FR
EN

Habert-Dys? Un maître oublié...du Loir-et-Cher !

Samedi 31 juillet 2010

Alexandre nous envoie les photos de quatre vases « en verre avec des coulures de métaux » qui ont été créés par un certain Habert-Dys. Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, nous rappelle la carrière de ce maître oublié originaire… du Loir-et-Cher.

Alexandre nous envoie les photos de quatre vases « en verre avec des coulures de métaux » qui ont été créés par un certain Habert-Dys. Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, nous rappelle la carrière de ce maître oublié originaire… du Loir-et-Cher.

L’histoire est souvent sélective : elle ne retient que les réussites les plus célèbres. Le succès commercial d’un artiste appelle souvent la gloire et la mémoire. Jules Auguste Habert-Dys, l’auteur de ces quatre vases, n’a malheureusement pas connu la reconnaissance que son travail lui promettait. Né à Fresnes, près de Contre, en 1850, ce peintre laisse peu de traces derrière lui, pas même une date de décès.

« L’Inventaire du fonds français après 1800 » du département des estampes à la Bibliothèque nationale recense une dizaine d’ouvrages illustrés par Habert-Dys,en particulier ses « Caprices décoratifs » et des recueils d’oiseaux et de fleurs. Cet inventaire présente l’artiste ainsi : « Peintre, graveur et écrivain d’art né à Fresnes en 1850, élève à Paris de Gérôme et Bracquemond ». L’apprentissage chez le peintre Gérôme indique le passage par l’atelier du professeur à l’école des Beaux-arts de Paris. Le nom du faïencier Félix Bracquemond évoque la manufacture de Haviland à Boulogne, pour laquelle Habert-Dys a travaillé à la conception de services de table.

À propos, saviez-vous qu’une autre manufacture de céramique, celle d’Alexandre Bigot, était installée à la même époque à Aulnay, près de Mer ? Elle employait 150 ouvriers et a laissé quelque chef d’œuvres. Visitez le musée de la Corbillière à Mer et regardez attentivement une statue de femme du sculpteur Alaphilippe titrée « Mensonges ». Si vous faites bien attentions : trois visages se détachent dans le bas de la robe. Le musée est dans un parc très agréable et l’entrée est… gratuite !

Habert-Dys est peintre, graveur, écrivain d’art ou faïencier, mais il est aussi maître verrier. Les quatre vases soumis par notre lecteur sont des créations des années 1910. Associé à un parfumeur parisien, Habert-Dys créé alors des flacons de parfum en cristal coloré. Il coule ensuite du métal en fusion sur le cristal, tout en laissant des espace vides pour que la lumière passe et joue à travers le verre. Cette technique verrière originale s’inspire librement de l’art de la céramique japonaise. Les maîtres japonais restaurent en effet les pièces en grès de la « Cérémonie du thé » avec des coulures de laque noir ou or. Les pièces restaurées deviennent alors des œuvres d’art à part entière, décuplant leur valeur. Habert-Dys obtient la médaille d’or du Salon en 1913 pour ces créations de verre, mais la première guerre mondiale et l’évènement d’un autre genre décoratif, l’Art Déco, le font passer aux oubliettes de l’histoire.

Faute de reconnaissance et de production importante, la cote de Jules-Auguste Habert-Dys est forcément limitée. Comptez tout de même de 100 à 500 € pièce, pour ces quatre vases, dont la hauteur varie de 9 à 35 cm.Le Loir-et-Cher, lieu de naissance de cet artiste, pourrait être sensible aux recherches verrières d’Habert-Dys. Ces verres ont toute leur place dans un musée du département ! Tel par exemple le charmant musée de Mer ou s’entassent maints chefs d’œuvre de Bigot et de l’Art Nouveau…qu’on se le dise, et bonne visite estivale !
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :