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GOUDJI : UNE OEUVRE POUR BREHAT

Mercredi 23 juillet 2008

Le Télégramme de Brest, Anne Fourmy



Parti des rives de la mer Noire de son enfance, en Géorgie, Goudji, sculpteur orfèvre de renommée internationale jette l’ancre chaque été à Bréhat. Le 15 août, sa première œuvre bretonne sera vendue aux enchères.

Qui aurait pensé que le célèbre orfèvre sculpteur géorgien, né le 6 juillet 1941, à Batoumi, sur le bord de la mer Noire, aurait créé un jour une aiguière, tout spécialement pour l’île de Bréhat ? Goudji Amatchoukeli revoit les images de son enfance géorgienne : « Les bateaux de loisir n’existaient pas. Les navires de marchandises étaient enchaînés, les baignades étaient interdites après le coucher du soleil... ». Personne ne pouvait échapper à cette mer Noire prison. Goudji s’évadait par un travail de fou. Catherine Barsacq, sa femme, alors aux Affaires culturelles de l’ambassade de France à Moscou, se souvient de sa rencontre avec Goudji. « C’est un chef d’orchestre qui m’a présenté Goudji en 1966. Tout le monde me disait : Goudji est merveilleux mais il travaille tout le temps ». Grâce à sa femme, l’orfèvre sculpteur s’échappera. Il n’a pas oublié : « L’administration soviétique me posait problème. J’ai attendu cinq ans pour me rendre en France et me marier, jusqu’à ce que mon beau-père demande au président Pompidou d’intervenir. Le 31 janvier 1974, j’ai débarqué sur le sol français ».

Goudji épouse Bréhat 

En épousant Catherine Barsacq, Goudji a aussi épousé Bréhat. Sa femme, fille d’André Barsacq, metteur en scène d’Anouilh et des plus grands, a fait ses premiers pas au phare du Paon... Lors de son premier été passé à Bréhat, en 1974, « le relief, la couleur du granit, les anciennes maisons, les murs aux pierres sèches... » le surprennent. « Mais j’étais surtout préoccupé de trouver ma place et de gagner ma vie ». Ses préoccupations d’alors l’ont conduit à des commandes de la présidence de la République française, du Vatican, du musée du Louvre, de la cathédrale de Chartres, d’académiciens pour une épée... L’évêque de Lourdes exige la présence des œuvres d’art de Goudji pour la venue du Pape en septembre prochain !

« Une communion dans l’esprit, le goût et l’art » 

A Vendôme, Goudji se lie de sympathie avec le commissaire-priseur, Philippe Rouillac, Briochin d’origine, tombé amoureux de Bréhat au point d’y acheter une maison. « On se connaît depuis 20 ans, Philippe est mon défenseur depuis la première heure, chaque fois que j’ai eu une exposition, il a toujours été là. Entre nous, c’est une communion, dans l’esprit, dans le goût, et dans l’art... ». Aujourd’hui, les amis de 20 ans, délaissant grandes galeries parisiennes et ventes de prestige au château de Cheverny, se retrouvent pour une vente unique à Bréhat. Lors de la kermesse de l’île, organisée le 15 août, sur la place du bourg, une vente aura lieu au profit de l’association cultuelle de Bréhat, présidée par Dominique Guillois. Comme chaque année, à la sortie de la messe, un objet sera vendu. A proximité des stands de vêtements, de crêpes et autres, l’aiguière en argent attendra son heure. Haute de 33 cm, la chapelle Saint-Michel orne son couvercle, chapelle à la toiture de jaspe, aux murs en calcaire dur, au sol en serpentine. A 12 h 30, cette première œuvre de Goudji réalisée pour la Bretagne sera mise en vente aux enchères, pour l’amour de Bréhat et de son patrimoine religieux. Pour l’occasion, M e Rouillac sortira son marteau de commissaire-priseur des grands jours, créé pour lui par Goudji ! Et, pour la première fois, M e Rouillac adjugera une œuvre de Goudji ! Aujourd’hui, Goudji est libre, à Bréhat. Mais son long voyage de rêve n’est pas terminé. Le conduira-t-il un jour, non plus vers les bateaux enchaînés de la mer Noire, mais au bord de la Néva, au musée de l’Hermitage, à Saint-Pétersbourg... 

Pratique  Le 11 août, à 18 h 30, à la salle paroissiale de Bréhat, présentation des œuvres de Goudji par M e Philippe Rouillac.

Anne Fourmy
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