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Sous le "sceau du biscuit"

Samedi 12 septembre 2009

Aujourd’hui, le commissaire-priseur Philippe Rouillac raconte l’histoire d’une boîte à biscuits que Jacqueline lui a demandé d’expertiser.

Aujourd’hui, le commissaire-priseur Philippe Rouillac raconte l’histoire d’une boîte à biscuits que Jacqueline lui a demandé d’expertiser.

Plus élégant qu’une boîte en fer-blanc, voici un réceptacle destiné à préserver les biscuits de l’humidité, et surtout à les «habiller ». Le XIXe siècle marque l’âge d’or de la cuisine bourgeoise et, les progrès industriels et techniques aidant, la possibilité de confectionner avec davantage de commodité toutes sortes de mets.

La nouvelle classe dirigeante se sert de la cuisine pour manifester son pouvoir et son rôle dans la direction du pays. On dépense « pour la table ». Le Second Empire a ainsi inventé et produit toutes sortes d’ustensiles de service, de présentation et de conservation. Dont notre seau, qui s’adresse aux biscuits sortis des fourneaux. L’étymologie du mot biscuit nous est donnée par Jean de Joinville (1224-1317), chroniqueur français et conseiller de Saint-Louis, qui parle « de ces petits pains que l’on appelle besquis parce qu’ils sont cuits de deux à quatre fois. » L’industrie déjà, au XIXe, soucieuse de la conservation des aliments, avait enfermé les biscuits « au sec » dans une boîte en fer-blanc, c’est-à-dire en tôle d’acier étamée, dont l’invention est probablement anglaise.

La forme du seau, au couvercle permettant les ouvertures et fermetures répétées, était celle choisie pour commercialiser la confiture de fabrication industrielle, ou le miel. Le seau se caractérise par une anse rabattable dont la fonction est évidemment
de servir au maniement comme au transport. Notre spécimen en est muni, en dessinant courbes et contre-courbes feuillagées. Cependant, cette anse est en régule, c’est-à-dire en alliage de métaux dont la fabrication est économique, mais dont la nature est fragile ! Elle est donc le prétexte à « enrichir » le réceptacle, et non pas à lui permettre d’assurer le transport.
Notre seau est « d’apparat » ; il ne se destine donc pas à être rangé dans un placard, mais bel et bien à trouver sa place dans nos intérieurs pour y contenir biscuits, mais aussi confiseries diverses, et à s’exposer en particulier au salon et produire son petit effet auprès des consommateurs !

Il est largement répandu autour de 1900. Notre exemplaire date plutôt des années 1900-1920. Il est en verre incolore dépoli, cylindrique, peint à la main de couleurs légèrement transparentes de motifs de cerises. La plupart des décors reprennent le répertoire ornemental en vogue au début du siècle : motifs floraux comme les iris, les géraniums, les violettes, le pavot, le muguet ou végétaux qui s’accordent bien avec des formes Louis XV comme les feuilles d’acanthes, ainsi que tous les fruits. Notre seau a de commun avec tous ses frères d’user de la transparence et de jouer avec la lumière.

Les seaux les plus recherchés voient leur verrerie signée Baccarat, Daum, Legras, ou encore Montjoye… Ils sont en cristal taillé ou moulé, en verre multicouches dégagées à l’acide selon le principe des camées, ou présentent de beaux décors émaillés en relief. Et les montures sont parfois argentées ! Mais ces exemplaires de qualité, de la plus grande élégance à l’époque et encore aujourd’hui, sont rares, et donc chers ! La diversité se retrouve donc aussi dans les prix : on trouve des seaux à biscuit à partir de 20 € en brocante et jusqu’à… 300 € en vente aux enchères, en fonction des matériaux qui le composent. Pour notre exemplaire, comptez environ 40 €. A sa gauche, une cuillère à saupoudrer le sucre fin. A droite, une cuillère à servir la glace toutes deux en métal façon étain, toujours du début du XXe siècle, de style Louis XI, estimées à 20 euros.
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