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4.000 VISITEURS EN ULTIME HOMMAGE À ÉMILE ARON

Lundi 20 février 2012

La Nouvelle République, François Bluteau

La foule s’est pressée pour visiter la maison de Madeleine et Émile Aron en prélude à la vente aux enchères de leurs meubles et objets hier au Vinci.

Alain Devineau et Alain Dayan ont reçu les drapeaux acquis par la Ville. - (Photo NR, Hugues Le Guellec)


Dès samedi après-midi, Philippe et Aymeric Rouillac ont dû se rendre à l'évidence : le grand salon de l'hôtel de l'Univers allait être bien trop étroit pour accueillir tous les enchérisseurs. « On n'avait pas prévu cela », reconnaissait Me Philippe Rouillac. « Pensez donc : on a distribué à l'entrée de la maison 2.000 catalogues et comme on n'en donnait qu'à une personne sur deux, on peut évaluer à 4.000 visiteurs depuis vendredi ! À cela, il faut ajouter 30.000 visites sur notre site internet et sur celui d'Interencheres. »

La solution de repli, ce fut l'auditorium Descartes du Vinci. Et encore, les 350 places ont été prises d'assaut avant le début de la vente : plus d'une cinquantaine de personnes ont dû suivre les enchères depuis les couloirs d'accès. Il n'y avait donc pas que des curieux à visiter la maison de Madeleine et Émile Aron : beaucoup d'acheteurs potentiels et aussi des gens venus rendre un ultime hommage « à celui qui m'a soignée pendant longtemps », comme le confiait une dame sous le couvert de l'anonymat. « Je suis souvent venue dans son cabinet de consultation, mais je n'avais jamais eu l'occasion de franchir la porte de son domaine privé. » Il y avait aussi des anciens élèves, souvent ses disciples. « Chaque année, sa famille allait passer la soirée ailleurs et il recevait ici tous ses internes et ses externes pour faire la fête », témoigne une psychiatre d'Orléans. « Et chacune des quelques femmes que nous étions dans cette assemblée masculine, recevait en cadeau un flacon de parfum. » Un parfum de nostalgie donc, avant de passer à la vente : elle démarra sur les chapeaux de roues. Avec un beau moment : le lot 122 est grimpé jusqu'à 5.000 €; deux drapeaux britanniques et américains confectionnés artisanalement qui avaient flotté sur le bacon de la mairie à la Libération et remis à Émile Aron par Jean Meunier… La ville de Tours les a acquis : ils resteront en Touraine, comme un éternel hommage à l'homme que fut Émile Aron.

La vente aux enchères continue cet après-midi, à partir de 14 h 30, dans les salons de l'hôtel de l'Univers.

Fin de chapitre
Comment expliquer les 4.000 personnes venues visiter le 45 du boulevard Béranger ? Bien sûr, il y a la puissance des commissaires-priseurs reconnue au-delà de l'Hexagone. Évidemment, l'aura du personnage qui y vécut en est la principale cause. Émile Aron aura illuminé la ville pendant plusieurs décennies, bien au-delà de ses seules compétences médicales. On a rendu hommage à l'un des derniers représentants d'une médecine qui n'était pas simplement une technique mais qui touchait à tous les ressorts de l'humain. Enfin, ce week-end, les Tourangeaux ont sans doute également tourné la dernière page d'un chapitre de leur histoire. Celle des « Trente Glorieuses » en Touraine, quand on allait acheter des cadeaux de fête des Mères chez Gallard, ses gâteaux chez Sabat ou Poirault et ses chemises chez Lussigny. Sic transit… comme n'aurait pas manqué de conclure Émile Aron.

François Bluteau
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