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LES SOUVENIRS D'UN EXPLORATEUR DU XIXE SIECLE

Vendredi 10 janvier 2003

Le Monde, Catherine Bedel

« TOUJOURS seul et voyageant à mes frais, sans autre mission que celle que ma fantaisie me donne..., ne relevant que de moi-même et de mon droit », ainsi parle Edmond de Montaigne, vicomte de Poncins, digne descendant de Montaigne, qui entreprend, dans les années 1885-1900, une grande traversée de l’Asie puis de l’Afrique.

Cet explorateur distingué, que l’on voit poser en strict costume trois pièces avec des indigènes en pagne, se livre à des observations scientifiques, publiées dans les bulletins de diverses sociétés savantes, chasse à l’arc, et photographie tout ce qu’il voit. Gardés par sa famille depuis près d’un siècle, ses souvenirs seront présentés aux enchères à Vendôme samedi 18 janvier : photographies, cartes géographiques, et ses nombreux bagages, griffés des meilleurs faiseurs.

Ses photographies remplissent de multiples albums, où la France et l’Europe sont largement représentées (à partir de 500 €), tout comme l’Asie et l’Afrique. Il s’intéresse là-bas aux us et coutumes locaux (vie quotidienne, croyances, costumes), aux paysages et aux animaux sauvages. Estimés entre 500 € et 2 000 € l’album, leur prix dépend de l’intérêt historique et artistique, du nombre des photographies et de leur format.

Cinq d’entre eux contiennent des clichés mesurant autour de 20 cm de hauteur, qui évoquent son périple des chaînes de l’Himalaya aux côtes de Ceylan, et dont certains sont signés de photographes connus : Arnoux, Bournes, Scowen, Sheperd & Robinson (2 000 € l’album). Deux autres albums sur l’Inde, datés 1891 et 1892, offrent des photos légendées de sa main, mesurant 11 × 15 cm (1 000 €).

Après l’Inde, Edmond de Poncins visite la Turquie, l’Algérie, le Kenya, la Somalie et l’Abyssinie, où, pour une fois, il est chargé d’une mission officielle, préparer l’établissement du chemin de fer (4 albums, 500 € à 1 000 €).

Cartographe amateur, il complète les cartes géographiques existantes, reportant de nombreuses précisions, comme on le voit sur des exemplaires de l’Inde de la fin du XIXe (600 € à 800 €). Différentes cartes en couleurs de la fin du XIXe figurent les pays où il se rend (50 € à 100 €). Egalement mis en vente, ses bagages laissent entrevoir une manière de voyager très aristocratique.

Sa malle-lit signée Louis Vuitton, en toile enduite du motif damier, l’intérieur en toile rayée rouge, abrite un lit de camp à monter (1 200 € à 1 500 €). Ses malles, des maisons Vuitton ou Moynat, sont toutes marquées de son monogramme (300 € à 1 000 €), et il possède de nombreux sacs de voyage en cuir (à partir de 100 €).

Son nécessaire à pique-nique, rangé dans son coffret, a été exécuté par un orfèvre réputé, Aucoc Aîné. Les ustensiles en argent y sont gravés à ses armes (cuiller à café, cuiller-fourchette pliante, deux couteaux... 2 000 €). Ramené d’Inde, un ensemble de dinanderies est typique d’une certaine production destinée à l’exportation vers l’Europe. Ces pots, vases, plateaux ou services, ouvragés sur toute leur surface de gravures (fleurs, dragons, serpents, guirlandes, oiseaux, etc.) mélangent les formes européennes et le style décoratif indien (100 € à 300 €).

Catherine Bedel
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