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Une mandoline italienne sur un air de napolitain

Samedi 06 novembre 2010

Cette semaine, c’est un instrument de musique particulier qui a retenu l’attention de notre expert. Une mandoline de type napolitain.

Cette semaine, c’est un instrument de musique particulier qui a retenu l’attention de notre expert. Une mandoline de type napolitain.

La mandoline apparaît en Italie dès le XVème siècle. C’est un instrument de musique à cordes, ressemblant à un luth, mais dont le manche est plus court. Par ailleurs, ses cordes sont doublées, contrairement à celles d’une guitare. Elle devient rapidement une spécialité de la ville de Naples. Par la suite, des luthiers espagnols puis français en réalisent.

Le répertoire musical propre à la mandoline est varié. Quelques grands compositeurs lui ont consacré certaines de leurs œuvres, tels Vivaldi, puis Verdi. Mais il s’agit avant tout d’un instrument populaire, dont l’apprentissage est plus facile que le luth, et dont le coût est également moins élevé. Son regain de popularité date de la fin du XIXème et se prolonge dans l’entre-deux-guerres, lorsque sont composés les plus beaux airs de la chanson napolitaine. Plus près de nous, on se souvient de Tino Rossi, dont la voix envoûtante est souvent accompagnée d’une mandoline.

La photographie qui nous a été transmise permet d’observer la composition générale de l’instrument. La caisse, en forme de poire, est bombée. Le manche, assez court, porte des intervalles correspondant chacun à un demi-ton. Une mandoline de type napolitain, comme celle-ci, comporte quatre cordes doubles en acier, accordées du grave vers l’aigu. Lorsque le musicien joue de son instrument, il utilise un plectre, ou médiator, c’est-à-dire une petite plaque d’ivoire ou de bois tenue entre le pouce et l’index et permettant de pincer les cordes. Afin que cet accessoire ne vienne pas endommager la table d’harmonie, une plaque d’écaille y est placée, sous l’ouïe, c’est-à-dire l’ouverture ovale permettant au son de se diffuser.

Le propriétaire nous indique que l’instrument porte une étiquette, avec la mention « Mandoline Gelas brevetée SGDG en France et à l’étranger. JR. Paris n°7273. 1929. »

Lucien Gelas dépose à Paris, à la fin du XIXème siècle, un brevet pour un modèle de mandoline. Les luthiers qui utilisent celui-ci sont d’abord Théodore Gaudet, puis Jean Roviès après 1920. Les initiales « JR » indiquées sur notre mandoline sont donc celles de ce dernier. La signature de Jean Roviès figure d’ailleurs, quoique difficilement visible sur la photographie, en pyrogravure, près de la base du manche. La mention 1929 correspondrait enfin à l’année de fabrication de l’instrument.

Si l’on en croit les griffures figurant sur la table d’harmonie et la patine du manche, cette mandoline a beaucoup été utilisée. Il s’agit d’un instrument fragile, dont la caisse, réalisée en lamelles de bois collées, est souvent malheureusement fissurée. L’unique photographie qui nous a été envoyée ne nous permet pas d’en constater l’état. Toutefois, s’il n’y a pas d’accident important, l’objet pourrait être estimé entre 80 et 100 €.

Aujourd’hui, parmi les instruments à cordes, la guitare est beaucoup plus courante. Alors pourquoi ne pas se laisser tenter par l’apprentissage de la mandoline, et égrener ses premiers trémolos sur « O sole mio » ?... Par un soir d’hiver, auprès de la cheminée, ou par une nuit d’été, sous les étoiles, nul doute que les cœurs y seront sensibles…
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