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LES VENTES HAUT DE GAMME NE CONNAISSENT PAS LA CRISE

Jeudi 22 décembre 2011

La Nouvelle République, Mariella Esvant

Alors que la Bourse s'effondre, les maisons d'enchères affichent une santé de fer... En pleine crise, les objets d'exception sont devenus une valeur refuge.


Installé dans le Centre, la maison Rouillac affiche un chiffre d'affaires en hausse de 50 % pour 2011.


Une niche dorée. En or massif même. La petite affaire familiale de Philippe Rouillac, commissaire-priseur à Vendôme, Tours et Paris, affiche cette année un chiffre d'affaire en hausse de 50 %. Insolent, alors que l'économie déprime ? « Les enchères n'ont pas seulement résisté à la crise, elles ont continué de croître », renchérit Philippe Rouillac. En 2011, « il n'y a pas eu une ou deux enchères importantes »... Il en recense neuf, à plus de 100.000 euros. Même schéma pour les mastodontes des enchères, Christie's (+ 10 %), Sotheby's (+ 8,6 %), Artcurial (+ 23 %) et Drouot (+ 7,7 %). A Sotheby's, neuf adjudications ont été supérieures à un million d'euros...

'' Une valeur refuge ''

« C'est une valeur refuge, explique Philippe Rouillac. Les gens préfèrent acheter quelque chose de joli, se faire plaisir, que de fixer anxieusement le cours de la Bourse. » Sans compter que le marché de l'art bénéficie d'un régime fiscal avantageux - les oeuvres échappent à l'ISF - et d'une taxation moins lourde sur les plus-values.

« Les chefs-d'oeuvre et les oeuvres importantes, où il y a une concurrence [...] se vendent extrêmement cher », constate François de Riqlès, à la tête de Christie's France. Le moyen et le bas de gamme partent moins bien. « Certains de mes collègues qui ne font pas dans le haut de gamme tirent un peu la langue, confirme Philippe Rouillac. Tout ce qui est commun, ce qui n'est pas rare ou pas dans l'air du temps », ne fait pas grimper les prix.

Ce marché de luxe et de plaisir varie au gré des courants. Pour battre des records, il faut mettre de côté le mobilier ancien aussi précieux soit-il, pour flairer l'air du temps. « Par exemple la photographie, c'est un marché qui est nouveau », illustre Philippe Rouillac. « L'art déco et la photo, comme l'orfèvrerie trois ans plus tôt, ont désormais depuis cette année leur capitale à Paris », complète Guillaume Cerrutti, président de Sotheby's France.

Le gros des acheteurs de ces oeuvres « de prestige » sont de riches étrangers. « Des Français achètent aussi, nuance Philippe Rouillac. Tout dépend des catégories d'objets. » Et de la confiance que peut inspirer la « maison ». Car ce commissaire-priseur qui revendique un fonctionnement à taille humaine voit depuis plusieurs mois arriver des acheteurs potentiels, « pas très fortunés » mais décidé à investir leur bas de laine dans une oeuvre. Un placement plus prometteur que l'épargne et moins dangereux que la Bourse...

L'art moderne et contemporain explose

7 millions d'euros pour le Nu couché de Nicolas de Staël, 19,7 millions de dollars
pour les Three studies for a self-portrait de Francis Bacon, 16,3 millions pour une sculpture monumentale de Jeff Koons... Ces deux records de vente réalisés en 2011 sont les derniers exemples, parmi beaucoup d'autres - de la très bonne santé de l'art moderne et contemporain.

Mariella Esvant
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