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Des manteaux longs faits de tous les poils !

Samedi 20 mars 2010

Cette semaine l'oeil averti de notre commissaire-priseur, Philippe Rouillac, s'est penché sur deux manteaux faits de fourrure Astrakan et Vison.

Cette semaine l'oeil averti de notre commissaire-priseur, Philippe Rouillac, s'est penché sur deux manteaux faits de fourrure Astrakan et Vison.

Un lecteur du Romorantinais a hérité de deux manteaux de fourrures dont il se demande quelle valeur ils ont. Maître Rouillac retrace l'histoire de cette manière animale.

La fourrure a été le premier « vêtement »de l’Homme : son port étant un moyen de se protéger du froid. Dans la mythologie grecque, elle symbolise la victoire, à l’instar du premier des douze travaux que doit accomplir Héraclès : combattre le Lion de Némée. Ses flèches rebondissent sur sa peau et c’est armé seulement de sa massue en bois d’olivier qu’il vient à bout du monstre. Il nettoya la peau et s’en revêtit…

Très vite, le port de la fourrure a donc été associé à l’expression du pouvoir et de la richesse : autrefois, les manteaux d'apparat des rois étaient doublés d'hermine blanche qui, aujourd'hui encore, orne les costumes de cérémonie des hauts magistrats et de certains professeurs.La fourrure de l'hermine figurait également sur les blasons des grandes familles, de villes ou de provinces.

C’est une fonction sociale que la fourrure exprime ensuite : son port est immédiatement associé à ce qu’il est convenu aujourd’hui d’appeler le luxe. Du début du XXème jusqu'aux années 70-80, elle signale la réussite financière et sociale, comme le solitaire que l’on porte au doigt… C’est aussi à la fête qu’elle est associée : toutes les stars et les personnalités du Gotha, des Années Folles et ses excès, de l’après seconde guerre ou des années 60 et de la libéralisation culturelle, ont porté des fourrures les plus précieuses. Parmi elles, le chinchilla est l’une des plus fines et des plus chères : « La Grande Zoa » chantée par Régine en 1966, la « Reine de la Nuit », met« …ses bijoux et chinchillas » avant de mettre son boa !

Nos deux manteaux sont des composantes incontournables d’une garde-robe visant à exprimer cette prospérité. Le premier manteau, long, est en vison. Ce nom est celui d’un animal à la riche fourrure d’une longueur d’environ 50 cm, qui construit sa tanière dans les rives des rivières et cours d'eau. On le trouve à l'origine aux États-Unis et au Canada, mais il a été introduit en Europe et élevé pour sa fourrure. Le second manteau, trois-quarts, est en fourrure bouclée de jeune agneau mort-né, ce qui lui confère son bouclage particulier, qui transitait à l'origine par la ville russe d'Astrakhan ;le nom est resté. Cette fourrure était particulièrement utilisée pour confectionner des toques et des manteaux.

Mais aujourd’hui, nous portons sur la fourrure un autre regard. Le luxe n’est plus ce qu’il était hier…La mode change et les fourreurs ont disparus ! D’autant plus que l’imitation s’est largement développée : toute l’apparence du vrai sans en avoir le prix… !

L’engagement de Brigitte Bardot, des organisations de défense des animaux, et ensuite des top-modèles posant « plutôt à poil qu’en fourrure », ont largement contribué à faire évoluer le regard sur son utilisation vestimentaire. Le marché s’est donc renversé ! Exception faite des fourrures haute couture, expression d’un vrai savoir-faire, griffées de grandes maisons, où les prix s’envolent, la clientèle s’est détournée de la fourrure… elle n’est aujourd’hui portée des jeunes que lorsque ceux-ci sont à la recherche d’un code vestimentaire « décalé ».A moins de porter la griffe d’une maison de couture, nos manteaux vont, même à petit prix, difficilement trouver preneur aujourd’hui…On ne fait plus argent de tout poil !
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