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Au petit bonheur de l'administration Balzacienne

Samedi 25 septembre 2010

Le propriétaire de ce meuble se prénomme Georges et habite Romorantin. Il nous envoie la photo d’un bureau « récupéré dans la famille et provenant de l’Ardèche ».

Le propriétaire de ce meuble se prénomme Georges et habite Romorantin. Il nous envoie la photo d’un bureau « récupéré dans la famille et provenant de l’Ardèche ».

Il s’agit d’un bureau appelé « à gradin». Ce type de bureau est né au milieu du XVIIème siècle. Il trouvera une forme plus évoluée et plus étudiée dans ce qu’on appelle le « Bonheur du jour » au siècle suivant. Sous Louis XV et Louis XVI, c’est un meuble raffiné en placage de bois exotique, disposé dans un salon de compagnie. Par contre nôtre bureau, du XIXème siècle, n’en est qu’un parent, moins précieux, ce qui n’enlève rien à son naturel et son authenticité. Il est fabriqué en noyer et placage de noyer ronceux. Le noyer est particulièrement utilisé en ébénisterie et menuiserie dans le sud de la France, puisque cette « essence » y est naturellement et largement répandue. D’ailleurs ce bureau ne provient-il pas de l’Ardèche ? La ronce de noyer correspond à une partie bien précise de l’arbre : c’est la base du tronc, le départ des racines, dont les veines sont très appréciées. C’est la raison pour laquelle un noyer n’est jamais coupé mais arraché lorsqu’il se destine à être utilisé en ébénisterie !

Notre bureau a des pieds tournés, dits « louis-philippards » comme les pieds des tables rondes du même nom. Il ne présente pas de tiroir en partie inférieure, car c’est un abattant monté à charnière, pouvant fermer à clé, qui compose son plateau – afin d’y ranger en sécurité dossiers et lettres. Il présente la particularité d’avoir un gradin – pour primitivement y disposer lampe à pétrole, ou encore pendulette. Composé au centre, d’une niche et de quatre tiroirs disposés latéralement pour recevoir plumes, encre, buvards et bâtons de cire à cacheter. Ces tiroirs sont plaqués de noyer en « aile de papillon », c'est-à-dire que les feuilles de placage sont juxtaposées de manière à ce qu’une symétrie de dessine. Les boutons de tirage sont tournés. Une galerie dessinant un fronton à profil découpé est positionnée au-dessus, seule fantaisie d’un meuble quelque peu austère. Pas de sculpture ni de bronzes ornementaux, notre bureau est brut et d’une sobriété telle qu’il convient à l’Administration. C’est un travail rustique, régional, d’époque Louis-Philippe, vers 1830-1850. Ce type de meuble répandu dans toute la France ; l’essence du bois changeant tel le merisier pour le Val de Loire, ou l’Ouest de la France. Meuble de base pour « petit fonctionnaire aux écritures » à la Balzac, réservé, tatillon à souhait, et fier de son appartenance à la Grande Maison. Notre bureau se décline en bois précieux, tel l’ébène et ornements dorés pour Préfets, Magistrats, Trésorier Payeur général… et double ou triple de volume ! Ce meuble ordinaire de base, a conservé au fil du temps toute sa fonction utilitaire. Comptez très raisonnablement aux environs de 300 €, selon l’état, pour ce bureau non dénué de patine et de vécu, construit pour durer, et faire patienter les administrés…!
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