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LES ROUILLAC SUR LE FIL DE L'ÉPÉE

Vendredi 29 mai 2015

La Renaissance du Loir et Cher, Frédéric Sabourin

Le rêve à portée de main, qu’il suffira juste de lever au bon moment… C’est ainsi que l’on pourrait qualifier, une nouvelle fois, les trois cent cinquante-trois numéros – et autant d’objets – mis en vente par Aymeric et Philippe Rouillac, au château d’Artigny désormais (Indre-et-Loire, après avoir pendant 26 ans tapé le marteau à Cheverny). Le mieux – l’ennemi du bien – est de s’en rendre compte soi-même directement sur le site Internet de la maison Rouillac (www.rouillac.com), mais puisque nous avons eu la chance d’en voir une bonne partie exposée à Vendôme, autant vous faire partager quelques coups de coeur. Il y a cet exceptionnel cabinet en laque or et noir sur son piètement en bois doré, d’époque Louis XIV. D’une hauteur totale de presque deux mètres, il provient d’une ancienne collection provenant du Portugal, où il aurait été offert par Louis XIV à sa cousine. Il est décoré par la fable taoïste du Prince et de l’oiseau, avec danseurs, comédiens et musiciens, scène de chasse à courre et de triomphe au char. Estimé entre 1 et 1,5 million d’euros, il s’agirait du plus important meuble en laque française du règne de Louis XIV connu actuellement. « Il nous est arrivé quelques jours seulement après la vente en juin 2013 du coffre de Mazarin, lui aussi en laque mais du Japon », explique, très enthousiaste, Philippe Rouillac. Sera également présentée au plus offrant une rarissime épée, pièce d’orfèvrerie, par Martin Guillaume Biennais, offerte au comte Charles de l’Espine par José Miguel de Carvajal, duc de San Carlos. La lame est finement gravée, le pommeau est en or. Cette épée, à l’historique très riche, apparaît sur un tableau peint par Francisco Goya : un portrait du duc de San Carlos conservée au musée de Saragosse (la toile sera exceptionnellement prêtée à la National Gallery de Londres à l’automne prochain). On y reconnaît la fameuse épée, dans son fourreau, à la ceinture du duc. Il pose ostensiblement avec ce joyau pour son portrait officiel. Cette épée est estimée entre 200.000 et 300.000 €. Mais que serait une vente Rouillac sans l’effet surprise, le petit grain de folie qui pourrait faire grimper les enchères aussi sûrement que la température dans le château d’Artigny ? Un chronomégaphone Gaumont, datant de 1912, sera vendu aux enchères le 7 juin prochain. Un chronomégaphone dites-vous ? Il s’agit d’un appareil sophistiqué qui permettait de diffuser les premiers films de cinéma parlant. D’une conservation exceptionnelle, livré dans ses caisses en bois d’origine et 24 films parlants ou muets, il a appartenu à Charles Proust, un Tourangeau intéressé par le cinéma ambulant qui l’acheta pour 8.330 francs-or à Paris en 1912. Il n’acheta pas que cet objet ! Désireux d’exporter le cinéma parlant au Mexique, il acheta aussi un billet pour traverser l’Atlantique sur un énorme paquebot de la White Star Line qui devait rallier Cherbourg à New-York en avril 1912 : le Titanic. Prévenu au dernier moment par une lettre de son frère, il prit finalement un autre bateau pour atteindre son but. Sans cet évènement fortuit, le chronomégaphone reposerait aujourd’hui par 3.800 mètres de fond…« Avec ça, on ne sait pas où on va, ça peut atteindre des sommets ! » ajoute Philippe Rouillac pour entretenir le suspens. Estimé à un million d’euros, il pourrait, à l’instar du coffre de Mazarin il y a deux ans, s’envoler…

Frédéric SABOURIN

D’autres objets pour exciter les convoitises

Impossible de décrire les 353 numéros du catalogue (1) : tableaux, gravures, meubles, montres, bijoux, fauteuils, vases, antiquités, objets insolites etc. Un petit florilège en attendant dimanche 7 et lundi 8 juin : Une table mécanique inédite, « à deux fins » par Jean-François Oeben, style Louis XV. Estimation entre 500.000 et 800.000 euros. Une commode à léger ressaut central, époque Louis XVI. Cachée pendant la Révolution française entre deux cloisons au château de Budé à Yerres (Yvelines), elle fut fortuitement retrouvée à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Des gobelets aux armes de France, en porcelaine à décor polychrome figurant les attributs du barbier-apothicaire (début XVIIIe siècle). Selon maître Rouillac, « la plus ancienne porcelaine décorée à l’or de France. » Un fût de fauteuil d’apparat, en hêtre sculpté et doré, à dossier cannelé renversé orné d’arabesques. Estampillé Jacob et deux fois marqué au feu du Garde-meuble royal à l’encre. Ce fauteuil pourrait avoir été utilisé par Napoléon, son style étant très apprécié. On le retrouve à Fontainebleau, à Compiègne dans le troisième salon de l’Impératrice, au Salon du grand conseil à la Malmaison ainsi qu’au Grand Trianon. Il apparaît aussi dans l’inventaire du Palais de l’Élysée en 1809. On voit aussi ce fauteuil dans un tableau du Baron François Gérard, La signature du Concordat, 1801, Château de Versailles. Enfin, comment ne pas évoquer les antiquités de la collection Jacques et Janine Nabon, Blésois habitant rue du Bourg-Neuf, qui ont collectionné toute leur vie. Notamment, entre autres trésors, une superbe céramique à figure noire et orange vernissé, peint d’un cheval blanc et cavalier. Datant d’environ 520-510 avant J.C., origine Athènes ; ou encore ce cratère en cloche, représentant Dyonisos et une Ménade, datant du début IVe siècle avant J.C. Une amphore à col en céramique représentant un quadrige (chariot d’Héraclès) et le même Héraclès terrassant le lion de Némée (520 avant J.C.). Les amateurs de chocolat pourront peut être enchérir sur un vase en chocolat noir inspiré des modèles de l’Antiquité méditerranéenne revisité par Picasso et librement créé par… Max Vauché ! (65 x 40cm ; 2,250 kg). L’enchère de cet objet original sera réalisé au profit de l’association Un même regard pour tous. L’idée a germé entre Philippe Rouillac et le fameux chocolatier de Bracieux lors d’une soirée de promotion et publicité offerte par… La Renaissance du Loir-et-Cher !

F.S
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