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Gravure du Vatican : cadeau divin

Samedi 21 août 2010

Cette semaine, Magalie, de la Maison Familiale Rurale de Saint Firmin des Prés dont le « bâtiment est un ancien presbytère ou couvent » nous envoie la photographie de cette gravure de la Sainte Face et nous demande de « l’éclairer ».

Cette semaine, Magalie, de la Maison Familiale Rurale de Saint Firmin des Prés dont le « bâtiment est un ancien presbytère ou couvent » nous envoie la photographie de cette gravure de la Sainte Face et nous demande de « l’éclairer ».

Selon la légende antique chrétienne et non les Evangiles, Véronique, une femme de Jérusalem, essuya avec un linge le front couvert de sang et de sueur de Jésus, quand il montait au Calvaire sur le Mont Golgotha. Sur ce morceau de tissu serait restée l’image du Sauveur : la Sainte Face ou Voile de Véronique. Ce voile a reçu le nom de “veronica“, mot de formation hybride du latin verus vrai et du grec eikon image ; que l'on peut traduire par “image véritable”. Il est donc à l’origine de la “légende” de Sainte Véronique. La Sainte Face est à distinguer du Saint Suaire exposé à Turin, qui aurait servi à l’ensevelissement du corps du Christ. Ce thème est présent dans l’histoire chrétienne dès le VIIème siècle et inspirera encore récemment des contemporains tel Bernard Buffet. Visage de Jésus Christ et Sainte Véronique se retrouvent régulièrement dans la peinture occidentale. Peinte par Memling ou Pontormo, c’est surtout Francesco Mochi qui l’incarnera le mieux. Sa sculpture baroque de la Sainte est toujours conservée dans la Basilique Saint Pierre de Rome. Le sujet de notre gravure est sacré mais cette estampe du XIXème siècle se veut surtout le témoin d’un miracle. Que ceux qui ont des yeux voient !

En effet, le samedi 6 janvier 1849, les chanoines de la Basilique Vaticane, ainsi qu'une foule de fidèles, étaient à genoux en présence des Reliques Majeures solennellement exposées : la Sainte Face, les morceaux de la Sainte Croix et le Fer de Lance qui perça le flanc de Jésus. Tous purent soudain observer que sur la “véronique”, l'image estompée devenait de plus en plus nette et reformait le visage vivant de Jésus-Christ : les traits avaient retrouvé leur relief! C'était bien le visage de l'Homme des douleurs déjà décrit par Isaïe dans l’Ancien Testament, saisi comme par un instantané dans le cours du chemin de la Croix. Le seul moyen dont on disposait pour garder le souvenir et propager l'image de ce miracle fut donc la gravure. Selon les déclarations des témoins, un graveur tenta de rendre les traits de l'apparition. L'on procéda à des impressions de l'image ainsi obtenue, sur papier et sur tissu comme semble être notre exemplaire, à l’image de l’originale.

Ces reproductions furent données par les chanoines de la Basilique Vaticane avec un certificat d'authenticité portant le sceau de cire rouge du Chapitre comme pour notre gravure. Le tampon à l’encre bleue inscrit ‘Gratis’ à l’opposé du sceau de cire rouge est une sécurité pour éviter la vente de cette image considérée comme de « véritables icônes ». Cette pratique interdite, appelée la simonie, consiste à vendre un bien spirituel - indulgences ou reliques par exemple -, violant ainsi leur caractère religieux. Aussi les différents tirages de notre Sainte Face étaient envoyés chez les religieux séculiers ou réguliers pour propager par ce miracle la dévotion christique, et non pas pour enrichir les marchands du temple. Voilà comment notre Sainte Face est arrivée en Loir-et-Cher. L’église de la Trinité de Vendôme est expose une. En Touraine, Léon Papin-Dupont, surnommé le saint homme de Tours, en reçut une et l'installa à la place d'honneur dans son salon, converti en oratoire !

Commencés sous le pontificat du Pape Pie IX, ces envois continuèrent sous Léon XIII comme l’atteste la date de 1883 au dos, dès lors il est fort probable que l’on en trouve un grand nombre en Europe. L’estimation est donc difficile. Les œuvres à sujet religieux se vendant plus difficilement, il faut en attendre quelques dizaines d’euros en vente publique. Cependant son intérêt historique et religieux n’est pas des moindres ainsi que sa provenance, papale ! Et son histoire bimillénaire ! Il n’y a que la Foi qui sauve !
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