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Assiette cherche...son rébus !

Samedi 06 février 2010

Un lecteur de Blois, Alain Besse, nous envoie la photo d’une assiette en céramique. Il précise dans son mail qu’il s’agit d’un « cul noir présentant un léger fêle, qui a sans doute bien servi, car la couverte est marquée. » Philippe Rouillac, commissaire-priseur, expertise cette assiette et pose à son tour une devinette…C’est un appel à témoin !

Un lecteur de Blois, Alain Besse, nous envoie la photo d’une assiette en céramique. Il précise dans son mail qu’il s’agit d’un « cul noir présentant un léger fêle, qui a sans doute bien servi, car la couverte est marquée. » Philippe Rouillac, commissaire-priseur, expertise cette assiette et pose à son tour une devinette…C’est un appel à témoin !

Bien avant que la vaisselle ne se démocratise et que chacun puisse déjeuner dans des assiettes en porcelaine de Limoges ou de Chine, les tables de la vallée de la Loire étaient dominées par les productions de faïences de la ville de Nevers. Produire de la céramique nécessite trois éléments : de la terre, de l’eau et du bois. La terre mélangée à l’eau est mise en forme puis décorée, et enfin cuite dans un four alimentée par les buches d’arbres des forêts voisines. Les fabriques de faïences de Nevers sont parmi les plus anciennes en France. Elles ont été créées par des artistes italiens au début du 17e siècle. Les meilleurs agents commerciaux de Nevers étaient les bateliers de la Loire.Remontant le fleuve depuis l’estuaire jusqu’en Auvergne, ils prenaient les commandes au fil des étapes et livraient leurs clients sur le chemin du retour,après avoir fait étape à Nevers.

Les assiettes les plus commandées étaient les assiettes patronymiques. Ces assiettes reprenaient le nom du client commanditaire à travers un rébus, la représentation de son Saint patron ou les attributs de sa profession. Notre assiette présente ce type de décor patronymique dans son bassin. Les éléments figurés représentent vraisemblablement un rébus, dans un médaillon circulaire entouré de feuillages fleuris et surmonté d’une corbeille de fruit en guise de couronne.Il s’agit d’une une paire de ciseaux, d’un cadran d’horloge marquant sept heures, des initiales P.D. et d’un oiseau exotique branché. Nous nous sommes penchés sur la signification de ce rébus avec un succès incertain. Aussi j’en appelle à tous les lecteurs, amateurs de rébus, de mots croisés, de mots fléchés et autres jeux de l’esprit qui auraient une idée sur cette devinette à nous la communiquer. Nous publierons la ou les meilleure(s) réponses !

Cette assiette de forme oblongue semble creuse : il s’agirait plutôt d’un plat ou d’une jatte. Elle a des bords contournés typique de la faïence de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle. Son décor de couleurs verte, bleue et jaune est dit de «grand feu », car les oxydes utilisées pour colorer la faïence supportaient une cuisson supérieure à 1000°. Une fine frise alternant feuilles de palmiers et croisillons reprise par un liseré bleu suit l’aile, c’est-à-dire la bordure du plat. Le décor, ou couverte en faïence, semble effectivement fatigué, indiquant que ce plat a servit à de nombreuses reprises. On distingue les marques des coups de couteaux et de fourchettes. Le fêle mentionné par notre lecteur est plus gênant, car une fois fêlée une faïence ne« sonne » plus. Les collectionneurs de faïence ont toujours beaucoup de plaisir à faire reposer une assiette en équilibre sur un doigt et à la faire sonner, en tapant doucement dessus à l’aide d’une pièce métallique. On reconnait ainsi la qualité d’une faïence au son qu’elle produit !

Enfin, les céramiques sont dites « cul noir » car le verso est couleur chocolat, pourpre foncé tirant sur le noir. Le « cul » de la faïence est recouvert d'un émail brun foncé obtenu grâce à l'oxyde de manganèse. Cette oxyde colore la pièce et la solidifie à moindre coût. L’examen photographique de la pâte de ce plat laisse apparaître de nombreuses impuretés. Il est fort probable que cette faïence ne soit pas une production nivernaise, mais plus simplement inspirée de la ville de Nevers, comme les faïenciers d’Orléans surent le faire au XIXe siècle. Compte tenu de sont état (fêle) et des marques sur le décor, ce beau plat patronymique en faïence de Loire est estimée 100 à 150 €, pour une longueur supposée de 20 à 30 cm. La sagacité des lecteurs aidant, nous retrouverons peut-être l’identité ou la profession de son commanditaire… relaçant ainsi l’intérêt pour ce plat. Alors… Tous à vos plumes et à vos claviers, une assiette en faïence cherche son rébus !
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