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Une malle au long cours... aux secrets à découvrir

Samedi 18 septembre 2010

Claire et René Boucher nous font parvenir les photos d’une malle qui aurait 300 ans. Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, dénoue les fils de la petite et de la grande histoire.

Claire et René Boucher nous font parvenir les photos d’une malle qui aurait 300 ans. Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, dénoue les fils de la petite et de la grande histoire.

« Cette malle a été relevée dans un inventaire notarial : "Malle corsaire en cuir 1720". Elle fait environ un mètre, ses clous sont forgés, le cuir est très épais, il y reste du poil, à l'intérieur le bois est blanc. Elle aurait accompagné les voyages d'une aïeule qui faisait le commerce du rhum depuis Marseille avant 1900. Elle a ensuite été utilisée par une autre aïeule partie enseigner le français à la cour des Tsars de Russie, jusqu'a la révolution de 1918. En mai 1940, lorsque l'ordre d'évacuation est arrivé, les objets auxquels on tenait le plus ont été placés dans la malle et celle-ci a été enterrée dans le jardin. Quatre ans après, les Allemands partis, la malle déterrée est réapparue intacte. Aujourd'hui elle contient des DVD, des livres... c'est une retraite bien méritée!! Attend-elle de nouveaux évènements? »

Le voyageur du XXIe siècle fait rouler derrière lui une valise ultralégère, la coque en plastique moulée de couleur. Que d’évolutions depuis le début du XVIIIe siècle ! Le bois était alors recouvert soit de peau, soit de cuir clouté. Telle la malle conservée au musée d’art diocésain de Blois. La forme bombée du couvercle, ses lattes de bois et ses renforts métalliques nous indiquent que cette malle a plus de 250 ans ! A-t-elle appartenu à un corsaire ? Rien n’est exclu… ni garanti ! Quoiqu’il en soit, elle est d’un usage précis : coffre pour vêtements, meuble de rangement ou conservation d’effets précieux.

L’intérieur est généralement recouvert de papiers peints thématiques : Chinois, Russes ou paysages nous indiquent les voyages du bagage. Peut-être des traces de colle sont-elles encore visibles sur le bois blanc du coffre ? Cette malle semble avoir été renforcée pour prolonger sa durée de vie et d’utilisation. À la fin du XIXe siècle, des bagagistes comme Goyard ou Louis Vuitton imaginent des malles, puis des valises, strictement rectangulaires, qui se rangent plus facilement dans un wagon de train comme ceux de l’Orient-Express ou à bord de paquebots tels le Normandie ou le France.

Sans se risquer on n’imagine pas ce bagage partir pour de nouvelles aventures ! Il est aujourd’hui devenu un « objet de décoration » : coffre à livres, pied de lit, ou banc d’appoint… Comptez quelque centaines d’euros pour une malle du XVIIIe siècle en bon état, et plusieurs milliers pour les modèles postérieurs de Vuitton par exemple. Un habile et jeune restaurateur installé à Meung-sur-Loire leurs redonne éclat et vie. Secouez-la…. parfois le fond est double…et cache lettres ou pièces d’or ! Qui sait ? Bonnes découvertes !
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