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EXPERTISES GRATUITES DE MAITRE ROUILLAC : UN FORMIDABLE ENTRAIN !

Lundi 27 février 2006

La Nouvelle République, Anne-Gaëlle Rouault



Samedi, le commissaire-priseur Philippe Rouillac a renseigné gracieusement sur la valeur d'objets divers que tout un chacun lui amenait. Un voyage passionnant à travers le temps et les greniers.


Peu de commissaires-priseurs proposent ce genre de rendez-vous. Me Philippe Rouillac, expert près la cour d'appel, le fait avec entrain, humour et beaucoup de sérieux bien sûr. « Il faut partager ses connaissances et ne pas se focaliser sur un prix. L'histoire, le vécu de l'objet est fort intéressant… », confie-t-il.

La salle de l'hôtel des ventes ne désemplit pas ce samedi matin (*). On attend patiemment, un paquet bien emballé sur les genoux, un panier rempli de vieux objets à ses pieds. Au tour de ce monsieur originaire de Blois. Il est venu avec trois sculptures en bronze. « Racontez-nous… », invite le maître. « Ceci avait été enterré dans le jardin de mes beaux-parents, boulangers, à Vire ; c'est pour cela qu'ils ont survécu aux bombardements ! Le grand-père avait dû les acheter dans une vente, dans les années 1920. » Philippe sort sa loupe. A François-Xavier, stagiaire commissaire-priseur, de faire ses preuves ! « Elles datent du XIXe siècle. Il s'agit de rééditions de sculptures de marbre. L'une représentant une jeune fille est signée Moreau, les deux autres par Bousseau. » Philippe Rouillac approuve. On se plonge dans le dictionnaire des bronzes du XIXe siècle et l'expert annonce que les Moreau étaient une famille de dix artistes ayant répandu leur production dans toute l'Europe. L'autre est un artiste beaucoup plus important ayant travaillé pour Philippe V, petit-fils de Louis XIV et le roi d'Espagne.

François-Xavier estime le bronze de Moreau à près de 5.000 € et les deux autres à 2.000 € le tout. « Hé oui, le premier est un original, il a plus de valeur même s'il vient d'un petit maître », assure Philippe Rouillac. Les deux autres sont des copies. « Elles valent un quart de l'original », renseigne FrançoisXavier.

Le Blésois est content de connaître toute cette histoire. On lui conseille maintenant de les assurer. Ces pièces sont souvent cambriolées avec les pendules. Philippe lui confie aussi qu'elles pourraient recevoir un p'tit coup de chiffon imbibé de cire incolore. « Vous pouvez commencer par caresser la femme si vous voulez… (Rires). Un bronze, c'est quelque chose de vivant ! » Et de sortir une mignonne petite souris en bronze bien luisante. « Regardez, je la patine tous les jours et elle brille ! » Rires de nouveau partagés.

Quel rendez-vous sympa…

Philippe Rouillac et François-Xavier virevoltent d'objets en objets. Maintenant, on lui présente un ancien collier en or, rehaussé de petites perles et de cabochons de saphirs. On regarde les poinçons. « Vous n'allez pas récolter des mille et des cents avec ça mais vous pourrez vous faire un bon restaurant… », sourit le commissaire-priseur. On tape maintenant sur un joli pot en cristal. « Ça fait Tiiiiiiiiiiii longtemps ou simplement Tinc ! », demande Rouillac. « Ben Tiiiiiiiiiiiiiiii longtemps », sourit le couple. « C'est bien du cristal, soufflé à la bouche, taillé à la main. Cela s'est fait beaucoup entre les deux guerres », renseigne-t-on. Le couple montre maintenant une statue représentant des chiens. La femme n'aime pas du tout, elle voulait la jeter. On lui apprend que c'est de l'étain signé par L Carvin, un artiste pas côté mais répertorié. « Ça vaut 200 € environ ! » La dame est tout étonnée. « Je pensais que L Carvin, c'était n'importe quel pékin ! » Philippe Rouillac leur donne une photocopie sur le fameux artiste. « On la ressortira ! », rient-ils.

Plus tard, c'est une poupée ancienne que Philippe demande de déshabiller pour découvrir une éventuelle marque. Il n'y en a pas mais elle doit dater de 1880 environ. Sa valeur, c'est sa tête avec une petite tétine dans la bouche ; quand on la tire, elle couine.

Un autre couple présente un livre de timbres. Il en manque beaucoup. Philippe s'assure qu'il n'y a pas le fameux 1 F vermillon. « Il vaut 50.000 € ». Il n'est pas là malheureusement. Il y avait le 1 F carmin mais il a été décollé. Il vaut environ 7.700 €. On observe des pipes à opium et puis, ô belle surprise, d'anciens ouvrages. Ils sont signés par Etienne-Pierre Ventenat. Après recherches, il s'agit d'un collaborateur de Redouté, le célèbre aquarelliste botaniste du XIXe siècle. « Cela pourrait être des manuscrits originaux. C'est un peu la pépite du matin, avoue François-Xavier, avec ce dossier de photos et de manuscrits autour de Pasteur que l'on nous a confié. » Un cliché a fait tilter Philippe Rouillac. Il représente une dame richement habillée. « Les personnes pensent qu'il s'agit de Mme Pasteur. Pour moi, ce serait une princesse, peut-être allemande… » Un seul indice écrit à la plume : « Marie 1894 » enclenchera toute une série de recherches.

Anne-Gaëlle ROUAULT

- (*) Entre 200 et 250 personnes originaires de la Sarthe, de Loir-et-Cher, de l'Indre-et-Loire et du Cher sont passés ce samedi, à l'hôtel des ventes vendômois.
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