par des volutes à gorge formant une niche. Les deux pieds antérieurs sont subtilement mouvementés.
Poignées des tiroirs « roseaux » et boutons de portes en laiton doré.
Époque Art Nouveau.
Haut. 186 Larg. 68 Prof. 53 cm.
(Petits accidents).
Provenance:
- Commande de Renée Masson et Pierre Bachelard à Eugène Vallin pour leur chambre à coucher du 8 rue Mazagran à Nancy, janvier 1904.
- Collection Alphonse Gaudin, 97 rue Charles III à Nancy.
- Acquis par Pierre et Georgette Danchin, aux enchères à Nancy, en 1956 ou au début des années 1960.
- Par descendance, Nancy.
An exceptional pair of bespoke bedside tables or showcases in padouk (sandalwood) manufactured by Vallin for Renée Masson and Pierre Bachelard. Nancy, 1904.
uvres en rapport:
- Eugène Vallin, Lit Bachelard-Masson, musée d'Orsay (202 x 272 cm, OAO 710)
- Eugène Vallin, Armoire Bachelard-Masson, musée d'Orsay (280 x 213 x 65 cm, OAO 711).
- Eugène Vallin, Coiffeuse Bachelard-Masson, uvre disparue.
Bibliographie:
- Marc Bascou, Marie-Madeleine Massé et Philippe Thiébaut, « Musée d'Orsay. Catalogue sommaire illustré des arts décoratifs », Réunion des musées nationaux, Paris, 1988.
- Françoise-Thérèse Charpentier, « Le Jardin des arts », Tallandier, Paris, 1960.
- Frédéric Descouturelle, « Eugène Vallin menuisier d'art ou artiste industriel (1856-1922) », Association des amis du Musée de l'Ecole de Nancy, Nancy, 1998. Reproduit p. 214, décrit p. 304 comme des "chevets-vitrine d'angle".
UN CHEF-DOEUVRE ART NOUVEAU
Parmi les grands mécènes de la période Art Nouveau, Jean-Baptiste Eugène Corbin fait figure de parangon. Ayant fait fortune avec sa chaîne de grands magasins, il emploie les plus célèbres figures de lÉcole de Nancy parmi lesquelles Majorelle, Daum ou Prouvé. En 1903, son beau-frère et associé Charles Masson fait appel à Eugène Vallin, assisté de Victor Prouvé, pour la réalisation dune exceptionnelle salle à manger aujourdhui exposée au musée de lÉcole de Nancy, ancienne maison Corbin. Un an plus tard, en février 1904, lors du mariage de sa fille Renée Masson (Nancy, 1885 - Neuilly-sur-Seine, 1968) avec lavocat et gérant des magasins réunis Pierre Bachelard (Sarreguemines, 1877-1970), Vallin reçoit la commande dune salle à manger et dune chambre à coucher pour lappartement que le jeune couple occupe au 8, rue Mazagran à Nancy. Les dessins aquarellés de lartiste révèlent limportance de cette commande, dont la salle à manger est dailleurs présentée à lExposition des arts décoratifs de Nancy en octobre de la même année.
Après que le couple Masson-Bachelard ait quitté Nancy, le lit, larmoire, la coiffeuse et cette paire de chevets seraient vendus à un certain Alphonse Gaudin, 97 rue Charles III à Nancy. Les meubles sont ensuite vendus aux enchères à lhôtel des ventes de la rue du sergent Blandan à Nancy, en 1956 (selon Charpentier) ou au début des années 1960 (selon les acheteurs). Cest un couple duniversitaires nancéiens qui fait lacquisition des chevets: Pierre Danchin, professeur agrégé danglais, futur président de lUniversité de Nancy II et son épouse Georgette mère dune famille nombreuse. Leurs enfants se souviennent avec précision de larrivée des chevets chez eux au début des années 1960. Le lit et larmoire sont vendus une nouvelle fois aux enchères le 25 mars 1982. Le Musée dOrsay ne sy trompe pas et acquiert alors le lit Bachelard-Masson (OAO 710) et son armoire (OAO 711), exposés en salle 64 du musée.
Sans décor figuratif cette chambre doit sa beauté à lutilisation dun bois exotique particulièrement précieux: le padouk. Nos chevets, aux dimensions tout à fait inhabituelles, illustrent la période « expressive » dEugène Vallin. Lartiste simplifie ses lignes et se tourne vers la stylisation. Sur nos meubles, la « gaine de Vallin », lune des grandes constantes de son art, fait la liaison entre le fronton et la porte vitrée. Elle est le théâtre dun jeu de lignes où lon imagine le motif végétal dans ses volutes moulurées (Descouturelle, image n°28, p. 97). Le lit et le reste du mobilier de cette chambre, sont bien plus que des instruments de repos. Comme lécrit Frédéric Descouturelle dans sa monographie consacrée à lartiste, ils sont « un formidable vaisseau voguant sur la mer des songes ».
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Sold: 27 000 €