FR
EN

Mademoiselle est servie !

Dimanche 18 avril 2010

Madame Liliane Poupeau nous envoie cette semaine des photographies de sa dînette, « offerte par son parrain en 1953 », elle nous demande un premier avis afin d’en connaître la valeur et l’intérêt. Maître Philippe Rouillac, commissaire-priseur à Vendôme, est retourné en enfance afin de lui répondre et de nous éclairer sur le sujet.

Madame Liliane Poupeau nous envoie cette semaine des photographies de sa dînette, « offerte par son parrain en 1953 », elle nous demande un premier avis afin d’en connaître la valeur et l’intérêt. Maître Philippe Rouillac, commissaire-priseur à Vendôme, est retourné en enfance afin de lui répondre et de nous éclairer sur le sujet.

N’avez-vous jamais été invité à prendre le thé entouré de poupées ? Vous souvenez-vous en ? Vous faisiez déjà semblant. Nous pouvons tous en témoigner, la dînette appartient à ces souvenirs partagés par tous.Grâce à elle,petite-fille et grand-père s’y retrouvent pour dîner ou partager une délicieuse tarte à la boue. Aussi, les écrivains Gauthier et Balzac l’évoquent comme les petits plaisirs enfantins.Pierre Larousse, lui, dans son Grand Dictionnaire Universel, la définit. Dînette (diminutif de dîner) : petit repas vrai ou simulé que, pour imiter les grandes personnes, les enfants font ensemble ou avec leur poupée ; par extension, jouet constitué d'un service de vaisselle miniature.

L’image de ses petites filles imitant leur mère et la société à table ou au salon est intemporelle. Depuis plus d’un siècle en France, elle est le cadeau indispensable des jeunes demoiselles et la première découverte des arts de la table. La dînette est donc un élément important de l’histoire du jouet et sa place doit être comprise. En plus du côté ludique, le jouet permet l'apprentissage sur le monde qui nous entoure. Les enfants utilisent des jouets et des jeux pour découvrir leur identité. Cela passe par l’imitation des parents, il est dès lors normal de faire entrer un enfant dans la société en l’initiant aux arts de la table. Les repas étant les moments où la cellule familiale se réunit et où l’on partage, même en silence !
Les services de table en miniature sont connus dès le XVIIème siècle mais seraient des modèles de démonstration créés par les potiers pour la vente et le colportage. La dînette, elle, serait apparue au XVIIIème siècle mais reste rare avant 1800. Cependant, on connait un service en étain des années 1700. Mais surtout, est conservée au Musée de Sèvres, la première dînette réalisée en 1784 par la Manufacture de Sèvres. Elle est exposée juste en face du service de la reine Marie-Antoinette qui lui servit de modèle. Elle a d’ailleurs été rééditée en 2005. Le XIXème siècle fut l’âge d’or de la dînette. Période au cours de laquelle la céramique est entrée dans l’ère industrielle. Les lieux de production importants tels Limoges, Sèvres, Gien ou Lunéville en ont fait. Les services de dînette sont souvent des reproductions à une moindre échelle d’un service de table existant. Mais il existe de belles exceptions comme les fameux services de dînette « Hirondelles » ou « Calvados » des années 1880-1890 en faïence de Sarreguemines. Notre service s’inspire du fameux décor dit « aux barbeaux » mis à la mode par Marie-Antoinette pour les productions de la Manufacture Royale de Sèvres. Appelé aussi « aux bleuets », il semble apparaître sur les décors à partir de 1772, date à laquelle la manufacture de Sèvres livra à la future reine Marie-Antoinette au château de Versailles un service décoré de cette espèce florale. Elle le mit àla mode, il deviendra son décor préféré notamment pour le Trianon et le Hameau de la Reine. Ici les fins bleuets royaux sont simplifiés et dorés et invitent toujours à jouer à la princesse.

Notre dînette est une production des ateliers de Limoges, le grand centre porcelainier français depuis la fin du XIXème. C’est un modèle courant des années 1940-50 en porcelaine blanche, reprenant une forme Art Déco, à décor simplifié quoique doré. Cette dorure n’est pas à l’or fin mais simplement à base laiton. L’estimation tourne en conséquence autour d’une cinquantaine d’euros pour un service complet de trente pièces en parfait état dans leurs boîtes d’origine. Quoi qu’il en soit Cela reste un émouvant souvenir d’enfance mais aussi un joli cadeau possible à une petite fille qui rêve de prendre le thé avec ses peluches. La dînette est le jouet par excellence, c’est la référence commune de nos enfances, conservons-la !
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :