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Temps, heure et altitude dans la poche

Samedi 16 janvier 2010

Pierre Biettron, l’ancien maire de Meslay qui avait accompagné le chantier de décoration de la voute de l’église par l’artiste Jean-Claude Ferron, nous envoie les photos d’un curieux objet qui est à la fois montre et baromètre. Il précise : « Elle est en parfait état de fonctionnement...à condition de penser à remonter son ressort tous les deux jours environ ! »

Pierre Biettron, l’ancien maire de Meslay qui avait accompagné le chantier de décoration de la voute de l’église par l’artiste Jean-Claude Ferron, nous envoie les photos d’un curieux objet qui est à la fois montre et baromètre. Il précise : « Elle est en parfait état de fonctionnement...à condition de penser à remonter son ressort tous les deux jours environ ! »

Quels prodigieux mécanismes pour un objet de poche, qui combine plusieurs fonctions : l’heure, le temps et l’altitude. La mesure du temps, aussi bien celui qu’il fait que celui qui s’écoule, a longtemps été un défi pour les plus grands génies. Cette curieuse « montre baromètre » est ainsi l’aboutissement de travaux initiés d’un côté par Léonard de Vinci et de l’autre par Galilée ! Elle combine en effet la mesure du temps dans tous ses termes : son premier cadran gradué d’heures en chiffres romains est consacré au temps qui passe, le second agrémenté de mesures allant de « tempête » à « très sec » mesure le temps qu’il fera. Le troisième et dernier cadran gradué sert quant à lui d’altimètre, pour mesurer la hauteur où l’on se trouve par rapport au niveau 0, celui de la mer.

Les cadrans solaires et sabliers de l’Antiquité avaient l’inconvénient de ne pas être portatifs. Léonard de Vinci dessine ses premiers projets de montre portable au début du XVIe siècle, et la bonne ville de Blois devient le centre mondial de l’horlogerie sous les règnes de Louis XII et de François Ier. La France reste la référence en matière d’horlogerie jusqu’en 1685, lorsque Louis XIV révoque l’Édit de Nantes et chasse les protestants hors de son Royaume. Ceux-ci, dont la fine fleur de l’horlogerie française, trouvent refuge en Suisse… avec le succès que l’on connait. La montre de notre lecteur date vraisemblablement de la seconde moitié du XIXe siècle. C’est une montre gousset dite « de voyageur », dont le mécanisme apparaissant au revers est équipé d’un système d’échappement à ancre, en usage à cette époque. En observant la montre à la loupe, nous devrions retrouver le nom de son fabricant, un poinçon avec initiales entrelacées ouvre la piste...

Du temps qui passe au temps qu’il fera, un autre génie s’attaque à la mesure du temps. Galilée, physicien à la cour du duc de Toscane, travaille sur le principe du baromètre, qui est découvert peu après sa mort en 1642. C’est en étudiant les variations du mercure liquide dans un tube, que l’italien Torricelli remarque que la hauteur de mercure dans le tube varie au cours du temps qui s'écoule et qu'une baisse précède généralement une période de mauvais temps, pluie ou neige comme actuellement. Le baromètre au mercure est né ! Deux siècles plus tard le français Lucien Vidie invente le mécanisme que l’on retrouve sur cette montre. Les parois d'une capsule vide d'air, dite « capsule de Vidie » sont maintenues écartées par un ressort. La pression atmosphérique appuie plus ou moins sur la boîte (capsule) anéroïde et fait ainsi tourner l'aiguille sur le cadran, grâce à un mécanisme de précision. Le procédé miniaturisé ne dépasse pas la taille d’une montre gousset… On y ajoute un altimètre et le tour et joué ! Beaux mécanismes de précision pour un explorateur, un officier colonial… que de contrées visitées, de terres exploitées, de mesures enregistrées par ce petit boîtier.

Cette montre baromètre, altimètre « de voyageur » est à la seconde moitié du XIXe siècle - ce que les téléphones portables sont au début du XXIe : un objet de haute technologie multifonction dans un diamètre réduit de 5,5 centimètres pour un poids de 136 grammes. Les 600 € que vous dépenseriez pour acheter un téléphone portable dernier cri, sont aussi le prix que l’on peut espérer en ventes aux enchères pour une telle montre. Si la matière du boitier avait été de l’or, le prix serait multiplié par quatre. Sans rapport avec la valeur votre portable… même dans 150 ans !
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